Le nouveau secrétaire permanent du Comité des chefs de police d’Afrique centrale (CCPAC) a officiellement pris fonction vendredi dernier au cours d’une cérémonie sobre, mais empreinte de solennité. Pendant cinq ans, il lui incombe de veiller à la sécurité des personnes et des bien dans le cadre la libre circulation dans la sous – région. Dans son viseur : le terrorisme et les crimes transnationaux.
Ecce Homo, voici l’homme… patron du CCPAC!
Il s’appelle Michel Koua. Il est Colonel de police de nationalité congolaise. Il est désormais Secrétaire Permanent du Comité des chefs de police d’Afrique centrale(CCPAC), institution spécialisée de la Cemac. Une responsabilité qui lui échoit depuis le 19 février 2018, date de sa nomination par le président en exercice de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac), Idriss Deby Itno. Le Colonel Michel Koua a solennellement été installé le 20 avril 2018 à Yaoundé par le commissaire de la Cemac en charge des Infrastructures et du Développement durable, Shey Jones Yembe.
Un seul discours a ponctué cette cérémonie d’installation. Shey Jones Yembe, agissant en lieu et place du président de la Commission de la Cemac empêché, recommande au nouveau secrétaire permanent, au titre des chantiers prioritaires à mettre en action, d’intensifier la coopération avec l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol), dont le système de communication est l’outil indispensable pour la sécurisation des frontières au regard de la libre circulation des personnes et des biens devenue effective au sein de la Cemac.
Pendant son mandat de cinq ans, le nouveau secrétaire permanent du CCPAC devra définir une stratégie régionale de lutte contre la criminalité ; identifier l’émergence de nouvelles formes de criminalité en Afrique centrale; coordonner les activités de coopération en matière de lutte contre la criminalité à l’échelle de la sous-région; informer périodiquement les autorités nationales et régionales en charge des questions de sécurité, sur l’état de la criminalité en Afrique centrale et des programmes d’actions envisagées.
Objectif: préserver l’Afrique centrale contre les crimes transnationaux organisés, notamment le blanchiment d’argent, le passage de clandestins, la cybercriminalité, la traite des êtres humains, le trafic de drogue, des armes, des espèces menacées ou des organes humains.
Menaces sur le développement
Shey Jones Yembe souligné l’enjeu de la question sécuritaire en Afrique centrale: «les crimes transnationaux peuvent saper la démocratie, perturber les marchés libres, drainer les actifs nationaux et empêcher le développement de sociétés stables». Surtout que la sous-région traverse une situation très délicate marquée par une récession économique et financière qui a poussé les chefs d’Etat à adopter un Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac) le 23 décembre 2016 à Yaoundé.
Pour le commissaire de la Cemac, les actions du secrétaire permanent doivent apporter des éléments d’accompagnement -par la sécurité- à la mise en œuvre du Pref-Cemac. Selon Shey Jones Yembe, «le CCPAC est un puissant outil au service du développement et de la transformation structurelle des économies d’Afrique centrale». Ce d’autant plus que «le Programme économique régional (PER) de la Cemac, à travers son plan opérationnel 2017-2021, accorde à la sécurité dans l’espace Cemac une place de choix», a-t-il insisté.
La nomination d’un secrétaire permanent au CCPAC, 21 ans après sa création le 10 avril 1997 à Brazzaville au Congo, participe par conséquent de la volonté des chefs d’Etat de la Cemac de dynamiser les activités d’une institution communautaire indispensable à l’accompagnement de la communauté par la sécurité. Piraterie maritime, terrorisme d’Etat, criminalité transfrontalière… Aujourd’hui plus que jamais, la communauté internationale est confrontée à de graves problèmes de terrorisme et de criminalité transnationale.
L’Afrique centrale n’en est pas épargnée et a pris ses dispositions. Ainsi, le CCPAC a pour missions d’améliorer la coopération entre les services de police des Etats de l’Afrique centrale et renforcer leur efficacité dans le domaine de la prévention et de la lutte contre la criminalité.
Rémy Biniou
Ils ont dit
Shey Jones Yembe, commissaire de la Cemac en charge des Infrastructures et du Développement durable
«Le Colonel Michel Koua est tout à fait l’homme de la situation»
C’est une mission très importante par rapport à son impact sur le processus de développement dans la sous-région. Vous savez qu’aucun développement durable n’est envisageable si la sécurité des personnes et des biens n’est pas assurée. Le CCPAC est appelé à jouer les premiers rôles dans la lutte contre la criminalité transfrontalière, le terrorisme et même la criminalité économique et financière. Et le Colonel. Michel Koua est tout à fait l’homme de la situation.
Il lui incombe de tirer parti des forces et des aspirations des organisations policières de la sous-région de l’Afrique centrale et cristalliser leur énergie et leurs ambitions pour une vision et un avenir qui permettent la libre circulation des personnes et des biens tout en assurant la sécurité contre le terrorisme et les crimes transnationaux.»
