Carburant en zone Cemac : Envolée des prix et perspectives de hausse

La Centrafrique augmente les prix de carburant et ouvre ainsi le bal dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) en 2023. Le prix du litre de Super y passe à 1300 FCFA. Celui du pétrole à 1150 FCFA et le prix du litre de gasoil grimpe à 1450 FCFA. Les mêmes produits coûtaient respectivement 865 FCFA, 645 FCFA et 855 FCFA le litre avant l’arrêté des ministres des Finances, de l’Énergie et du Commerce le 3 janvier 2023.

Les prix du carburateur à la pompe

La République du Congo s’inscrit dans la même source. Et même si ses nouveaux tarifs restent modiques, le prix du litre d’essence à la pompe va passer de 595 FCFA à 625 FCFA et celui du gasoil de 475 FCFA à 500 FCFA à compter du 31 janvier 2023.

Un mécanisme d’ajustement des prix du carburant se met aussi en place au Cameroun. La tendance en a été dessinée le 31 décembre 2022 par le président Paul Biya. «Il est de plus en plus évident que notre pays, comme bien d’autres en Afrique et ailleurs, ne pourra pas indéfiniment échapper à un réajustement des prix des produits pétroliers, si nous voulons préserver nos équilibres budgétaires et poursuivre sereinement la mise en œuvre de notre politique de développement», indique-t-il.

Augmentation sous fonds de raréfaction
La pénurie de carburant dictée par la loi dans la zone Cemac. Tchad, Cameroun, Congo, en ont connu les affaires tout au long de l’année 2022. En cause, le conflit armé russo-ukrainien qui oblige les États à se ravitailler sur d’autres marchés, à des conditions des plus décrites. La Communauté ploie également sous les exigences des partenaires techniques à l’instar du Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, opposés à la poursuite des politiques de subvention. Celles-ci, déplorent ces organismes financiers, plombent les recettes de l’Etat et l’atteinte des réformes structurelles entreprises par les Etats pour leur développement ; là où les gouvernements de la sous-région y voient une voie de salut pour empêcher une inflation généralisée et par ricochet pour maintenir la cohésion sociale.

Cette politique a pris fin au Gabon en 2022. Le Cameroun, pour sa part, a jusqu’ici procédé par des subventions pour contenir le prix à la pompe. Près de 700 milliards FCFA y sont passés l’année dernière, selon le président Paul Biya. La République du Congo conserve les subventions de carburant en dépit des mises en garde du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.

La nouvelle tarification pratiquée en Centrafrique fait suite à la suspension des subventions accordées par le gouvernement de la Centrafrique afin de maintenir maintenus les prix à la pompe. Elle constitue par ailleurs une exigence des fournisseurs en raison de la hausse des cours à l’international. Les marges de ces opérateurs indépendants ont été réduites du fait des mesures prises par le gouvernement pour empêcher une envolée des prix. D’où la rupture de carburant vécue dans le pays ces derniers mois. L’augmentation intégrée répond de ce fait à deux défis auxquels le gouvernement est confronté. Il s’agit notamment de la relance de la distribution des produits pétroliers dans le pays. «Deuxièmement, l’État va effectivement percevoir les taxes sur la vente de ces produits.

Louise Nsana

Subvention du prix du carburant

Oui à la réduction, non à la suppression

C’est la proposition faite au gouvernement par la Fédération nationale des syndicats des chauffeurs professionnels du Cameroun.

Après plusieurs atermoiements et débats sur le sujet, il n’y a plus de doute sur l’éventuelle hausse du prix du carburant à la pompe. Et pour cause : en consommant 13 % du budget du pays en 2022, l’option de subventionner le secteur des hydrocarbures n’est plus financièrement tenable. Dans son adresse à la nation le 31 décembre dernier, Paul Biya l’a insinué. «Il est de plus en plus évident que notre pays, comme bien d’autres en Afrique et ailleurs, ne pourra pas indéfiniment échapper à un réajustement des prix des produits pétroliers, si nous voulons préserver nos équilibres budgétaires et poursuivre sereinement la mise en œuvre de notre politique de développement», a déclaré le chef de l’État.

