ENTREPRISEPANORAMA

Cameroun-Bad : Vers de nouveaux horizons

Une mission d’information de l’institution bancaire africaine a séjourné au Cameroun du 2 au 6 mars 2020 ; à l’effet de passer en revue le climat économique du pays ainsi qu’un certain nombre de dispositions de la coopération avec le Cameroun.

Les administrateurs de la Bad en plein échange avec le Minepat le 2 mars 2020 à Yaoundé

Yaoundé a accueilli une forte délégation des membres du Conseil d’administration de la Banque africaine de développement (Bad). Les administrateurs de l’institution bancaire sont venus pour se faire une idée de l’évolution de l’environnement économique du Cameroun. La délégation était conduite par Freddy Matungulu, administrateur pour le Cameroun, le Burundi, la République démocratique du Congo, et le Tchad. Quatre jours durant, ils ont fait le tour des administrations publiques en charge des questions économiques, question d’évaluer un certain nombre de réformes entreprises au Cameroun.

Endettement, croissance…
Le 2 mars dernier, la délégation de la Bad a été reçue par Alamine Ousmane Mey. Avec le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat), plusieurs sujets ont été explorés. Ceux-ci vont des informations sur le niveau d’endettement du pays, la croissance, en passant par le portefeuille des projets développés et leur évolution.
En réponse à ces préoccupations, le Minepat a indiqué que le taux de croissance tournait autour de 4,1% au Cameroun alors que la dette, se situe à 38% du produit intérieur brut (Pib).

Une performance louable selon l’ancien Minfi. Parce que, a-t-il indiqué, cette dette est en deçà de la norme préconisée par le Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale Cemac). Par ailleurs, Alamine Mey s’est félicité des efforts de son pays. «Tout est mis en œuvre pour contrôler le niveau d’endettement de manière à ce que cela ne porte pas atteinte aux objectifs du pays», a-t-il conclu. Du côté de la Bad, l’adhésion n’est pas complète. Parce que, il y a encore à faire.

Dans leur recherche d’informations, les administrateurs de la Bad ont scruté le ministère des Finances. Louis Paul Motaze et ses hôtes ont également passé en revue l’état des relations entre leur institution et Yaoundé. Et, celles-ci sont jugées bonnes. Les échanges ont également porté sur les efforts que fournit le Cameroun dans la conduite du grand programme de réformes financières et économiques soutenues par le Fonds monétaire international au titre de la Facilité élargie de crédit. À ce sujet, le chef de délégation de la Bad s’est montré satisfait. D’autant plus que, a-t-il indiqué, les autorités camerounaises ont réussi à faire passer au Conseil d’administration du FMI, la 5e revue de ce programme qui permettra à leur pays de maintenir un cadre macro-économique approprié aux investissements et à la croissance.

Bons partenaires
Après 47 années de coopération, le Cameroun et la Banque africaine de développement sont restés de bons partenaires. Entre 1972 et 2019, la Bad a financé près de 114 opérations camerounaises, à hauteur de 2 360 milliards de francs CFA (FCFA). Selon le site de la Banque africaine de développement, «au 31 décembre 2019, le portefeuille de la Banque au Cameroun comprenait 35 opérations totalisant des engagements d’environ trois milliards dollars américains», soit 1 680 milliards FCFA. Il s’agit de 23 projets dans le secteur public, sept dans le secteur privé, et sept autres dans les opérations régionales. Pour rappel, le tout premier projet financé par l’institution bancaire sur le sol camerounais date de 1972. Il s’agit de la construction du terminal de l’aéroport international de Douala.

Joseph Julien Ondoua Owona (stagiaire)

Commerce

Les entrepreneurs Camerounais à l’école de l’efficacité

Réunis le 7 mars 2020 à Yaoundé, commerciaux et chefs d’entreprises ont été édifiés sur les techniques de la vente.

 

Initiée par l’école de création des richesses, la rencontre du 7 mars dernier intervient dans le cadre des Journées de l’entreprenariat éthique du Cameroun (Jec). Elle avait pour objectif de donner aux participants de nouvelles orientations sur les moyens pertinents d’écouler leurs produits. Ainsi, la salle de conférences prévue à cet effet a fait le plein. Chefs d’entreprises, marketeurs, commerciaux et autres acteurs de la vente des biens et services sont venus se ravitailler auprès de Philippe Tagne, le célèbre Président-directeur général des supermarchés DOVV implanté au Cameroun.

