BVMAC : Une opportunité pour l’économie sous régionale

La culture boursière s’incruste en zone Cemac

L’unification des marchés financiers de la Cemac ne suffira pas à faire de la sous-région un espace économiquement dynamique. En effet, les pays de l’Afrique centrale ont encore du chemin à faire en la matière. C’est du moins, ce que laisse entendre Charles Etoundi.

Selon cet analyste financier, très peu de personnes parviennent réellement à cerner les enjeux de la bourse des valeurs dans cet espace communautaire. «Nous n’avons pas encore une culture de patrimoine, une culture boursière, une culture de gestion des actifs». Cela, ajoute-t-il, se justifie davantage par la présence d’entreprises «familiales» dans les pays de la communauté.

Réticence
Parce qu’elles sont des entreprises familiales, très peu d’entre elles sont prêtes à s’engager sur le marché financier sous-régional. En réalité, explique l’écrivain les entrepreneurs de la sous-région maitrisent très mal la cotation en bourse. À ce sujet, indique Dr Alban Lukang de la faculté des Sciences juridiques et politiques de l’université de Yaoundé II, «une étude menée sur 1000 entrepreneurs locaux démontre que 80 % d’entre eux sont au courant de l’existence de la Bvmac, mais ignorent en quoi elle consiste et quels peuvent être ses apports à leurs activités». Par conséquent, ils craignent de perdre leurs entreprises si jamais ils entrent en bourse. Pour tout dire, l’Afrique centrale est caractérisée par le manque de la culture boursière.

Formation en bourse
Et pour pallier ce gap, l’essayiste camerounais recommande que soient formés les différents acteurs intervenants dans la chaine boursière. Il s’agit notamment des consommateurs, des entreprises et des administrations. Dans le même élan, Charles Etoundi pense qu’il faut former les citoyens de la Cemac sur la culture boursière. Et cela, précise-t-il, doit commencer par les écoles. «Je pense que les universités et les grandes écoles devraient intégrer ce volet formation pour tous les étudiants».

Joseph Julien Ondoua Owona (stagiaire)

L’auteur en pleine dédicace spéciale.

À Yaoundé, le 26 février 2020, lors de la dédicace de son livre, Charles Etoundi, analyste financier, a démontré le réel enjeu de l’unification des bourses de l’Afrique centrale.

L’unification de la Douala Stock Exchange et de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale sonne le glas de l’économie de la Communauté. On le retient des explications de Charles Etoundi. Face au public le, 26 février dernier à Yaoundé, l’auteur du livre «Fusion des bourses de valeurs mobilières en Afrique centrale, enjeux et opportunités» a présenté la thèse qu’il soutient dans cet essai, paru il y a quelques semaines.

Entreprises
Dans son ouvrage, l’analyste des marchés financiers présente et explique les mécanismes de la bourse des valeurs de la sous-région. D’ailleurs, l’expert brandit la bourse comme un modèle économique futuriste à même de combler les difficultés de financement des entreprises. «L’entrepreneur ou le propriétaire d’une PME qui a besoin de financement va résoudre son problème grâce à la bourse. Son entrée en bourse lui permet d’obtenir des financements. Et il les obtient en augmentant son capital. Parce que, plus il augmente son capital, plus il alimente son entreprise avec les fonds propres. Parce qu’il fait une émission d’actions, et les gens viennent acheter ces actions. L’argent qu’il recueille devient le capital de l’entreprise, c’est-à-dire les fonds propres que l’entreprise peut investir dans ses plans de fonctionnement. Voilà exactement ce que le propriétaire d’une PME obtient», explique-t-il.

Affranchissements des États
Dans le même sens, Charles Etoundi explique que la BVMAC de Douala va permettre aux États membres de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) de s’affranchir des financements extérieurs souvent conditionnés. «La fusion des bourses vient concrétiser la libre circulation des capitaux, tout en affranchissant les États et les acteurs des multiples conditionnalités souvent liées aux financements bilatéraux et multilatéraux», soutient-il.
Parce que son œuvre vient démystifier le principe de bourse de valeur très mal connu, l’essai de Charles Etoundi marque un point.

Dans sa posture de critique, Protais Ayangma Amang, auteur de la préface de cet ouvrage à caractère pédagogique, ne dit pas le contraire.

Pour lui, le livre intervient «… au moment où les lignes commencent enfin à bouger avec la décision de fusionner les deux bourses de l’Afrique centrale (…)». Même si, pense-t-il, il faut prolonger la pensée de l’auteur.

