Après avoir été sommées de quitter le sol nigérien où elles menaient des opérations, une partie des troupes de l’armée française se retrouve à définir et à mettre en œuvre les modalités du retour vers la France via Douala.
Troupes et matériels français à Ndjamena le 19 octobre dernier
En ces circonstances où la vitesse, l’initiative et le mouvement sont déterminants, Paris a mis sur pied un plan de rapatriement «par avion, par la route», selon l’ambassadeur de France au Cameroun. Interrogé à ce sujet par nos confrères de la CRTV-Radio le 19 octobre dernier Yaoundé, Thierry Marchand a indiqué qu’ «y aura certainement un moment où il faudra voir dans quelle mesure ces forces pourront transiter par le Cameroun pour rejoindre Douala, qui est le port naturel de toute la région».
Choix
A en croire France 24, l’armée française envisage de faire passer ses conteneurs de matériels militaires via le port autonome de Douala. Là, précise le média français, lesdits matériels embarqueront à bord de bateaux, en direction de la France. Et selon la presse tchadienne, il s’agit d’un choix à la fois stratégique et organisationnel. Ainsi, apprend-on, des hommes et des matériels de guerre français sont arrivés à Ndjamena le 19 octobre dernier. Citant le chef d’état-major général de l’armée tchadienne, le général Abakar Abdelkerim Daoud, la presse locale évoque deux raisons. «Celles qui paraissent avoir joué un rôle décisif: d’une part, il s’agit d’une opération complexe compte tenu de la menace djihadiste au Sahel, et d’autre part, l’armée tchadienne a accepté d’offrir un corridor».
Exploitant d’autres détails fournis par le général Abakar Abdelkerim Daoud, Télé Tchad s’attarde sur deux principales étapes. Le premier: «les forces tchadiennes ont assuré l’escorte de ces convois depuis la frontière nigérienne jusqu’à Ndjamena». Le second: «Les soldats tchadiens veilleront également sur leurs homologues français jusqu’à la frontière camerounaise, pour le port de Douala».
Analyse
En clair, le Cameroun va servir de couloir de passage à une partie des troupes et matériels de guerre français qui étaient jusque-là engagés au Niger. «Pour parvenir à une meilleure compréhension de cette option consistant à faire transiter une partie de son dispositif par le port autonome de Douala, il faudrait sans doute étudier très précisément l’arrivée de Thierry Marchand au palais de l’Unité le 19 octobre dernier», suggère Dr Françoise Mouyenga. Pour la géostratège camerounaise, «l’ambassadeur de France est allé à la rencontre du président camerounais dans le but de plaider, au plus haut-niveau, la facilitation du transit». «Et ce pour une raison simple: les accords signés respectivement en novembre 1960, février 1974 et mai 2009 entre le Cameroun et la France sont devenus obsolètes. Or, ceux signés en août 2021 ne prévoient que la formation des officiers inscrits au sein de l’Ecole supérieure internationale de guerre (ESIG) de Yaoundé, en matière de planification interarmées et d’initiation à l’environnement politique et sécuritaire régional», poursuit Dr Françoise Mouyenga.
Jean-René Meva’a Amougou