Les clés d’une vente
Les débats ont convergé vers un thème : «les clés d’une vente efficace». On retient que la vente est «un cercle fermé». Pour cette raison, chaque vendeur doit tenir compte d’un certain nombre de paramètres s’il veut prospérer. Notamment, l’environnement. Dans ce sillage le pouvoir d’achat est un facteur capital. Compte tenu de leurs revenus des individus d’une certaine caste sociale ne peuvent se permettre un certain luxe. A ce facteur, s’ajoute le contexte dans lequel on évolue. Et à ce sujet, Philipe Tagne a été clair: même le plus grand vendeur ne peut vendre des biscuits pour chats dans un quartier où ces bêtes sont plus consommées qu’elles ne sont animaux de compagnie.

Autre clé, la validité des produits. Selon l’expert en commerce, la fréquence d’achat est fonction des produits. Pour certains, elle est annuelle alors qu’elle est journalière pour d’autres. Vu sous cet angle, le vendeur de chaussure n’écoulera pas ses produits de la même manière que la vendeuse de beignets. Les besoins n’étant pas les mêmes pour le consommateur. C’est la raison pour laquelle le conférencier a rappelé à ses séminaristes de tenir compte des types de milieux. Entre autres facteurs de la vente efficace qu’a énuméré l’entrepreneur, il y a la maîtrise de la consommation. le vendeur doit donc vérifier si les produits qu’il écoule sont réellement consommés, et pas seulement acheté.

Parce que «le consommateur reste le seul patron», Philippe Tagne a demandé à chaque commercial de «puiser dans ce qu’il est pour proposer ses produits», tout en gardant à l’esprit que «l’objectif ultime n’est pas de vendre au client mais de résoudre un problème» auquel est confronté ce dernier.

JJOO

La maturation des projets

Talon d’Achille du Cameroun

Bien que ses efforts soient appréciés par la Bad, le Cameroun a encore beaucoup à faire au niveau du murissement des infrastructures implémentées par la Bad sur son sol. Cas du barrage hydroélectrique de Memvé’élé

 

Alamine Ousmane Mey, gouverneur de la Bad pour le Cameroun a bien failli passer à côté des dix milliards FCFA offerts par l’institution bancaire à la sous-région pour la période 2019-2021. Comme pour ses pays voisins d’Afrique centrale, le murissage des projets reste un problème épineux dans la chaussure de la coopération Bad-Cameroun. Cela se manifeste par la production au rabais de l’infrastructure, dont les effets escomptés ne sont pas produits. Ce qui nécessite des investissements supplémentaires. Il y a aussi la sous-évaluation de l’exécution financière qui entraine l’abandon du projet ou la recherche de nouveaux financements ; tout comme la sous-évaluation des obstacles physiques sur l’emprise de construction (géographie) du projet.

Memve’ele
Dans ce registre, s’inscrit le projet de barrage hydroélectrique de Memve’ele. Dans l’une de nos parutions antérieures sur le financement de la Bad au Cameroun, l’ouvrage est identifié comme l’illustration parfaite du manque de maturation des projets financés par l’institution financière au Cameroun. Il s’agit d’une infrastructure construite par la société chinoise Sinohydro. Cet ouvrage énergétique, d’un montant total de 420 milliards de francs CFA, a été financé en majorité par un prêt d’Eximbank China, pour environ 243 milliards de francs CFA, contre 112 milliards de francs CFA pour la Bad et 65 milliards de francs CFA pour l’État du Cameroun. Et, il devait fournir 211 MW.

Bien que sa construction soit achevée en 2017, la mise en service du barrage hydroélectrique de Memve’ele pose des soucis. Du fait, «d’un faible débit des eaux, seules deux turbines tournent et produisent 100 MW». Afin de pallier cela, il a été préconisé «la construction d’un barrage-réservoir en aval. Celui-ci va procurer un débit fort et régulier afin de permettre une production optimale», lit-on sur le site du Journalintegration.com, édition du 20 mai 2019.

À ce sujet le confrère agenceecofin.com précise qu’«une évaluation des travaux des ouvrages d’évacuation d’énergie (OEE) et des essais de montée en puissance au niveau de la centrale hydroélectrique sont en cours par la Sonatrel afin d’augmenter la puissance à 75 MW ». De la même source, on apprend que les infrastructures d’évacuation devraient s’achever d’ici la fin d’année 2020.

Même après sa livraison en 2017, l’infrastructure a continué d’engloutir des milliards. La période finale du financement des constructions d’évacuation s’élève à 9,5 milliards FCFA. Du fait de ces incessants financements, «l’aménagement hydroélectrique de Memve’ele est cité, par la Banque mondiale, comme l’un des projets camerounais, dont les coûts sont deux à six fois supérieurs à ceux réalisés dans les pays ayant le même niveau de développement que le Cameroun», écrit agenceecofin. Pour tout dire, le Cameroun a encore du chemin à faire s’il veut bénéficier continuellement du financement de l’institution bancaire africaine basée en Côte d’ivoire.

JJOO

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *