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Coco Wax : l’invention d’un mouchoir parfumé africain

“Je vais les foutre en noir” est une formule employée par la célèbre couturière Gabrielle Chanel. Le noir a longtemps fasciné Coco Chanel.

 

Le domaine de la parfumerie n’est pas considéré comme une œuvre de l’esprit. Pourtant, les forêts regorgent d’essences et de nombreux matériaux utiles à la mode durable. Les régimes juridiques offerts par les marques d’une part et les dessins et modèles d’autre part peuvent-ils susciter des innovations telles qu’un mouchoir parfumé ? Quelles opportunités de valorisation peuvent germer via des ateliers de sérigraphie dans les capitales créatives africaines? Après la COP 27, plusieurs chefs d’État africains ainsi que diverses organisations de la société civile, représentants européens, et chefs d’entreprises se sont réunis le 1er et 2 mars dernier, à Libreville, à l’occasion du One Forest Summit, organisé par le Gabon et la France.

Les principaux acteurs en matière de développement et environnement se sont penchés sur le sort des forêts tropicales. Plusieurs thématiques ont été au cœur des débats : biodiversité et santé, chaînes de valeur durables et qui profitent aux populations locales, mécanismes de financement innovants pour rémunérer les pays qui réduisent la déforestation ou reforestent. Plus précisément, l’objectif de ce Sommet était de valoriser le rôle des puits de carbone forestiers face au dérèglement climatique. Le puits forestier africain est un des plus importants au monde avec l’une des principales forêts primaires du monde (3.6 millions de kilomètres carrés). Il se concentre essentiellement dans le bassin du Congo et regroupe six pays. Riche d’une environnement familial dans des concessions forestières à l’est de son pays, Hervé Ngomé est le premier créateur Camerounais à vouloir explorer de nouvelles créations révélées par les niches juridiques offertes de la propriété intellectuelle africaine. Yaoundé, capitale du Cameroun, est le siège de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) qui a célébré son soixantième anniversaire l’année dernière. Le projet européen EUAV Forests a permis une cartographie de produits forestiers non-ligneux éligibles à une démarche d’indication géographique protégée (IGP) à l’image du poivre de Penja et du miel d’Oku.

L’art du parfum en quête de nouvelles audaces créatives avec les forêts Coco Noir a été l’incarnation absolue du noir révélateur de féminité. L’expression contemporaine d’une sensualité magnétique racontée dans un ambré moderne aux notes lumineuses. Une création radicale. En prélude, une envolée fusante et racée portée par la bergamote captait la curiosité. Riche de promesses, un cœur généreux dévoilait peu à peu l’éclatante sensualité de la rose et la note singulière de feuille de géranium rosat. Un sillage magnétique, dessiné par le patchouli et la fève tonka prolongeait l’intrigue

Depuis toujours Chanel a investi le noir d’un rôle essentiel : mettre la femme en lumière. Coco Noir célèbre ce parti pris paradoxal en faisant naître d’un noir profond l’idée d’une féminité éclatante. Inspiration frugale pour cristalliser des dynamiques d’innovation peu coûteuses de la mode durable Le triomphe initial de Chanel fut son utilisation novatrice du jersey, une matière tricotée à la machine fabriquée par la firme Rodier. Pourtant, le jersey était considéré comme trop « ordinaire » pour être utilisé dans la couture, et n’était pas apprécié des créateurs car la structure du tricot le rendait difficile à manipuler par rapport aux tissus tissés. Selon le Metropolitan Museum of Art : « Avec sa situation financière précaire dans les premières années de sa carrière de designer, Chanel achetait le jersey principalement pour son faible coût. Les qualités du tissu garantissaient cependant que la créatrice continuerait à l’utiliser longtemps après que son entreprise soit devenue rentable.  »

Le premier costume de voyage en jersey de laine de Chanel se composait d’une veste cardigan et d’une jupe plissée, associée à un pull à ceinture basse. Cet ensemble, porté avec des chaussures à talons bas, est devenu le look décontracté des vêtements féminins coûteux. L’introduction par Chanel du jersey dans la haute couture a bien fonctionné pour deux raisons : premièrement, la guerre avait provoqué une pénurie de matériaux de couture plus traditionnels, et deuxièmement, les femmes ont commencé à désirer des vêtements plus simples et plus pratiques. Ses costumes et robes en jersey fluide ont été créés avec ces notions à l’esprit et permettaient un mouvement libre et facile. Cela était très apprécié à l’époque car les femmes travaillaient pour l’effort de guerre en tant qu’infirmières, fonctionnaires et dans les usines. Leurs emplois impliquaient une activité physique et ils devaient prendre des trains, des bus et des vélos pour se rendre au travail. Depuis l’époque médiévale, Jersey, où la matière éponyme a été produite pour la première fois, était un important exportateur de produits tricotés. Progressivement, le tissu en laine de Jersey est devenu bien connu.

C’est en 1916, Gabrielle « Coco » Chanel bouleversa l’industrie de la mode en utilisant le jersey à une époque où il était strictement associé aux sous-vêtements. « Cette créatrice a fait du maillot ce qu’il est aujourd’hui – nous espérons qu’elle est satisfaite », a déclaré Vogue en 1999. « Cela fait presque autant partie de nos vies que la serge bleue. » Le mouchoir parfumé peut-il devenir l’emblème de majestueuses forêts transformées ? Des forêts de la technologie future offrant à découvrir comment la nature et la technologie peuvent nous aider à grandir ensemble. Tout comme les arbres d’une forêt deviennent plus forts et vivent plus longtemps lorsqu’ils sont ensemble, nous pouvons également nous assurer un avenir meilleur grâce à la collaboration. Avec la parfumerie et la mode durable, apprenons du monde naturel à travers une expérience en forêt.

Kevin LOGNONÉ

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