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Cameroun : Médecins sans frontière suspend ses activités en zone anglophone

Par cette interruption, l’ONG humanitaire espère faire pression sur le gouvernement camerounais afin d’obtenir la remise en liberté des membres de son personnel placé en détention depuis trois mois.

«Nous restons disponibles pour poursuivre le dialogue avec les autorités afin de résoudre ce problème dans les meilleurs délais, et de reprendre nos activités dans un environnement sûr et sécurisé». Le tweet datant du mardi 5 avril 2022 est de Médecins sans frontières (MSF). Et pour cause, L’organisation internationale a suspendu ses activités dans la région en crise du Sud-Ouest depuis le 29 mars dernier, consécutivement à la détention de son personnel, depuis trois mois, par la gendarmerie nationale.

Il s’agit de deux membres des équipes déployées pour lutter contre le paludisme et porter une assistance d’urgence aux populations en détresse dans le Sud-Ouest. Précisément Ashu Dabinash Godlove, médecin, et Mewouo Marguerite Gerzande, infirmière urgentiste. Toutes deux ont été arrêtées le 27 décembre 2021 après avoir référé un patient blessé par balle, selon l’Ong. Elles sont accusées par la justice camerounaise de «complicité de sécessionnisme» et sont depuis lors gardées à Buéa.

«Bien que nous ayons suivi les procédures de notification humanitaire convenues avec les autorités, ces membres ont été arrêtés et restent en prison», clame MSF qui appelle à la libération «immédiate» des membres de son staff.

Silence des autorités camerounaises

Pour l’heure, aucune réaction officielle du Cameroun n’a encore été enregistrée en lien avec cette affaire. Dans un rapport rendu public courant janvier, l’Ong Mandela Center, mandaté par les autorités militaires nationales pour mener une enquête indépendante, révèle que le patient en question est un chef combattant séparatiste. Le nommé Mbu Princely Tabe agissait sous les pseudonymes «general moving star» et «Ndip Ben». «En tant que combattant blessé hors combat, il avait pleinement le droit à la protection humanitaire», conclut Mandela Center qui qualifie l’arrestation de Ashu Dabinash Godlove et Mewouo Marguerite Gerzande «d’arbitraire».

Précédent et bilan

Ce n’est pas la première fois que de telles accusations sont portées contre les équipes de Médecins sans frontières. En fin 2020, le gouvernement camerounais avait déjà suspendu les opérations de MSF dans le Nord-Ouest, l’autre région anglophone du pays également en proie à une crise sécuritaire. Il l’accusait de collusion et de complicité avec les groupes armés sécessionnistes.  À ce jour par contre, le déploiement de MSF dans la région de l’Extrême-Nord n’a été éclaboussé d’aucun scandale. L’organisation enregistre à date 221 600 consultations ambulatoires, 83 200 cas de paludisme traités, 6046 interventions chirurgicales menées 3540 personnes prises en charge à la suite de violences physiques intentionnelles. 

 

Louise Nsana

 

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