Cemac : Relance sous fond d’ajustement structurel

Les principales mesures entérinées par les ministres de la Cemac font la part belle à la stabilité macroéconomique via des réformes budgétaires et la préservation de la stabilité monétaire. Aucune priorisation assumée sur la diversification économique, l’industrialisation et donc la transformation structurelle.

 

Les premiers indices de la stratégie de relance postCovid-19 de la Cemac ont été dévoilés à la faveur du Conseil des ministres de l’UEAC, réuni en session extraordinaire à Douala ce 10 août 2021. Le moins que l’on puisse dire c’est que la Cemac prend prioritairement fait et cause pour l’ajustement budgétaire.

En effet, dans son allocution liminaire, Daniel Ona Ondo, président de la Commission de la Cemac a dévoilé les recommandations du rapport d’évaluation de la situation macroéconomique dans la Cemac en contexte de pandémie de la Covid-19 et des mesures de redressement. Ledit rapport, soumis à l’examen des ministres de l’Économie, des Finances et de l’Intégration, précise les actions devant porter la réponse communautaire à la crise.

Ajustement

Le président de la Commission a fait l’économie des priorités. Toutes vont dans le sens des priorités traditionnelles du Fonds Monétaire International (FMI). En premier lieu, la consolidation budgétaire. Les États de la Cemac devront améliorer la mobilisation des recettes internes et poursuivre la bonne gestion des finances publiques. Il s’agira ainsi d’une part de «l’élargissement de l’assiette fiscale, l’harmonisation des pratiques fiscales et la modernisation des administrations fiscales et douanières avec un accent particulier sur la modernisation du système d’imposition et de paiement des impôts et taxes», et d’autre part, «la modernisation des méthodes, procédures et instruments de gestion des finances publiques conforme aux normes édictées par la communauté», a indiqué Daniel Ona Ondo.

En second lieu, la stabilité extérieure de la monnaie. Les États de la Cemac devront annuler les avoirs monétaires détenus à l’extérieur par les entités publiques en «rapatriant l’intégralité des dépôts de l’administration centrale et des organismes et entreprises publics détenus à l’étranger et, de manière générale, préserver dans l’application efficace de la nouvelle réglementation des changes aux secteurs pétrolier et minier», soulignait Daniel Ona Ondo.

Et enfin, il faudra de la discipline financière liée aux critères de convergence. Ce qui implique de «finaliser dans les plus brefs délais la mise en place des stratégies d’apurement des arriérés de paiement, crédible et exhaustive tenant compte des impacts de la crise sanitaire, et s’assurer du respect des échéanciers convenus», a décliné le président de la Commission de la Cemac. En d’autres termes, le désendettement des États devra être engagé prioritairement par le paiement de la dette interne.

Croissance ?

La relance postCovid-19 sera prioritairement une épreuve de rigueur économique. Alors, qu’on s’attendait à ce que la résilience des économies portée par les impératifs de transformation structurelle adossée sur une industrialisation tirée par la diversification économique constitue le moteur de la relance communautaire, on en revient à une primauté de l’ajustement budgétaire.

On peut le comprendre, la session extraordinaire du Conseil des ministres de l’UEAC était précédée en début d’après-midi par une réunion tripartite réunissant les États de la Cemac, les institutions communautaires (Commission, Beac, BDEAC) et les partenaires techniques et financiers (Fmi, Banque mondiale). Sans doute, les conditions de Bretton Woods ont été rappelées avec emphase aux autorités sous-régionales. L’assiduité des États de la Cemac sera occultée au moment de requérir des fonds pour financer la relance. Le plan de relance communautaire de la Cemac est chiffré à 9048,5 milliards Francs CFA. Les programmes économiques de seconde génération avec le FMI constituant des rampes de lancement.

Alamine Ousmane Mey, ministre de l’Économie du Cameroun, président du Conseil des ministres, lui, n’a pas démordu. Dans son propos, il indique clairement que «les objectifs de transformation structurelle de nos économies doivent être au cœur de nos préoccupations. D’abord, assurer une riposte adéquate à la pandémie de la Covid-19 et ensuite reconstituer nos économies sur les modèles appropriés, résilients, porteurs de croissance et d’emplois».

Le 22 novembre 2019 à Yaoundé, les chefs d’État de la Cemac réunis en Sommet extraordinaire, ont fait du développement et de la croissance le moteur des accords économiques entre la sous-région et ses partenaires.  La Cemac est-elle condamnée à répéter l’Histoire? Réponse à Yaoundé le 18 août 2021!

Remy Biniou

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