Colonel Michel Koua, secrétaire permanent du Comité des chefs de police d’Afrique centrale (CCPAC)
«Ma mission sera de faire du CCPAC une institution communautaire à part entière»
Comité des chefs de police de l’Afrique centrale
Un instrument au service de la sécurité communautaire
Créée en 1997, cette institution spécialisée de la Cemac fait figure d’instance de planification et de mise en œuvre de la coopération policière entre huit Etats de la sous-région.
Après un peu plus de vingt ans d’actions, d’initiatives et de réussites dispersées en matière de sécurité, la sous-région a pris un nouveau virage avec la création, le 10 avril 1997 à Brazzaville (Congo) d’un véritable outil commun de coopération ploicière: le Comité des chefs de police d’Afrique centrale (CCPAC). Matérialisée par l’une des dispositions de l’acte additionnel N° 08/ Cemac/CCE-2 du 14 juin 2000 (adopté à Ndjamena au cours d’une Conférence des chefs d’Etats), la posture officielle des États est des plus en plus précise et parfois offensive en matière de sécurité.
En tant qu’organisation sous-régionale fondée sur des valeurs (au sens de la Charte des Nations unies, de la Charte de l’Union africaine (UA) et du statut de l’OIPC- Interpol), le CCPAC joue un rôle de chef de file dans la promotion de la sécurité au sein de l’espace de la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale (Cemac), avec une extension des compétences vers la République Démocratique du Congo (RDC) et Sao Tomé et Principe.
Plus particulièrement, elle a une fonction d’alerte précoce et d’investigations criminelles. Elle s’acquitte de ce mandat sécuritaire d’une manière coopérative et globale. D’une part en améliorant la coopération entre les services de police des Etats et, en renforçant leur efficacité dans le domaine de la prévention et de la lutte contre la criminalité transfrontalière dans la sous-région d’autre part. Par rapport aux missions du CCPAC, coopérer n’est pas considéré comme un must, mais comme une évidence.
L’institutionnalisation de la coopération comme mode d’action en soi est devenue un devoir et non plus une opportunité. Eu égard aux évolutions et à la multiplicité des entraves à la sécurité (insécurité liée à la situation en Centrafrique et aux exactions de la secte Boko Haram au Cameroun et Nigéria, trafic des stupéfiants, des organes humains, des armes légères et des véhicules, prises d’otage, cybercriminalité, enlèvements de personnes et de la pédophilie), cette institution spécialisée de la Cemac est surtout chargée de prendre des mesures techniques, conjointement ou du moins en bonne entente, en matière de coordination policière aux niveaux stratégique, opérationnel et tactique.
Distinguo
Pour cela, son action repose sur une approche dite globale de la sécurité, les mesures qu’elle adopte étant organisées en trois «paniers» coordonnés: la dimension politico-militaire (activité de police, contrôle des armements, prévention des conflits, gestion des frontières, etc.); la dimension économique et environnementale (lutte contre le blanchiment des capitaux) ; la dimension humaine (droits de l’homme, droits des minorités, égalité des sexes, liberté des médias). À l’instar de son réseau diplomatique, la coopération policière menée par le CCPAC est parmi les plus actives d’Afrique.
Le CCPAC est à distinguer clairement des coopérations opérationnelles de type patrouille mixte et ou équipes communes d’enquête amenées à opérer le long de la frontières entre pays de la sous-région. Cette structure est un auxiliaire du contrôle direct disposant de moyens pour vérifier quasi instantanément les fichiers nationaux et répondre aux demandes de renseignement. Elle permet donc l’augmentation de la «productivité» des services sur le terrain. Son objectif général est de faciliter les échanges d’informations et la recherche d’interlocuteurs.
Bio Express
Michel Koua: le profil de l’emploi
Etat civil Le colonel de police Michel KOUA est né le 28 octobre 1958 à Djambala, département des plateaux en République du Congo-Brazzaville, Il est marié et père de quatre (04) enfants, fils de LISSISSON et de YALEBI. Etudes et formations Après l’obtention de son BAC, le jeune étudiant Michel KOUA est orienté en première année de sciences économiques à l’Université Marien NGOUABI.
Après une année d’études, il est appelé au service national obligatoire. Après deux ans de formations militaires et d’instruction civique, il est retenu dans les rangs de la Force Publique du Congo. Il bénéficie d’une bourse d’études en République Démocratique d’Allemagne pour le Compte de la police nationale, en septembre 1987. Où il fréquente l’Ecole Supérieure des officiers de police judiciaire «WILHEME PIECK» à Achersleben. Ensuite, il est admis à poursuivre sa formation à l’Institut criminalistique de Berlin. Michel Koua en sort nanti du diplôme d’Expert criminalistique pour les enquêtes sur les documents.
