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Cameroun/ Crise anglophone : les évêques se confessent à Rome

Relayée par la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC), cette actualité s’attache à décrire et à expliquer l’évolution de la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays.

Les évêques de la CENC autour du pape François à Rome le 15 septembre 2023

Vatican News (VN) relaye la visite des évêques du Cameroun au Vatican à la mi-septembre dernier, dans le cadre de leur visite ad limina apostolorum. Au cours de celle-ci, apprend-on, l’épiscopat camerounais a prié dans les principales églises de Rome: Sainte-Marie-Majeure, Saint-Jean-de-Latran, Saint-Paul-hors-les-murs et, bien sûr, la basilique Saint-Pierre. Étape conclusive du séjour romain de la CENC: la rencontre avec le pape François. Avec le souverain pontife, les prélats camerounais ont discuté (entre autres sujets) de la crise anglophone. En sa qualité de président de la CENC, Mgr Andrew Nkea a pris la parole à l’issue de de l’audience accordée par le Saint Père le 15 septembre dernier. Devant la presse pontificale, l’archevêque de Bamenda a dressé un état actualisé de la situation dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. Au micro de VN, Mgr Andrew Nkea fait étalage d’une réalité dans laquelle se lisent de nombreux éléments d’une crise sociopolitique profonde dans la partie anglophone du Cameroun. «Je viens de cette zone anglophone et je peux parler avec autorité. Ça fait déjà six ans. Nous sommes entrés dans la septième année de cette crise sociopolitique. La crise a commencé comme une blague; le gouvernement ne la prenait pas au sérieux au début», souligne le prélat d’emblée.

Éléments
Pour rendre mieux ce qu’il en est, Mgr Andrew Nkea indique que, pour des raisons qui se tiennent, la situation sur le terrain a «évolué». «Vous savez que ça faisait six ans que les enfants n’allaient pas à l’école. Heureusement, les deux dernières années, ils ont commencé à aller à l’école; l’église a créé des écoles partout. Mais, il y a encore des zones où les enfants ne vont pas à l’école. Maintenant, les séparatistes ont des problèmes avec les écoles publiques. Ils attaquent moins nos écoles, mais le défi reste. Il y a des gens qui se règlent des comptes. Il y a aussi la pauvreté, engendrée par cette situation», expose l’archevêque métropolitain de Bamenda. Du point de vue de ce dernier, le délabrement social a laissé des traces dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. «Quand il y a la guerre, dit Mgr Andrew Nkea, il y a des problèmes sociopolitiques, il y a les déplacés. Beaucoup de déplacés qui ont fui les villages, ils se trouvent partout dans les grandes villes. Il y a aussi beaucoup de souffrance, parce que tous ces peuples se trouvent entre le gouvernement, les soldats du gouvernement et les séparatistes. Donc ils sont au milieu de ces deux forces et ce n’est pas facile pour eux. Il y a aussi les jeunes qui n’ont pas le travail», détaille-t-il.
Comme symptôme majeur d’une ère caractérisée par la défiance vis-à-vis des lois, Mgr Andrew Nkea parle des gens qui trouvent leur compte dans cet état de choses et qui en font leur raison de vivre. Il s’agit, précise-t-il, des «jeunes qui ont des fusils, ont goûté à l’argent, parce qu’ils font des kidnappings, des enlèvements». Et préciser: «Ils vivent avec ça, ils ne vont plus laisser si facilement», craint le dignitaire catholique.

En mettant l’accent sur la poursuite du dialogue, le président de la CENC ne dilue pas la chaîne des responsabilités engagées. D’où son mot de fin: «Je m’adresse aux deux parties, le gouvernement camerounais et les séparatistes. On continue à supplier notre gouvernement de ne pas abandonner le dialogue, de continuer à dialoguer soit avec les séparatistes qui sont au pays ou bien leurs chefs qui sont ailleurs, qui sont hors de pays. Il faut chercher à continuer ce dialogue. On ne peut jamais trouver la paix par la guerre, avec la force».

Jean-René Meva’a Amougou

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