De son vrai nom René Jacques N’gouo Woungly-Massaga, c’était le commandant Kissamba ou le commandant Gama pendant la lutte armée. Pendant la clandestinité nous l’appelions tendrement « le grand frère ». Avec la disparition physique du commandant Kissamba, l’UPC vient de perdre le dernier de ses leaders historiques.
En réalité Massaga faisait partie de la deuxième génération des dirigeants du parti historique, tout comme Michel Ndoh et Nicanor Njiawe, tous des jeunes cadres issus de l’UNEK (Union Nationale des Étudiants du Kamerun). Ils étaient des membres du Comité Révolutionnaire (CR) crée dans le maquis en 1961 par le président Ernest Ouandié et présidé par lui-même, après l’assassinat à Genève par les services secrets français du président de l’UPC Felix-Roland Moumié.
Panafricaniste convaincu, Woungly-Massaga a participé aux plus grands combats du continent de son époque. Il était aux côtés du président Kwame N’krumah du Ghana en tant que conseiller, ce qui lui a permis d’aider le Mouvement Populaire de Libération de l’Angola (MPLA) par le biais de son représentant à Accra, le docteur Hugo Azancot de Menezes.
Sous sa direction, l’UPC était aux côtés du président Massamba Débat et de son Premier ministre, Pascal Lissouba, qui plus tard était devenu le président du Congo. Cette présence de l’UPC avec Massaga et son représentant Thomas Emock Elang (Antonio Da Costa ) au Congo Brazzaville a largement favorisé l’implantation effective du MPLA et de ses forces militaires. Avec Woungly-Massaga, naissait une complicité politique, diplomatique et militaire avec le MPLA et ses principaux dirigeants, le président du MPLA, Antonio Agostinho Neto, et son principal commandant militaire, Hoji Ya Henda.
Le commandant Kissamba a dirigé le deuxième front de l’ALNK (Armée de Libération Nationale du Kamerun) qui normalement était censé désenclaver le premier front dirigé par le président Ernest Ouandié. De sérieux manquements et erreurs n’ont pas permis la réussite de ce front qui a été dévoilé et a subi un cuisant échec prématuré.
Massaga a participé activement dans la campagne de la défense du président Ernest Ouandié qui était entre les mains de Ahmadou Ahidjo. Après l’odieux assassinat du président Ouandié, avec pour principal objectif la relance de la résistance upéciste, Woungly-Massaga, travailleur infatigable et doué d’une énorme intelligence politique, élaborait en 1974 avec Michel Ndoh et de jeunes cadres upécistes, Paul Moukoko Priso, Hilaire Mindja, Samuel Mack-Kit, Daniel Ngon…le Manifeste National pour l’Instauration de la Démocratie (MANIDEM).
La création du MANIDEM est l’une des réalisations les plus marquantes du commandant Kissamba, puisqu’elle aura permis le recrutement et la formation de jeunes cadres qui aujourd’hui continuent la lutte de l’UPC. Parallèlement avec le MANIDEM, Massaga créait le mouvement panafricaniste, Alliance Révolutionnaire des Peuples Africains ( ARPA), qui avait pour objectif la création de l’Union des Républiques Socialistes d’Afrique, Mouvement qui a formé et encadré de nombreux militants africains de différents pays.
Évoluant en Europe dans des conditions de sécurité de plus en plus difficiles, une solution africaine fut envisagée après la mort à Luanda en 1986 du camarade Thomas Emock Elang, représentant spécial de l’UPC en Afrique Australe. Solution de courte durée à cause de multiples problèmes internes de l’UPC. Face à la croissante grogne des membres de la direction de l’UPC, Woungly-Massaga opta pour la démission de l’UPC en 1989 et le retour au Cameroun.
La calamiteuse sortie de la clandestinité de l’UPC, sa difficile adaptation à la fausse démocratie et au pseudo-multipartisme de l’Etat camerounais et les erreurs de l’UPC n’ont pas permis à ce parti de s’occuper matériellement et financièrement de son leader historique Woungly-Massaga. Ce qui explique en grande partie ses dernières et fréquentes errances politiques.
Avec des hauts et des bas, le commandant Kissamba aura mené le bon combat, celui de la véritable Réunification et de l’Indépendance de notre pays, celui de la conquête de la souveraineté politique et économique du Cameroun et de l’Afrique, celui de la véritable unité politique de notre continent. Commandant Kissamba ! Présent !
Commandant Gama! Présent !
Camarade Woungly-Massaga! Présent !
L’UPC est en lutte! L’UPC vaincra!
Vive l’Union des Populations du Cameroun ! Vive le Cameroun !
Daniel Yagnye TOM
Upéciste
Président de l’Alliance Patriotique.
Le 17 Octobre 2020