Selon des experts, les ressorts de l’aboutissement du projet sont à rechercher dans la détermination des acteurs directs ou indirects.
La rationalité technique dont est empreint le projet CAB se complète souvent d’une connotation positive ; dès lors qu’on évoque les bénéfices de l’interconnexion entre les pays d’Afrique centrale. À côté, il faut également intégrer le fait qu’un projet d’une telle envergure suppose une négociation en continu et une articulation des logiques de compromis, de conflit et de tension.
À ce jour, il y a lieu de se féliciter du choix de la méthode d’animation et de coordination de la Commission de la Cemac. Le nombre et le profil d’acteurs, les lieux mobilisés et les modalités de recherche de financement présentent ici un intérêt certain. En effet, à la mi-novembre 2020 à Paris, la Commission de la Cemac annonçait avoir levé 3,8 milliards d’euros de fonds pour financer onze projets d’intégration régionale, à mettre en œuvre entre 2021 et 2025 dans les six pays de la Cemac. «Cela démontre que les postulats sur lesquels repose un projet tel que CAB sont impactés par un sentiment positif ou un a priori à maxima favorable», analyse Bertin Owoundi ; Pour ce spécialiste des questions d’intégration sous régionale, «si CAB est devenu suffisamment visible dans l’espace public communautaire, c’est qu’il repose sur une ligne stratégique claire, capable de répondre aux enjeux du moment».
«De façon globale, il est permis d’avancer que plusieurs acteurs du projet CAB ont bien fait d’enrôler la population en institutionnalisant son rôle de peuple-acteur contributif net au projet», souligne Nelly Mbassa à Mepoui, autre spécialiste des questions d’intégration sous-régionale. Et dès lors, l’on comprend pourquoi, en vue de régler tous les différends qui surgissaient déjà entre le maître d’ouvrage et les populations riveraines, un Plan de gestion environnementale et sociale (PGES) a été élaboré par la BAD. Ce plan consiste à indemniser les populations riveraines en cas de dommage causé par l’emprise de la route pendant la construction du réseau. C’est dans cette optique que chaque Coordonnateur national du projet CAB avait procédé à la mise en place d’un comité de gestion des plaintes des ouvriers et des populations riveraines.
Tout compte fait, en plus du contexte particulier marqué par la pandémie à coronavirus, l’année 2020 a été tant bien que mal dominée par des fluctuations au sein du projet CAB. Les travaux de construction du réseau Congo-RCA ainsi que la construction du data center courant 2020 seraient peut- être très avancés, mais hélas, tel n’a pas été le cas. Malgré ces flottements, l’an 2021 sera marqué par le lancement des travaux de ces ouvrages. Par ailleurs, la BAD a bien évalué et rallongé le projet CAB, dont les activités devraient s’arrêter normalement en juin 2020 ; preuve suffisante que le ministère en charge des télécommunications via le projet CAB a été un bon élève de 2017 à 2020 !
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