RNTU… Vive la technologie!
«Avec le développement du digital, de nombreux outils ou applications sont désormais disponibles. Ils complètent les moyens de réunir, mobiliser, communiquer et informer son équipe: visioconférences, messageries instantanées…». C’est ce qu’atteste Jean-Paul Nanga Ayissi. Lors d’un briefing avec la presse ce 13 juillet 2022, le directeur des infrastructures au ministère des Postes et Télécommunications (Minpostel) assure qu’avec le Réseau national des Télécommunications d’Urgence (RNTU), «il est désormais possible aux administrations de communiquer dans un format pertinent, sans perte de temps, en cas de catastrophe». Plus simplement, explique-t-il, «c’est un tout en un qui contribue de manière significative à améliorer le système national de prévention et de gestion des catastrophes, ainsi que les autres situations nécessitant des secours d’urgence, en vue de protéger les populations et leurs biens».
Et l’on va dire «vive la technologie» grâce à cet ouvrage qui dirige le Cameroun vers un nouveau paradigme sécuritaire. Oui, le RTNU «c’est le cœur du pays, dans la mesure où il permet aux autorités de veiller à distance au bon respect des lois, de scanner en continu l’ensemble des actions des personnes, en vue de deviner les projets potentiellement malveillants», pour reprendre Winfred Mfuh, le conseiller technique N°1 du Minpostel. Normal donc qu’il implique plusieurs administrations (Administration territoriale, Défense, Santé publique, sapeurs-pompiers, Sûreté nationale, Gendarmerie nationale et Croix – Rouge Camerounaise). Grâce au RNTU, toutes ces administrations vont pouvoir redimensionner les critiques formulées contre elles au sein de l’opinion publique.
Jean-René Meva’a Amougou
La vocation de l’infrastructure construite au quartier Ekounou (Yaoundé 4e) déclinée le 13 juillet 2022 par la ministre des postes et télécommunications.
Au Cameroun, rien ne sera plus comme avant en matière de protection civile et de surveillance du territoire. Ce 13 juillet 2022, une phrase de Mme Minette Libom Li Likeng sait déjà restituer la magie de ces horizons éblouissants. «Désormais, assure la Minpostel, en cas de catastrophe, incendie, braquage, agression, émeute, accident de circulation, crise de santé, acte terroristes, les décideurs pourront agir de la façon la plus optimale en temps réel». Sans le dire, le membre du gouvernement vient de neutraliser tous les commentaires pernicieux tendant à faire du RNTU «un centre d’espionnage des citoyens».
Sur le vif, l’on peine à réaliser que l’infrastructure s’inscrit dans une vision. Et pourtant, renseigne Mme Minette Libom Li Likeng, «c’est suite à un Survey élaboré en 2009 sur toute l’étendue du territoire par le ministère des Postes et Télécommunications, que l’état des lieux y afférent avait relevé des insuffisances notoires dans le système national des télécommunications, pour la prévention et la gestion des situations d’urgence de toutes natures et autres catastrophes au Cameroun». Entendu comme tel, le RNTU articule deux idées essentielles développées par la Minpostel: «pallier le déficit en moyens de télécommunications, dont souffraient les principales administrations en charge de ces problématiques; garantir la disponibilité en tant que de besoin, des télécommunications opérationnelles, en intervention et/ou en situation d’urgence, sur toute l’étendue du territoire».
Descriptif
Pour que le RNTU joue pleinement ce double rôle, son déploiement doit être compris de façon systémique et intégré (Voir encadré ci-dessus). «Concrètement, explique Jean-Paul Nanga Ayissi, il s’agit d’une infrastructure de télécommunications à ressources partagées, c’est-à-dire un réseau sans fil doté des services modernes notamment l’itinérance transparente, l’interopérabilité, ainsi qu’un niveau de fiabilité très élevé». À en croire le directeur des infrastructures au Minpostel, le RNTU est constitué d’un Centre national des opérations d’urgence (CNOU) à Yaoundé (cœur du réseau), d’un back-up à Douala et de huit Centres régionaux des opérations d’urgence (CROU). «L’interconnexion entre les CNOU et les CROU se fait à travers le backbone national à fibre optique de la Camtel via la technologie IP/MPLS et secourue par des liaisons satellitaires via RASCOM», éclaire l’ingénieur des télécoms.
Jean-René Meva’a Amougou
Repères
• 21 décembre 2012: Signature du contrat commercial avec l’entreprise ZTE Corporation.
• 29 octobre 2013: Signature de la Convention de financement y relative entre le Minepat et la Banque d’export-import de Chine (EXIMBANK-Chine).
• 05 janvier 2017: Signature du marché entre le MINMAP et ZTE Corporation pour la mise en œuvre du RNTU.
• 05 jan 2017: Début des travaux et prestations.
• 02 avril 2018: Signature du marché de la Maîtrise d’œuvre des travaux de réalisation du RNTU (Groupement RESYTAL/MATRIX TELECOMS).
• 30 juin 2020: Date initiale prévue de fin des travaux et prestations.
• 5 avril 2021: Ekounou (Yaoundé), cérémonie de Lancement de la formation de 75 ingénieurs et cadres des administrations publiques en charge de l’exploitation du RNTU.
• 13 juillet 2021: Impasse du projet déclaré non recevable et réunion de crise au Minepat, au cours de laquelle ZTE sollicite un délai supplémentaire de 6 mois pour rendre le réseau fonctionnel sans frais supplémentaire, avec l’accompagnement du Minpostel.
• 08 juin 2022: Date effective de fin du projet et réception provisoire et partielle.
• 1er juillet 2022: Début de la période de garantie.
• Les travaux et les prestations réalisés portant sur la mise en œuvre du RNTU ont été exécutés par l’entreprise Zhongxing Telecommunication Equipment (ZTE) et le contrôle et le suivi par le Groupement Resytal/Matrix Telecom.
• Selon des informations glanées auprès de sources crédibles, le coût global du RTNU est estimé à plus de 70 milliards FCFA.
Architecture de l’interconnexion du RNTU