Déclinée en trois grandes parties, l’œuvre publiée aux éditions Les Presses de l’Ucac s’étend sur 237 pages. Dans la première partie, il retrace la marche de la Cemac vers le marché financier. Dans la deuxième, Charles présente le modèle de marché et de financement alors que dans la dernière partie, le natif d’Awae propose quelques solutions salutaires à la bonne appropriation des mécanismes du marché financier.

Joseph Julien Ondoua Owona (stagiaire)

 

Les bonnes feuilles

«Après une observation de la scène sous-régionale ces dix dernières années, tant sur la structure que l’origine et la qualité du financement de l’activité économique, nous sommes encouragés par la position de plus en plus claire de la volonté politique relative à la situation des Bourses des valeurs en Afrique centrale. Un désir d’unification est exprimé par les acteurs institutionnels du système financier et les États. La décision des politiques a, après de longues tergiversations, aboutie à un consensus sur le fonctionnement d’un seul marché financier dans la sous-région.

La fusion des bourses de Libreville et de Douala prise comme prétexte, il est permis sans que cela soit un optimisme béat, de croire que l’économie et le marché financier vont permettre à l’Afrique centrale de faire sa mue vers la construction d’une nation sous régionale objective et d’une Afrique centrale financièrement libérée. La question étant d’une grande importance, les bourses de Douala et de Libreville pouvaient-elles véritablement coexister dans une logique concurrentielle ou mieux fusionner dans une synergie d’actions et d’opérations, pour faire usage de leur potentiel commun, générateur de financements à long terme?»

«… en matière de financement, il se poursuit un travail de coaching technique et financier international, malheureusement source de pesanteur exogène, pour les pays de la sous-région Afrique centrale en particulier. Cette démarche confine ces derniers à de médiocres performances. Il était tant que toute la zone se constitue en un bloc et formule un ensemble de politiques de convergences suffisamment sincères, gage de capitalisation de cette puissance économique participative célébrée dans le discours. L’on ne peut s’empêcher de relever quelques avancées à travers des actes concrets, non seulement du point de vue de la libre circulation des personnes et des biens, mais aussi par l’unification des marchés financiers.

La fusion des bourses vient concrétiser la libre circulation des capitaux, tout en affranchissant les États et les acteurs des multiples conditionnalités souvent liées aux accords bilatéraux et multilatéraux. Le marché financier est donc la place où l’on vend des sociétés, lesquelles sont, avant toute autre considération, un capital social réunissant les actionnaires. Il n’y a pas de société sans capital social. Ainsi, la zone se doit d’utiliser ses pleines capacités de financement disponible dans les États de la Cemac, avec une projection vers la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Ceeac), les investissements directs étrangers et ceux de la diaspora. Ce qui fera de la bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale une plateforme à travers laquelle l’épargne et les investissements des particuliers sont canalisés dans les propositions d’investissement productif permettant la formation du capital…»

Résumé: «l’avènement du marché financier communautaire en Afrique centrale est une bonne nouvelle et donne à croire au potentiel économique de la Cemac, longtemps ignoré par les acteurs internes et externes. L’ouverture bien tardive de la sous-région au marché financier comme outils modernes de financement des entreprises et de l’État offre de réelles opportunités pour les acteurs. Mais tout accouchement se faisant avec douleur, l’avènement d’une bourse commune s’est faite dans un contexte de rivalité et égos nationaux ayant conduit à la création de deux bourses: une à Douala au Cameroun et l’autre à Libreville au Gabon.

La Douala Stock Exchange (DSX) et la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC) ont révélé des limites dans l’animation du marché par un nombre limité d’introduction des valeurs d’entreprises, et enregistré de bons points en termes d’appels publics à l’épargne, plusieurs emprunts ayant été expérimentés avec succès. Le besoin de financement étant constant, le secteur privé en particulier et le Cameroun, leader de la Cemac, aspirent à un actionnariat qui permettra aux citoyens de participer à la construction de la croissance et d’en partager les fruits par la valorisation boursière des actifs. Le marché peut offrir un financement direct à l’économie pour laquelle la bourse constitue un moyen efficace. Les premiers pas de ce marché constituent donc un enjeu important. Car, son appropriation nationale au niveau de chaque État membre n’est pas chose acquise. La volonté politique expressive doit impérativement se traduire en actes, pour ainsi transformer le potentiel de la Cemac en opportunités.»

 

Charles Etoundi

Mais, il y a un véritable travail d’éducation à faire, parce que la culture boursière n’existe pas en Afrique centrale. Il faut bien qu’on y arrive.

