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Certitudes et incertitudes

Au Cameroun, 2023 devrait s’ouvrir brusquement dans la hausse. Dès le 1er janvier prochain, le timbre fiscal va passer de 1 000 à 1 500 FCFA; le droit de mutation sur les titres fonciers en cas de vente grimpe à 4% et la taxe à l’import sur le riz doublera, passant de 5% à 10%.

 

En quelques jours, le signal d’alarme a été tiré par tout ce que la place compte d’experts. Car, voilà qui intervient au moment où, depuis longtemps, partout dans le pays, vie et survie se livrent un duel épique. À quelques jours de 2023, la certitude la plus fondamentale est que ce duel devra persister voire empirer, avec des consommateurs qui auront bien du mal à se barricader, des chefs d’entreprise qui seront confrontés à un niveau d’incertitude plus important que ce qu’ils avaient jamais connu, du moins pour la plupart d’entre eux. Et il y a aussi tout ce que nous ne savons pas, et ne saurons pas dans l’immédiat. En tout cas, rien ne détermine si les citoyens vont simplement traverser quelques trimestres difficiles, une crise économique de grande ampleur, ou quelque chose entre les deux, tant diverses variables traduisent des incertitudes sous-jacentes non observables, selon quelques économistes. Ces derniers, en envisageant l’enclenchement d’une spirale récessive, surfent sur la certitude d’une inversion de la dynamique de l’investissement et des flux commerciaux à l’échelle nationale.

On peut contester cette manière de voir en insistant sur le comportement stratège du gouvernement. La tentative de pédagogie sur cet aspect repose sur le fait que l’État combine une vision économique et une aspiration plus générale à de meilleures conditions de vie. Toutefois, l’on peut remarquer que, en 1999, la taxe sur le chiffre d’affaires avait été remplacée par la taxe sur la valeur ajoutée avec un taux de 18,7%. En 2005, il y a eu une évolution du taux, de 18,7% à 19,25%. Et jusqu’à ce jour, les profils d’évolution du bien-être de l’économie n’ont rien d’évident. À l’examen, ces profils sont approximativement compatibles avec les opinions courantes. Depuis au moins 20 ans, les effets du resserrement de l’échelle de revenus des citoyens ont été démultipliés par aggravation de la crise économique.

Dans un tel contexte il sera difficile de maintenir la cohésion de la société. Il sera difficile de limiter le plus possible les dérives inégalitaires qui creusent les écarts entre les citoyens sans espoir de correction. Nos dirigeants ne sont pas sourds et ne font pas semblant de l’être: ils ne disent pas la vérité et la cacheront autant qu’ils le pourront. Ils savent pertinemment que la situation n’est pas tenable Et voilà le gouvernement sommé de répondre par avance à tous les cas de figure et l’État d’envoyer un message lisible à la population sur l’opportunité de l’augmentation de la charge fiscale. Il ne sert à rien de spéculer sur de massifs plans d’infrastructures à l’horizon 2035 ou d’aligner les déclarations vertueuses sur le courage des populations. En 2023, les Camerounais attendent une situation économique assainie, avec moins d’inflation, et certainement pas de nouveaux engagements grandiloquents de dépenses publiques, qui seraient peu crédibles dans le contexte actuel. Car, aujourd’hui le plus grand mal pour les ménages, ce n’est pas le chômage ou la croissance molle, mais bien l’inflation et la crise du pouvoir d’achat.

Jean-René Meva’a Amougou

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