Bamenda : Paul Biya défie les sécessionnistes

Les hiérarques du parti de Paul Biya ont tenu leur meeting de lancement de campagne samedi dernier dans le chef-lieu de la région du Nord – Ouest. Malgré les menaces formulées par des séparatistes. 

Les responsables du RDPC dans le Nord-ouest lors du meeting de lancement de la campagne présidentielle

C’est une ville de Bamenda, avec des banderoles et panneaux publicitaires par endroits à l’effigie de Paul Biya, en français et en anglais «la force de l’expérience, the force of experience», qui accueille l’élite du Rdpc ce samedi 22 septembre 2018, jour de lancement officiel de la campagne. Philémon Yang avec à ses côtés les autres ministres et élites de la région du Nord-Ouest, bravent les menaces de la milice sécessionniste Adf, pour donner le coup d’envoi de la campagne de leur champion à Bamenda. Une campagne qui, selon le chef de la délégation permanente régionale, doit se faire par le porte-à-porte. Le Premier ministre chef du gouvernement demande aux militants de ne pas céder à la provocation. Il invite à convaincre les indécis sur la pertinence du choix à porter à leur champion Paul Biya le 7 octobre prochain.

Il tend la perche aux sécessionnistes, en les invitant à déposer leurs armes et à revenir à de meilleurs sentiments. À ce sujet, il les invite à venir exprimer leurs doléances à travers les urnes, voie royale d’une transition démocratique dans tous les pays civilisés. «Le terrorisme, les tueries, les kidnappings et les menaces constantes ne sont pas nécessaires. Le terrorisme est brutal et ne peut solutionner un problème dans une nation moderne». Sans détour, le locataire de l’immeuble étoile affirme : «les terroristes sont les ennemis du progrès, de la paix et de la prospérité au Cameroun. Le Rdpc promeut la paix, l’unité, le progrès, le développement et l’intégrité territoriale du Cameroun». Pour lui, le Cameroun ne connaitra pas de sécession «ceux qui soutiennent la partition du pays ont fait un mauvais choix».

Le leader de l’UDP et militants roulent pour Paul Biya dans le Nord-ouest

C’est pourquoi il voit en la pluralité linguistique et culturelle du Cameroun un atout qui a besoin d’un système de gouvernement unitaire décentralisé inscrit dans la constitution. Aux militants, il rappelle que le boycott de l’école est un moyen facile de détruire le socle solide du système éducationnel. Or le président Paul Biya promeut constamment les valeurs éducationnelles. Raisons pour lesquelles il faut lui accorder un nouveau septennat à la tête du Cameroun. «Un suffrage exprimé en faveur de Paul Biya est un vote irréversible au processus de décentralisation, à la promotion d’un standard élevé de l’éducation de nos enfants, un vote pour la paix ; le vivre ensemble ; le développement et la stabilité».

Hormis le Rdpc et de la United Democratic Party (Udp) d’El Hadj Lawan Bako (un parti allié à la majorité présidentielle), qui ont organisé simultanément le lancement de campagne, Bamenda est resté un terrain en friche samedi dernier, premier jour de la campagne pour la présidentielle. Nulle part on a vu dans la cité capitale du Nord-Ouest les lieutenants des huit autres challengeurs de Paul Biya. Vont-ils également dominer la peur et se jeter à l’eau ? Wait and see.

Zéphirin Fotso Kamga

Eséka

Une partie à deux entre le RDPC et l’Univers

Lors d’un meeting organisé la semaine dernière à l’intention des jeunes du Nyong-et-Kelle, la scène a été occupée par des gladiateurs très inspirés contre le candidat Cabral Libii.

Eséka ce 16 septembre 2018. La salle des Actes d’une église est pleine comme un œuf. Anciens et nouveaux militants s’époumonent à reprendre ce qui, pour eux, tient lieu actuellement de slogan identitaire du parti: «Paul Biya ! Encore 7 ans». En ce dimanche ensoleillé, c’est le fil conducteur du «méga-meeting des jeunes du Nyong-et-Kelle». Occasion pour l’élite politique locale du RDPC (dix présidents de sections) d’évoquer une nostalgie d’anciennes civilités. Selon les orateurs, ces civilités sont toutes structurées autour du «vote massif comme la fois dernière». Pour cela, ils rédigent et lisent une déclaration appelant les fils et les filles du Nyong-et-Kelle à voter pour le «candidat naturel du RDPC». L’Union des populations du Cameroun (UPC-faction Bapooh Lipot) est parmi ceux qui tiennent le stylo.

Pour le député Parfait Gwodo Kouang, cela se décline autrement: «Il est temps que notre département ne s’égare pas ; même si nous avons un fils du terroir qui s’est porté candidat, sans avoir de l’expérience». Pour Agnès Mbeng, présidente de la sous-section OFRDPC de Makak, «on dit non aux jeunes sans expérience, avec des discours creux et des divisions». Les mots sont certes épurés, voire ciselés, mais ils cognent fort dans ce département où, finalement se joue une partie à deux entre Paul Biya et Cabral Libii.

Les jeunes du Nyong-et-Kelle apprécient. Ils sont au centre de toutes les précautions. Les discours ne révèlent pas tout dans la brutalité de la forme. Seuls des détails intimes servent d’éléments implicites de langage. Bienvenu Bitom Tjomb renseigne que «la fibre affective du peuple Bassa’a risque contrarier les ambitions du RDPC dans le département». En clair, la menace vient de ce que Cabral Libii est l’un des neveux de Mpondol Ruben Um Nyobe. «Alors, pour faire gagner Paul Biya ici, dit Bienvenu Bitom Tjomb, le RDPC doit procéder à l’effacement du côté partisan de ce symbole ; décloisonner un rituel souvent perçu comme propre aux Bassa’a. Pour y parvenir, le parti doit se débarrasser des faux militants, car « dans les rangs, il y a en qui veulent saboter le parti de l’intérieur».