Analyste financier et auteur du livre Fusion des bourses de valeurs mobilières en Afrique centrale, enjeux et opportunités décrypte la situation actuelle marquée par l’unification de l’Afrique centrale.

 

 

«Il faut que l’entrepreneur soit formé»

Au-delà de tout ce qui a été dit au sujet de la BVMAC, proposez-vous une nouvelle grille de lecture de sa fusion?
De mon point de vue, la fusion des deux bourses devrait être abordée, pour être mieux comprise, à deux niveaux. D’abord, il faut savoir que s’il y a eu retard, le retard ne peut pas être dans le processus en tant que processus de fusion. Mais c’est davantage le retard des politiques à pouvoir se décider à aller à la fusion. Je pense que dès le départ, on n’aurait pas dû créer deux bourses parce que lorsque la Douala Stock Exchange nait en 2001, il y avait déjà problème. Mais sur le plan technique, on avait décidé que le siège de la bourse serait au Cameroun, précisément à Douala.

Mais le Cameroun a décidé, une fois la réunion de Libreville terminée, de créer une bourse au Cameroun. On peut observer que les mêmes problèmes qui ont conduit à la création de deux bourses en Afrique centrale ont constitué ce qu’on peut considérer comme un retard des politiques. Parce qu’en fait, le politique avait un rôle essentiel à jouer à ce niveau. Sur ce plan-là, il s’agissait d’arriver à la décision qui était déjà appuyée par tous les experts. Il me souvient qu’en 2006, la Banque mondiale avait déjà demandé qu’on puisse commencer à intégrer les deux marchés financiers, parce c’était une ambigüité qu’on trouve deux marchés financiers dans un espace économique aussi réduit.

À cette époque, cela a créé ce que ça a créé, et aujourd’hui, après moult tergiversations on est parvenu à la décision de créer une bourse communautaire, et c’est cela que je peux considérer comme un retard. Mais le processus en lui-même en tant qu’opération de fusion c’est un processus à mon sens qui a réussi. Parce qu’elle a tenu compte des instances qui étaient en jeu. Et je rappelle qu’il y avait trois entités qui étaient en jeu. D’abord les institutions de service public, qui était la Commission des marchés financiers du Cameroun et la Cosumaf.

À un autre niveau, c’étaient les institutions financières, c’est-à-dire, le dépositaire central et au troisième niveau, les entreprises de marché qui étaient la Douala Stock Exchange et la BVMAC. Je dois dire que pour ces deux entreprises de marché, la fusion était plus complexe. Compte tenu des délais qui avaient été donnés à l’équipe chargée de mener les opérations de fusion au plan technique, je dirais que cette opération a été réussie, vu que les délais ont été tenus. Sauf qu’il y avait plusieurs possibilités de parvenir à une seule entreprise de marché.

En effet, au niveau des institutions, ça ne posait pas trop de problèmes à tout remettre à la Cosumaf, qui avait la primeur sur les activités au niveau de la Cemac. Mais au niveau de l’entreprise de marché, il y avait plusieurs possibilités de fusion. Mais celle qui a été choisie n’est pas mauvaise. Parce qu’il y a eu absorption par la société qui avait une dimension communautaire, c’est-à-dire la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale.

Cette absorption a été faite avec une reconfiguration du capital qui permettait de réunir à la fois le capital de la Douala Stock Exchange et celui de la BVMAC. Et il y a eu augmentation du capital avec une émission d’un certain nombre d’actions. Mais ce que je déplore, et je pense que ça aurait dû être un cas d’école, c’est-à-dire une action qui devait avoir un sens pédagogique pour le marché en lui-même, c’est qu’on aurait dû faire une ouverture du capital en lançant une souscription publique.

En effet, dans la mesure où les décisions communautaires sont applicables de manière directe, s’imposent aux États et donc au niveau de la Cosumaf et de la Commission des marchés financiers, la Cosumaf avait une primeur sur la Commission des marchés financiers. Encore que la Cosumaf était issue de la décision communautaire d’intégration. Elle s’imposait donc totalement à l’État. Ce qui veut dire qu’il n’y avait pas de problème à ce niveau. On a simplement annulé la CMF au Cameroun et coté l’entreprise de marché qui est installée et qui devait donner une autre dimension à cette opération. Peut-être avec les délais, l’équipe chargée de la fusion n’a pas jugé vraiment nécessaire de lancer ladite opération. Je pense que le processus n’est pas encore achevé, et à ce niveau, il y a encore des attentes.

