Le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, a insisté sur cet aspect lors du lancement hier à Yaoundé du séminaire y relatif.
«Rationalisation des choix budgétaires face aux effets des crises internationales pour l’atteinte des objectifs de la SND30». C’est le thème sous lequel le ministre des Finances a lancé ce 13 juillet 2023 à Yaoundé, le séminaire de préparation du budget 2024 de l’État du Cameroun. Louis Paul Motaze s’est fait fort d’éclairer le chemin des séminaristes. Le membre du gouvernement accompagné d’une demi-douzaine de ses collègues, a évoqué à la fois le contexte, les défis, les objectifs et les pistes de solutions pour atteindre la cible.
Contexte
Le Minfi annonce tout de suite la couleur. «La préparation du budget 2024 se déroule dans un contexte de fortes incertitudes au plan national. En effet, la reprise économique amorcée à la satisfaction des actions engagées par le Gouvernement dans le cadre du Plan d’appui à la relance économique post-Covid, pourrait être freinée en 2023 par les effets du conflit russo-ukrainien». Louis Paul Motaze se fait plus précis. «Après des taux progressifs de 3,6% et d’environ 4%, respectivement en 2021 et en 2022, la croissance économique est révisée à 3,8% pour l’année en cours. En raison du renchérissement des coûts de production causé par la hausse générale du niveau des prix des biens et produits importés, la perturbation des circuits logistiques d’approvisionnement consécutifs au conflit sus-évoqué et de la dépréciation actuelle de l’euro vis-à-vis du dollar».
Il en a déjà résulté pour le Cameroun la nécessité de prendre des mesures d’ajustement. «Soucieux de limiter l’envolée de sa facture destinée au soutien des prix des produits pétroliers et afin de bénéficier des marges supplémentaires pour faire face à ses charges, le Gouvernement s’est trouvé contraint d’augmenter le prix desdits produits, ce qui a davantage accentué les tensions inflationnistes dont le taux est estimé à 5,9% en 2023 contre 3% initialement prévu». Mais il y a plus. Car le Gouvernement a en outre procédé «aux ajustements des prévisions budgétaires de l’État, opérés dans le cadre de l’ordonnance récemment signée par le président de la République Paul Biya».
Il s’agit là de paramètres à prendre absolument en compte pour des prévisions de recettes et dépenses plus réalistes. Compte tenu par ailleurs de ce que «les perspectives ne sont guère reluisantes au sujet de l’issue du conflit russo-ukrainien». D’où l’invite du Minfi à la prudence «quant à la diminution substantielle du niveau de ressources propres en 2024, dans un contexte post-Covid et de mobilisation de recettes pétrolières dont les projections du dernier cadrage budgétaire prévoient pour 2024, une diminution de plus 195 milliards FCFA par rapport à 2023».
Les ressources de financement n’échappent pas non plus à ce pessimisme. «Elles pourraient connaître en 2024 une importante contraction en raison de celle des appuis budgétaires et des emprunts intérieurs» redoute Louis Paul Motaze.
Défis et solutions
Les pistes de solutions envisagées par le ministre des Finances sont nombreuses. Ses propositions aux séminaristes incitent notamment à la prise en compte «des opportunités qu’offre le dernier sommet organisé à Paris sur le nouveau pacte financier mondial. Il s’agit de renforcer les investissements productifs internes avec des projets et programmes remplissant toutes les conditions d’accès aux financements innovants proposés dans ce nouveau cadre de développement et de promotion de la sauvegarde climatique». Pour le membre du gouvernement, cela implique alors «de préparer un budget 2024 qui permette d’évoluer vers ce nouveau financement».
Il exhorte dans le même temps les participants au séminaire à tenir compte de la nécessité de «conduire efficacement l’ambitieux programme économique et financier en cours avec le FMI, en veillant particulièrement au respect des engagements consentis par l’État en matière de conduite et de gestion plus saine de nos finances publiques». Étant entendu que l’ensemble des programmes et projets doit rester aligné sur la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30).
Le renforcement de la croissance économique est de ce point de vue un impératif. Les principaux défis pour y parvenir sont notamment «l’accélération de la politique d’import-substitution; une affectation prioritaire des ressources au développement des filières agricoles et pastorales de grande consommation; le renforcement de capacités de transformation locale et d’exportation des produits de grande valeur ajoutée, etc».
Les administrations douanières et fiscales seront évidemment mises à contribution. «Quant aux recettes non fiscales, leur contribution devra être renforcée, compte tenu des marges de progression encore importantes en la matière», a prescrit Louis Paul Motaze.
Objectifs
À en croire au final le Minfi, le séminaire prend progressivement place dans le calendrier budgétaire de l’État et reste pertinent à plus d’un titre. Tant il est attendu des acteurs du processus de préparation du budget de l’État pour le compte de l’exercice 2024, «d’en questionner les outils et leurs contenus; de revisiter les méthodes et processus utilisés; de partager les innovations et contraintes liées au contexte macroéconomique et budgétaire, et d’harmoniser la compréhension des divers extrants attendus», a-t-il listé. En insistant aussi sur «le fait que les actions de l’État seront être guidées par la recherche d’une plus grande consolidation budgétaire afin de garantir un équilibre plus stable de nos finances publiques, compatible avec la stratégie globale de financement de notre développement». Les travaux prennent fin ce 14 juillet 2023.
Théodore Ayissi Ayissi