Cemac :Du chœur à l’ouvrage

Yaoundé, capitale de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) ce 22 novembre 2019. Les dirigeants des six pays de la sous-région y sont pour prendre part au sommet extraordinaire initié par Paul Biya, président en exercice de cette institution.

 

Contexte et chocs exogènes
Pour les analystes, cette session de la Conférence des présidents des pays de la CEMAC intervient à un moment où la sous-région se retrouve prise entre plusieurs feux. Notamment tensions sécuritaires dans le bassin du lac Tchad et autres conflits qui occasionnent d’importantes dépenses financières. Il y a également la conjoncture économique qui continue de sévir, dans la sous-région, du fait de la chute des cours des matières premières. C’est le cas du pétrole, principale source de revenue de la majorité desdits pays de la sous-région. À cela, s’ajoutent les changements climatiques, entre autres.

Enjeux et défis
En vue de pallier ces problèmes, les présidents des pays de la sous-région ont entrepris un certain nombre d’actions, avec l’appui de leurs partenaires techniques et financiers internationaux, dont le Fonds monétaire international (FMI). Et les fruits ont l’air d’avoir tenu la promesse des fleurs. À ce sujet, nous apprend le dossier de presse soumis à notre étude, le taux de croissance dans la sous-région devrait s’établir autour de 3,2 % en 2019 et 3,5 % en 2020 et 2021, contre 1,5 % en 2018, – 0,2% en 2017 et – 0,1% en 2016.Mais le plus gros challenge demeure.

Préserver les acquis
Au cours de leurs débats, les présidents desdits pays vont tabler sur les moyens de garder le cap. «Il s’agit à présent de préserver ces acquis, pérenniser et booster cette performance de manière à faire oublier au plus vite les deux années successives de récession. Consolider la croissance enregistrée depuis 2018 dans la sous-région est un défi parmi tant d’autres que devra relever les État membres de le Cemac. Ces derniers doivent renforcer la dynamique des réformes pour relancer fortement la croissance et offrir de bien meilleures perspectives à leurs populations notamment les jeunes et les femmes», lit-on dans le document.

Trouver des financements
Dans la panoplie de dossiers à retrouver sur la table des chefs d’État, il y a celui du financement de la Communauté. En effet, indique notre source, les performances attendues des institutions communautaires dans leurs missions régaliennes sont hypothéquées par le faible recouvrement des ressources de la Communauté à travers le mécanisme de la Taxe Communautaire d’Intégration (TCI).Aussi, Paul Biya et ses pairs devront trouver des moyens d’obtenir des ressources conséquentes, à même d’accompagner les États dans la mise en place des projets de développement.

Impératifs sécuritaires
Autre défi, le maintien de la paix. Parce que la sécurité constitue un enjeu majeur dans la sous-région, les assises de Yaoundé constituent une opportunité pour les chefs d’État de panser les impératifs sécuritaires dont souffrent les États membres de la Cemac. Il sera donc question de réfléchir sur les moyens de vaincre définitivement la secte Boko Haram qui sévit dans le bassin du Lac Tchad. Sans oublier que d’importants foyers de tensions sommeillent encore au cœur de la Centrafrique, en marge des Accords de Paix de Khartoum entre le Gouvernement Centrafricain et 14 groupes armés centrafricains.
La question de la libre circulation n’est pas en reste. Parce que la libre circulation matérialise d’avantage l’intégration sous régionale, les dirigeants des pays de la Cemac devront mener des réflexions sur des moyens d’améliorer la circulation des personnes et des biens au sein de la communauté.

Dans leurs débats, les chefs d’États comptent également éplucher la question brûlante de la monnaie coloniale à laquelle sont assujettis lesdits pays depuis les «indépendances». «La question de l’avenir du Franc CFA pourrait éventuellement également être abordée lors du Sommet Extraordinaire de Yaoundé. La monnaie héritée de la colonisation divise les économistes et les Chefs d’État de la zone Franc. Elle est présentée par de nombreux experts en finances comme un frein au développement. Ceux qui sont pour le maintien du Franc CFA, avancent l’argument de la stabilité qu’offre cette monnaie face aux spéculations», indique le document d’une vingtaine de pages.

Joseph Julien Ondoua Owona

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