Ne pensez-vous pas que finalement il se pose un problème de pédagogie qu’il faut mettre en œuvre pour que la bourse soit véritablement opérationnelle?
Il y a effectivement un travail à la fois de sensibilisation d’éducation, de formation à faire à tous les niveaux. En effet, si en Afrique centrale, on découvre le marché financier à partir des années 2000, puisque la Douala Stock Exchange nait en 2001 et la BVMAC en 2003, leur activité commence effectivement dans les années 2006. Alors que dans des zones comme l’Afrique de l’Ouest, c’était dans les années 1971.

Il y a véritablement un travail d’éducation et de formation à faire, et cela constitue un problème, parce que ça n’a pas encore commencé. Normalement, il était dit qu’à partir du 30 juin 2019, un certain nombre d’opérations devaient être entreprises. Mais étant donné que le marché est nouveau et que les services mêmes du marché sont encore en train de s’installer, on espère que les gens chargés d’assurer les volets communication, formation et promotion du marché feront effectivement leur travail. Mais, il y a un véritable travail d’éducation à faire, parce que la culture boursière n’existe pas en Afrique centrale.

Il faut bien qu’on y arrive. Le marché financier est un lieu stratégique à la fois pour les États et pour les entreprises et même monsieur tout le monde. Nous n’avons pas encore une culture de patrimoine, une culture boursière, une culture de gestion des actifs. Je pense que les universités et les grandes écoles devraient intégrer ce volet formation pour tous les étudiants. Chaque entreprise devrait avoir un personnel formé sur les activités du marché financier, car toute entreprise qui veut grandir a une voix au niveau de la bourse. Si l’entrepreneur introduit sa société en bourse, il faut que ledit entrepreneur lui-même soit formé.

Au niveau de la mise en œuvre, la faute ne revient-il pas aux dirigeants qui n’appliquent pas véritablement cette disposition de l’Acte additionnel de 2018 dont vous parlez?
Effectivement, à ce niveau, il y a quelque chose à déplorer. Parce que normalement, dès la publication de l’Acte additionnel, les États avaient un délai de 24 mois. Ce délai a expiré. Donc, aujourd’hui, les États sont dans une situation complexe. Mais au moins, dans la constitution du capital de l’entreprise des marchés qui est la BVMAC, les États ont souscrit effectivement à leur 30%. Chaque État devait souscrire à un volume de 5% du capital, et donc, pour six États, on a 30%, ce qui a été fait. Mais il y a cette instruction qui demande aux États de mettre en place des actifs réglementaires qui permettent à toutes les entreprises qui ont une certaine envergure de s’introduire dans le marché financier. Rien n’a été entrepris jusque-là, car aucun État n’a voté une loi qui, justement, détermine le cadre ou alors le niveau des entreprises qui doivent faire leur introduction en bourse.

Est-ce que vous avez l’impression que la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale pourra, un jour, atteindre le niveau des autres bourses dont nous avons connaissance de par le monde?
Effectivement, toute activité a besoin d’être soutenue. La bourse de l’Afrique centrale a face à elle un potentiel énorme. Je déplore qu’on n’émette pas beaucoup, qu’on ne crée pas assez. Dans la création monétaire, par exemple, il y a ce qu’on appelle la contrepartie. Vous ne pouvez pas créer de la monnaie sans la contrepartie. Et en Afrique centrale, on ne crée pas beaucoup. Je prends le cas de la dernière loi sur les zones économiques au Cameroun, qui date de quelque temps. Je constate qu’aucune zone économique n’a véritablement été créée au Cameroun. Pourtant c’est un potentiel.

Si vous prenez le cas du Gabon, lorsqu’il y a eu la loi de création de la Zone économique, cette entité, qui est cotée en bourse, a fait un emprunt obligataire de cette zone économique du Gabon. Donc, si on crée au Cameroun, deux, trois ou quatre zones économiques, ça peut se créer davantage. Voilà un potentiel. Il y a le nombre d’entreprises qui est là, il y a même l’exploitation des ressources naturelles au Cameroun et en Afrique centrale. Tout cela devrait intéresser le marché financier. Et c’est de là que viennent les fonds et les financements qui donnent une attractivité à un marché financier. Lorsqu’on veut atteindre un certain niveau dans un marché financier, il faut qu’il y ait une volonté à la fois politique et même législative.

