Bétaré Oya : L’ITIE expliquée aux communautés

Sous la houlette de l’Ong Dynamique Mondiale des Jeunes (DMJ), les artisans miniers sont allés à l’école de la gouvernance dans les industries extractives.

Vers un assainissement du milieu de la presse à Capitaux privés au Cameroun.

Question essentielle : «C’est quoi l’ITIE?». À la faveur d’un atelier d’appropriation des normes internationales relatives aux industries extractives, Dynamique Mondiale des Jeunes (DMJ) est allé éclairer la lanterne des artisans orpailleurs de Bétaré Oya (Est-Cameroun). Du 11 au 12 juin, des séances d’explications animées par Eric Etoga (chef de projet Industries extractives à DMJ) ont été déclinées en sessions de dénonciation des abus subis par les communautés locales riveraines des sites miniers. Dans leur globalité, les interventions des uns et des autres ont convergé vers le non-versement des ressources engrangées par les entreprises minières; le flou autour de ce que perçoit l’État et la redistribution de l’argent issu de la manne minière.

Sur ces points, Jean-Pierre Samba (chef de 3e degré de Lai 2 parlant au nom de ses sujets) s’est penché sur les contrats et les licences d’exploitation octroyés au entreprises minières. Selon le dignitaire traditionnel, «aucune coordonnée des exploitants d’or dans la zone n’est disponible». «Le sous-sol de Betaré Oya est un no man’s land où opèrent des ogres qui arrivent et s’installent simplement. Nous ne savons pas de qui tiennent-ils leurs autorisations ou encore au nom de quoi ils sont là», déplore-t-il.

Dans le descriptif de la situation, Catherine Mbe Ngagni a soupçonné que «tout vient de Yaoundé». Dans le détail, la présidente de l’Association Soleil Levant a pesté sur divers drames en matière de gouvernance minière dans le périmètre de Bétaré Oya. «On nous dit seulement que le délégué a dit de réserver un accueil chaleureux au gens qui viennent. Et puis, on ne nous associe plus au suivi», affirme-t-elle. Plus creusée encore, c’est l’intervention de Samuel Ndinga, le président du Comité de développement PNDP de Lai. À l’en croire, des filles et fils du terroir sont complices et mis à contribution pour servir d’entregent aux «fraudeurs miniers». «Pas de transparence dans le processus d’attribution des sites; rien sur la part dévolue à la commune et surtout la force des trafics d’influence», c’est le lot malsain qu’il décrit.

Impact environnemental
La triste litanie s’étale aux dégâts environnementaux. «Là encore, fulmine Jean Pierre Samba, la gestion des espaces est révélatrice de graves violations orchestrée par les exploitants étrangers, avec l’onction des pouvoirs publics». Se référant au visage des sites miniers, Catherine Mbe Ngagni s’insurge contre deux choses : la pollution due à l’usage du mercure (et bien d’autres produits toxiques) et la béance des trous partout dans les buissons. Selon Éric Etoga, d’importantes pertes financières sont révélées dans un rapport sur la fraude environnementale en zone minière conçu par DMJ en 2019. «Ce document parle de plus de 600 millions FCFA», soutient-il

Dans un exposé relatif aux règles de l’ITIE, Éric Étoga rappelle qu’elles sont contenues dans un document intitulé Norme ITIE, adopté en 2013. Face aux communautés, le cadre de DMJ les exhorte à s’approprier les informations sur l’ITIE. Celle-ci, dit Éric Étoga, met à la disposition du citoyen toutes les informations utiles sur les versements effectués par les entreprises minières, pétrolières et gazières et sur ce que l’État a reçu. «Pas mieux pour lutter contre la corruption et favoriser le développement durable des communautés», énonce DMJ.

Olivier Mbessité

Médias d’information

Guérir les maux qui rongent l’avenir de la presse

Les patrons de la presse camerounaise veulent changer de statut juridique et alléger les charges fiscales.

 

L’État ne peut plus rester les bras croisés devant la crise sans précédent qui menace la survie de la presse écrite au Cameroun et la santé de la démocratie, a soutenu il y a quelques jours le Réseau des patrons de presse du Cameroun (Repac). C’était lors d’une réunion de travail paritaire avec le ministère camerounais de la Communication. Si rien n’est fait, elle pourrait d’ailleurs dégager sous peu «les importants médias d’information», animant l’actualité du pays.

Pour éviter ce scénario, le Repac composé des journalistes chevronnés tels que Xavier Messe (directeur d’Humanitarian TV), Georges Alain Boyomo (Mutations) ou encore Thierry Ndong (Intégration) réfléchissent sur la viabilité, la réforme du statut juridique, la fiscalité et le financement de la presse écrite au Cameroun. A l’issue des travaux, les patrons de presse rendront leurs conclusions aux autorités gouvernementales et souhaitent que les recommandations qui en sortiront soient prises en compte. «Nous sommes dans un plaidoyer politique. Ce qui sortira de nos échanges devra être pris en compte par le politique. Nous devons faire des propositions concrètes. Notamment le régime juridique des entreprises de presse. Si le politique valide, les fiscalistes trouveront des voies et moyens pour les appliquer», indique Thierry Ndong.

Verrouiller les «Médias hiltoniens»
Concernant les questions de taxes et impôts qui abîment les caisses des entreprises de presse, Georges Alain Boyomo fait remarquer que les autorités ne peuvent pas demander à la presse de payer les impôts comme «une société qui vend du ciment ou du pétrole. On ne peut pas demander à la CRTV ou à Mutations les impôts et taxes aussi importants que ce que l’État demande à la Sonara ou aux grandes entreprises. Alors que, la presse écrite est un produit public non marchand. Trop d’impôt tue l’impôt». Ce n’est pas tout. Le Repac souligne également les maux qui minent le secteur de la presse camerounaise. Notamment la prolifération des «médias hiltoniens».

Pour écarter ces «aventuriers» et privilégier ceux qui veulent faire du journalisme, les directeurs de publications pensent qu’il faudrait changer les procédures de création d’une entreprise de presse en imposant spécifiquement un cautionnement bancaire d’environ 1 million FCFA lors de la création. Ils recommandent aussi aux promoteurs de souscrire à une police d’assurance, de recruter au moins trois journalistes avec contrat de travail et carte de presse. D’autre part, les éditeurs des publications privées œuvrent avec les autorités pour trouver des axes de négociation avec les partenaires (Campost-CVUC) pour la mise en place d’un système de distribution performant des journaux après le départ du distributeur Messapresse en décembre 2020.

Aide de l’État à la presse à capitaux privés
Rappelons que depuis plusieurs années, l’État camerounais met chaque année à la disposition des médias privés, un fond jadis appelé «Aide publique à la communication privée», devenu depuis 2020 «Appui Institutionnel à la presse à capitaux privé». Cette enveloppe varie entre 240 et 300 millions de FCFA. Une centaine d’entreprises de presse reçoivent une aide en fonction de leur taille. Toutefois, il faut dire que cet appui gouvernemental n’est pas toujours suffisant pour couvrir les charges essentielles dans la production d’un journal, pour un pays qui enregistre environ 300 tabloïds, une centaine de radios FM et une trentaine de chaînes de télévision. Pour des patrons de presse, l’État camerounais devrait encore faire davantage pour permettre aux médias de se relever véritablement, après une année sombre liée au choc créé par la pandémie à coronavirus.

Landry Kamdem

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