Diplômes obtenus Dans son parcours scolaire, universitaire et professionnel, il a obtenu les diplômes ci- après: le Certificat d’Etudes Primaires et Elémentaires (CEPE), le Brevet d’Etudes Moyennes Générales (BEMG), le Baccalauréat série D, le diplôme d’Expert criminaliste pour les enquêtes sur les documents, le diplôme de formateur à l’Ecole Nationale Supérieure de police du Congo, le diplôme dans le domaine de la coopération policière internationale, certifié d’INTERPOL et détenteur de la Licence professionnelle option GRH, obtenu à l’Institut Supérieur MATAMFEN de Yaoundé.
Avancement aux grades
• Août 1984 : Appel sous le drapeau dans le cadre du Service national obligatoire ;
• 1er octobre 1987 : Combattant de 2ème classe ;
• 1er octobre 1988 : Sergent (avancement école) ;
• 1er janvier 1990 : Aspirant ;
• 1er janvier 1992 : Sous-lieutenant ;
• 1er janvier 1994 : Lieutenant ;
• 1er janvier 1997 : Capitaine ;
• 1er avril 2001 : Commandant ;
• 1er octobre 2004 : Lieutenant-colonel ;
• 1er janvier 2008 : Colonel de police. Distinctions honorifiques
• Certificat de bonne conduite décerné au service national obligatoire en 1986 ;
• Distinction d’Officier idéal du stage de formation sur les drogues au Caire en Egypte en 2009 ;
• Témoignage de satisfaction en qualité de formateur à l’ENSP du Congo en 2009.
Rémy Biniou
Le CCPAC en raccourci
1-Organisation :
Le CCPAC se compose de:
• Un Président en exercice, un vice-président et un rapporteur ;
• Un Secrétariat permanent: organe d’exécution de l’institution, dirigé par le Secrétaire permanent qui est à la fois Chef du Bureau Régional Interpol pour l’Afrique centrale.
Le siège du Bureau Régional Iinterpol est basé à Yaoundé.
• Deux Sous-comités techniques à savoir : le Sous-comité Formation et Opération de police, et Sous-comité législation et suivi.
Le Président en exercice du CCPAC est, pendant la durée de son mandat, responsable, devant le Forum des ministres en charge des questions de sécurité en Afrique centrale, de l’exécution des directives régionales en matière de lutte contre la criminalité.
Le Sous-comité Législation et Suivi est chargé, entre autres, des questions relatives à la mise en œuvre de l’Accord de coopération en matière de police criminelle symbolisant la remise de police à police des délinquants et des objets saisis. Cet Accord a été signé par les huit (08) pays membres du CCPAC. Il est en cours d’être élargi aux pays de l’Afrique de l’Ouest.
Le Sous – Comité Formation et opération de police est chargé, entre autres, des questions de formation et d’harmonisation des programmes d’enseignement des différentes écoles de la police de la région, de la promotion de la coopération policière régionale au niveau des écoles nationales de police et éventuellement de gendarmerie des pays de l’Afrique centrale, de la documentation, de l’organisation, de la planification et de la supervision des opérations conjointes ou simultanées de police, contre les formes de criminalité identifiées. Chaque année, le CCPAC organise une session annuelle composée de sept (07) réunions statutaires à savoir :
1. La réunion des Directeurs de police judiciaire ;
2. La réunion des Directeurs de la police de l’air et des frontières ;
3. La réunion des Directeurs en charge des drogues ;
4. La réunion des Chefs des bureaux centraux national Interpol ;
5. La réunion des Sous-comités techniques et opérations de police ;
6. La Session du Comité des chefs de police de l’Afrique centrale ;
7. Le Forum des ministres en charge des questions de sécurité en Afrique centrale. Toutes ces réunions sont préparées sous la coordination du Secrétaire permanent du CCPAC. Source : CCPAC 2- Les ressources humaines : Les ressources humaines du Secrétariat Permanent du CCPAC sont de deux natures : les fonctionnaires mis à disposition par les pays membres. Il s’agit des officiers supérieurs/Commissaires de police, et des personnels sous contrat qui sont des civils. Ils sont au nombre de deux (02).
1. Les activités programmées en 2018 :
Le programme des activités du CCPAC résulte de l’analyse des principaux défis sécuritaires auxquels notre région fait face. Il est programmé au cours de l’année 2018 :
– Neuf (09) sessions de formation portant sur les formes de criminalité en émergence dans la région, notamment : le terrorisme, la cybercriminalité, la traite des personnes, le trafic des drogues, la criminalité économique et financière, le trafic des armes légères et de petit calibre, la fraude documentaire, les crimes contre les enfants et la formation des formateurs sur la coopération policière internationale.
Toutes ces formations ont pour but le renforcement des capacités opérationnelles des cadres et agents des services chargés de l’application de la loi des différents pays membres du CCPAC.
– Trois (03) opérations de police dans les domaines de la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre baptisée opération AKAMA NNAM, la criminalité pharmaceutique (Faux médicaments), baptisée opération Mpili et le trafic des véhicules dont le nom n’est pas encore connu.
– Quatre (04) réunions spécialisées dont une sur la criminalité maritime, une sur les malfaiteurs en fuite et une autre sur les médicaments contrefaits. – Sans oublier les sept (07) réunions statutaires citées supra.
Source : CCPAC