Selon les spécialistes, tout peut arriver entre les Lions indomptables et les Ecureuils.
Le moment de vérité est arrivé. Le 0-0 n’est ni un superbe résultat ni un désastre pour l’équipe du Cameroun. Cependant, Clarence Seedorf, l’entraîneur, pense que ses joueurs montreront leur meilleur visage ce mardi. «Nous sommes une équipe qui répond toujours présent dans les moments délicats. Mais nous parlons de 90 minutes où tout peut se passer. Tu peux perdre un joueur au bout de cinq minutes, ou cela peut arriver à ton adversaire. Mais nous sommes prêts pour mettre la pression sur la cage adverse», a-t-il commenté sur les ondes de la CRTV-radio, quelques minutes après le nul vierge concédé face au Blacks Stars du Ghana.
Sur la base des calculs, le Cameroun et le Bénin (respectivement 1er et 3e) une défaite ne serait pas non plus rédhibitoire si, dans le même temps, les Blacks Stars et les Djurtus ne parviennent pas à se départager. En tout cas, bien que requinqué par les sondages, le Cameroun n’est pas totalement sorti d’affaire. En réalité, c’est bien plus que cela que les Lions indomptables jouent. «C’est comme une finale. Les trois points seront obligatoires. Si on perd, il nous sera difficile de finir sur le podium», avise Florent Mbia Abena, ex-coach adjoint d’Apejes de Mfou. Ainsi, pour mardi, le qualificatif de match charnière, archi rebattu, semble cette fois-ci approprié. Bertin Ebwele, ancien Lion indomptable présent sur un plateau de la CRTV-Télé, compte sur ses cadets : «leur façon de réagir aux événements, de contrôler leurs temps faibles et d’assommer leur adversaire quand il le faut, dessine de plus en plus les contours d’un potentiel gagnant».
Dans les paroles des joueurs aussi, le discours a changé par rapport aux deux premières rencontres. La bande à Clarence Seedorf ne cache plus sa soif de titre, sûre de ses forces, la confiance au maximum. Chez nos confrères d’Equinoxe Télévision, Christian Bassogog s’imagine d’ailleurs plutôt une issue favorable. «Nous sommes préparés pour faire un grand match en sachant que nous allons avoir le soutien de notre public, regarder le but adverse et faire ce que nous devons faire, assumer notre statut et tenter de gagner. Nous devons gagner coûte que coûte».
Chez les supporters, la confiance est au rendez-vous. «Personnellement, contrairement aux rabat-joie et autres pessimistes, je crois fermement aux chances de qualification de l’équipe nationale du Cameroun. En valeur intrinsèque, elle est beaucoup plus talentueuse que son adversaire et, au vu de l’enjeu de la partie, elle n’a pas besoin de motivation supplémentaire pour faire un grand match», énonce Georges Parfait Owoundi, journaliste.
Adversaire
De son côté, la formation béninoise mise naturellement sur l’impact physique et la vivacité. «Même si l’axe central des Ecureuils semble avoir retrouvé plus de sérénité contre la Guinée Bissau, pour l’avoir bien observé lors de ses deux premiers matches, ma grande crainte est que l’entraîneur aligne une nouvelle fois une défense avec un maillon faible sur le flanc droit, provoquant déséquilibres, hésitations et pertes de balles dangereuses qui peuvent être potentiellement exploitées par l’adversaire», esquisse Florent Mbia Abena.
Sur la base des analyses du technicien, le Cameroun devra être hyper concentré sur toutes les balles arrêtées près de sa surface de vérité. Au niveau du milieu de terrain, les Burundais ont l’habitude de donner beaucoup d’énergie dans les duels et sur les seconds ballons. Mais, pour Florent Mbia Abena, il faudra jouer intelligemment pour éviter les contacts rugueux et inutiles dont l’adversaire pourrait abuser, avec l’objectif de remporter coûte que coûte la bataille à ce niveau.
Jean-René Meva’a Amougou
Clarence Seedorf
Le Cameroun est la deuxième équipe la plus titrée du continent (Cinq CAN remportées derrière une Égypte titrée sept fois, Ndlr). Il fait toujours partie des favoris au même titre que le Ghana, le Maroc ou l’Égypte. Je vais vous donner un exemple : quand l’Allemagne débute un tournoi, elle est favorite même si elle a perdu cinq matches de suite juste avant… C’est la même chose pour l’Italie ou le Brésil. On sent qu’on a la possibilité de faire quelque chose d’important ici. Je suis convaincu qu’on a les moyens de conserver notre titre, malgré le niveau de l’adversité. Entre les jeunes joueurs enthousiastes à l’entraînement et ceux qui sont plus expérimentés, on a trouvé le bon équilibre. Après le premier match, on y verra plus clair, parce qu’on pourra s’appuyer sur quelque chose de tangible. Nous sommes préparés pour faire face à ce challenge. Physiquement, tactiquement, mentalement, on a assez de talent pour briller.
Samuel Eto’o
Moi j’attends la victoire finale! Parce que quand vous voyez cette belle équipe que nous avons, avec ses illustres encadreurs, nous ne pouvons pas espérer moins, même si le football reste ce qu’il est.
Dans les communautés
Supporters béninois : entre ballon rond et vaudou
A partir de Yaoundé, les compatriotes du président Patrice Talon restent accrochés aux prédictions déclamées par « celui qui voit loin ».
Face à la Guinée-Bissau, le 29 juin à Ismaïlia, les Ecureuils du Bénin ont concédé le nul (0-0). Avec 2 points pris en deux matches, les Béninois auront besoin de réaliser une bonne performance face aux Camerounais, le 2 juillet prochain. Une qualification de l’équipe en huitièmes de finale de la compétition est à ce prix. Chez les supporters béninois résidant dans la capitale camerounaise, cela ne relève pas d’une probabilité. «Nous sommes sûrs que nous serons qualifiés en corrigeant les Lions indomptables», affiche Kadi Adeyemi, aide-boucher au marché Mvog-Ada. Sa certitude se nourrit même d’un score : «2-0, c’est çà !». Le jeune homme est d’autant plus confiant que, depuis Cotonou, Togbui Gnagblondjro III, le président des prêtres vaudou du Togo, l’a prédit. Le pronostic de «celui qui voit loin» a d’ailleurs fait le tour du pays et du monde, car amplifiée par certains médias internationaux.
Avec ses compatriotes, Kadi Adeyemi dit avoir fait appel au «juju», une divinité aquatique qui protège le gardien de but et empêche les ballons d’y pénétrer. «C’est l’une des choses que le président des prêtres a demandées à tous les Béninois de faire avant le match de mardi prochain», affirme-t-il. A côté, Jean Nigabgayi dévoile d’autres astuces conseillées par Togbui Gnagblondjro III et ici captées via les réseaux sociaux. «Il a demande d’acquérir les poupées magiques. Elles serviront à souhaiter que l’équipe des Ecureuils marque un but avant les 15 premières minutes au Lions indomptables. Pour cela, le jour du match, il faut tenir une aiguille fermement entre le pouce et l’index et piquer doucement la partie de la poupée là où vous voulez produire un effet sur l’adversaire» précise le mode d’emploi.
Pour le match contre le Cameroun, Kadi Adeyemi renseigne qu’une «Ong vaudou» basée à Cotonou pilote une opération de collecte de fonds pour «nourrir le grand juju» qui veille sur les Ecureuils en Egypte. «Sans aucun doute c’est le grand juju qui va canaliser les bonnes vibrations des supporters béninois pour changer l’histoire» affirme Jean Nigabgayi.
Jean René Meva’a Amougou