Selon Patrice Samen, le président de la Fédération nationale des syndicats des chauffeurs professionnels du Cameroun (FNSCPC), le discours du président de la République est venu «confirmer ce qui se disait déjà depuis l’année dernière avec les pénuries de carburant dans les stations , et l’épineux problème des subventions par l’État du Cameroun ». S’il faut donc parler d’augmentation, il suggère que « les prix qui seront appliqués soient raisonnables. Le litre à la pompe peut augmenter de 10 FCFA ou 20 FCFA, c’est acceptable et les chauffeurs de taxis peuvent l’acheter à 640 FCFA ou 650 FCFA. Au cas contraire, si le litre du super passe du simple au double, cela va impacter sur toute la chaîne, les passagers ne seront pas en reste, les commerçants non plus. Si rien n’est fait cela va asphyxier les populations qui sont étranglées par la hausse des prix des denrées alimentaires», s’inquiète-t-il. Et de poursuivre : « l’État doit supporter les subventions comme moins et réduire celles-ci de moitié pour la stabilité du pays ».

Selon nos informations, un comité d’experts mène des réflexions sur la restructuration du secteur des carburants pour l’année 2023. Sur la table, plusieurs schémas pouvant mener à la baisse de la subvention, suivant les propositions du FMI.

 

Olivier Mbessité

 

Yaoundé : La pénurie enflamme le tarif du taxi

Du fait de la rareté du carburant dans les différents points d’approvisionnement de la capitale, la mobilité urbaine a pris un coup sérieux.

Coup et coût. S’ils reviennent en boucle dans les échanges entre habitants de Yaoundé, les deux termes sont imposés par le contexte de pénurie de carburant. « Un coup qui induit un coût, voilà qui n’en finit pas d’embarrasser à la fois usagers et taximen de la capitale », résume une voix captée par une radio urbaine en cette matinée du 10 janvier 2023. Ce jour, le transport urbain est comme pris en otage par une grille tarifaire arrêtée au gré des difficultés endurées par les chauffeurs de voitures jaunes. « Nous les taximen ne fabriquons pas le carburant. Vous constatez par vous-même comment les automobilistes peinent à se procurer le carburant. J’ai dû partir d’Olembé dans l’après-midi du dimanche 8 janvier dernier pour la Totale Nkomkana 1, pour pouvoir faire le plein de carburant ; puisqu’il faut s’aligner pour être servi. Au regard de la demande forte des taximen et motos. Ce qui n’est pas sans conséquences, il faut attendre des heures pour espérer faire le plein du réservoir du véhicule, il faut corrompre les pompistes », explique Jean Njikam conducteur de taxi à Yaoundé.
Si d’une partie le récit condense la somme des désagréments subis, il tend également à justifier la hausse des tarifs du taxi. «Il faut prévoir un surplus d’argent pour emprunter un taxi. Pour un trajet allant de la poste à Tropicana qui coûte normalement 250 FACFA, le taximan fume 300 FCFA», renseigne un usager.

Effets
Sans décision du gouvernement camerounais d’augmenter le carburant à la pompe, les usagers se retrouvent en train de débourser plus qu’il en faut. On assiste à des retards à divers endroits. La preuve, nous rétrouvons les élèves en retard à l’école. D’autres renouent avec la marche, ils doivent parcourir une certaine distance à pied pour avant de prendre le taxi. C’est le cas de Ewolo élève en classe de 3e au lycée d’Ekounou, « depuis jeudi dernier, je marche à pied de borne 10 Odza à Messamendongo avant de proposer 200 FCFA pour le lycée », révèle la jeune lycéenne. D’autres arrivent en retard au travail, et les ordres du jour sont chamboulés. D’autres taximan préfèrent garer leurs voitures plus tôt que faire la queue. Le cas de Florent Medji Nguini que nous avons trouvé dans son domicile à Nkolndongo explique que, « je ne peux pas m’aligner pendant plus de 1h pour attendre le carburant. La preuve est que le dimanche dernier j’ai raté le carburant à Mvan».

André Gromyko Balla

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