Malgré l’avantage singulier que représente le mobile money pour l’inclusion financière, cet outil de paiement reste très embastillé par une règlementation rigide et ultra restrictive.
Le développement de la monnaie électronique en général et du mobile money en particulier, est pourtant le fruit d’une double expression. A savoir: le besoin de décloisonnement (désintermédiation) né du libéralisme économique mais aussi la volonté d’auto-supervision bancaire. Cela traduit aussi quelque part, un besoin d’intensification des échanges. Or, le mécanisme reste au contraire cloisonné.
Au nombre des nœuds, on peut évoquer la cherté des transactions, le coût élevé des opérations inter-opérateurs, l’inopérabilité sous régionale, régionale et continentale. Et pourtant le portefeuille d’acteurs (clients, opérateurs mobiles, opérateurs numériques, banques émettrices) s’étend un peu plus chaque jour. Failles La situation s’explique par un certain déficit dans le contrôle de la licéité des fonds échangés. C’est dans ce sillage que des plafonds ont été imposés aux usagers du mobile money.
`Dans son dernier rapport d’août 2017 sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, le Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique Centrale (Gabac) dévoile comment les nouveaux moyens de paiement (mobile money, carte prépayée, paiement en ligne) peuvent favoriser la criminalité financière. Intitulé «Les nouveaux moyens de paiement face au défi de la lutte anti blanchiment et contre le financement du terrorisme dans la zone Cemac», le document détaille les failles de sécurité que peuvent présenter les nouveaux moyens de paiement (NMP).
On retient donc la faiblesse de l’encadrement juridique des NMP (flou juridique dans les rapports entre établissements de crédit et leurs partenaires, le caractère limité de l’obligation de traçabilité et une certaine vacuité sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme), la défaillance de la technologie pour le contrôle, l’inexistence d’une plateforme unique des banques émettrices et la multiplicité des intermédiaires dans la chaîne de fonctionnement.
Pour tenter de répondre à ce problème, la Beac peaufine actuellement un nouveau cadre juridique de supervision de cette activité en expansion soutenue. La Cemac compte 13 banques émettrices de mobile money et 11 opérateurs de téléphonie mobile. On pourrait conclure que le mobile money en Afrique centrale se porte bien s’il charrie autant de convoitises.
Zacharie Roger Mbarga