Parce que l’État qui fait les lois à la possibilité d’orienter l’activité économique d’un pays. Il y a le potentiel, il faut seulement donner à ce potentiel une chance d’être véritablement exploité. Et le marché financier aura tout son sens parce qu’il est adossé à une activité économique. Si l’activité économique se porte mal, le marché aussi se portera mal. Si elle est robuste, le marché aussi le sera. Mais, quand vous jetez un regard sur la dématérialisation des valeurs mobilières, vous voyez qu’elle a un objectif qui est celui de permettre à l’État de déterminer le volume du capital qui est investi dans les entreprises au Cameroun.

Aujourd’hui, pour créer une entreprise, il faut aller voir un notaire qui vous dresse un acte de création qu’on publie dans le journal d’annonces officielles. Et tout cela n’entre dans aucun fichier global. La dématérialisation a pour objectif de recréer toute l’information dans la constitution du capital, pour le volume du capital investi dans les entreprises. Et cela permet à l’État de déterminer la capacité de financement interne d’un pays, de dire quel est l’apport direct dans la constitution du capital au Cameroun. Aujourd’hui, tous les marchés financiers se digitalisent pour la cotation.

La cotation est même désormais électronique; la bourse est désormais en ligne, tout comme les ordres, les transactions, le crédit. La bourse en ligne prend de plus en plus d’ampleur dans toutes les places financières. Par conséquent, si la bourse est en ligne et les valeurs mobilières sont physiques, cela n’aura aucun sens. Donc il faut bien que la dématérialisation soit effective pour mieux alimenter le marché, parce que le marché se développe dans les transactions dématérialisées qui sont faites en ligne.

Alors, s’il fallait s’adresser à l’entrepreneur le plus bas, qu’est-ce qu’il gagne en entrant en bourse?
L’entrepreneur ou le propriétaire d’une PME qui a besoin de financement va résoudre son problème grâce à la bourse. Son entrée en bourse lui permet d’obtenir des financements. Il les obtient en augmentant son capital. Parce que, plus il augmente son capital, plus il alimente son entreprise avec les fonds propres. Parce qu’il fait une émission d’actions, et les gens viennent acheter ces actions. L’argent qu’il recueille devient le capital de l’entreprise, c’est-à-dire les fonds propres que l’entreprise peut investir dans ses plans de fonctionnement. Voilà exactement ce que le propriétaire d’une PME obtient.

Il faut toutefois relever que la bourse c’est la crème de l’entreprise. Ce sont les meilleures entreprises qui sont cotées en bourse. Et lorsque vous êtes coté en bourse, vous avez une valeur aux yeux de vos partenaires, parce que lorsqu’on traite avec votre entreprise, on ne la cherche pas. Pour la retrouver, il suffit de faire une recherche sur le web en tapant «bourse de l’Afrique centrale» pour que votre entreprise apparaisse. Et là, on peut vous faire confiance. Donc il y a cette valorisation de l’entreprise par le marché financier et cette valorisation est à deux niveaux: la valorisation en termes de valeur économique, puisque que si vous êtes bien coté et que vos actions augmentent tous les jours. Cela aura des conséquences pour votre entreprise.

Elle sera désormais crédible auprès de ceux qui souhaitent vous accorder des financements. Même lorsque vous allez demander du crédit à la banque, le fait que vos actions aient une valeur croissante de l’ordre de 15, 20 % par an peut amener le banquier à vous accorder le crédit. Quel que soit le bailleur de fonds que vous sollicitez, il va vous accorder le crédit. Donc la bourse attribue une valeur économique à l’entreprise. Mais aussi, il y a la visibilité pour la promotion de votre entreprise. Parce qu’on la verra partout, parce que la bourse constitue également une vitrine pour l’entreprise. Voilà à trois niveaux, ce que peut gagner un entrepreneur.

Mais comme je le disais, il faut que le concerné soit suffisamment formé sur les mécanismes de la bourse pour qu’à chaque fois, lui-même soit capable de maitriser les activités de ce marché et ne pas courir le risque de perdre son entreprise. Parce que si d’autres personnes viennent mettre plus d’argent que lui dans son entreprise, forcément il sera minoritaire, voire même dépossédé de son entreprise.

Doit-on s’attendre à des extensions de ce document?
J’avoue que lorsque j’ai terminé cette publication, je me suis rendu compte que je n’avais fait que commencer quelque chose qui devrait se poursuivre. D’abord le marché financier en lui est très dynamique. Ce qui veut dire que ce qui a été dit aujourd’hui peut évoluer demain. Parce que le marché financier exige des adaptations et lorsque le nôtre va évoluer, il faudra bien expliquer aux gens ce qui a évolué. Et le travail va continuer certainement.

Propos recueillis par
Jean René Meva’a Amougou

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