André Balla (Stagiaire)

Pour Akere Muna 

Le changement, «c’est maintenant !»

Le leader du « Mouvement Now » a lancé sa campagne électorale par une convention de présentation de son programme, samedi 22 septembre au palais des congrès de Yaoundé. 

 

Dans la «salle des 1500 places» du palais des congrès de Yaoundé, le show se veut à l’américaine: écran géant, prompteurs, partisans en arrière-plan sur l’estrade, traducteurs pour les malentendants, ballons gonflables et confettis jetés à la fin du discours, etc. Pour le lancement de sa campagne présidentielle doublée de la présentation officielle de son programme, le candidat Akere Muna a vu les choses en grand. «Tout le monde ne peut pas se payer le palais des congrès», commente, plutôt impressionné, un membre du comité central du Rdpc qui sort d’une réunion du parti au pouvoir au quatrième étage.

Pendant près de sept heures d’horloge, les partisans de l’ancien Bâtonnier «chauffent le public» composé en majorité de jeunes. Ce sont d’ailleurs ces jeunes qui seront les premiers à se succéder sur le podium pour justifier leur soutien au porte-fanion du «Mouvement Now». Suivront ensuite des personnalités, à l’instar de Me Yondo Black, puis des leaders des différentes formations politiques qui ont choisi de rejoindre «La plateforme». Issa Habiba de l’Union des populations du Cameroun (UPC) ou encore Alice Sadio de l’Alliance des forces progressistes (AFP) pensent toutes comme l’assistance : Akere Muna est le seul candidat capable d’apporter «La nouvelle République».

«7 octobre 2025»

La vedette du jour arrive alors qu’il est un peu plus de 17 h. «Le moment est venu pour nous de construire un nouveau Cameroun. Le Cameroun mérite mieux. Les Camerounais méritent mieux», déclare l’ancien bâtonnier en justifiant une fois de plus sa candidature. Pendant près d’une heure, Akere Muna va dérouler son programme pour les sept prochaines années. Intitulé «C’est maintenant! Ce que je veux pour le Cameroun», le programme du candidat Akere Muna a trois grands axes : État et politiques étrangères, social, puis économie. Chacun de ses axes est divisé en plusieurs chapitres pour un total de 117 pages.

En «État et politiques étrangères» par exemple, le candidat propose de «consolider la démocratie constitutionnelle», d’assurer l’efficience de la politique du genre, ou de promouvoir la paix et la démocratie au niveau panafricain. Au plan économique, de la réforme agraire au développement du réseau ferroviaire, en passant par l’économie digitale, le candidat ne fait pas l’économie des promesses. En société, l’ancien président de Transparency international Cameroon promet de venir à bout de la corruption. Un fait qui révèle l’état d’esprit du candidat et de ses partisans : l’écran géant de la salle affichait pour la présidentielle du «7 octobre 2025». Pour Akere Muna, 2018 semble être un acquis…

André Balla (Stagiaire)

Tendance 

Paul Biya, tête à claps et à claques

En 2018, le président de la République passe, à la fois, à l’encre des plumes vénéneuses et à celle des écrivains militants… en de toile de fond, le scrutin du 07 octobre prochain.

«Paul Biya». Vraiment âpre, le titre. Au moins avec ça, Oswald Baboké, son auteur, a tout dit en un coffret de deux tomes bilingues. Dans les colonnes de Cameroon Tribune ce 4 septembre 2018, le directeur adjoint du cabinet civil de la présidence de la République revendique simplement sa volonté de révéler l’itinéraire biographique de l’actuel chef de l’État. «Ce n’est pas une trouvaille !» rétorque Laurent Essomé. L’universitaire et critique littéraire camerounais tourne plutôt son regard sur deux référentiels: le temps et l’espace. «C’est concomitant à la période électorale au Cameroun, comme d’autres publications de la même veine d’ailleurs», situe-t-il.

«La présidentielle aidant, certains parmi nos concitoyens se syndiquent soit pour pondre des livres à la gloire de Paul Biya ; soit pour écrire au vitriol contre son régime. Cela est une tendance», assume Pulchérie Bassega. Pour décrire «la tendance», cette spécialiste du marketing associée à plusieurs maisons d’édition de la place orne son propos de chiffres. «La balance donne une indication de taille. Pour cette année consacrée à l’élection présidentielle, juste quelque deux auteurs sont restés collés à la nuque et aux talons de Paul Biya», évalue-t-elle. Il s’agit, indique Pulchérie Bassega, de «la toute récente production Baboké» et de «2018 Renouveler la confiance à Paul Biya» de Faustin Balla, dédicacé en grande pompe le 26 juillet 2018 à Yaoundé. Accessoirement, notre interlocutrice évoque la nouvelle édition de «Pour le libéralisme communautaire», officiellement écrit par Paul Biya lui-même en 1987, chez Fabre.

«À travers un jeu de combinaisons sans fin, ces trois livres ne consacrent autre personne que le président de la République, sans autre piment nouveau». En clair, dans le gratin des écrivains militants, tel qu’ils se revendiquent, le discours s’énonce plus dans le travail de la forme, moyennant quelques aménagements esthétiques, aboutissant à trahir le seul souci de présence dans l’espace politique et social du moment.

Chez ceux qui trempent leur plume dans de l’acide, «ils visent Paul Biya pour empuantir sa campagne, même s’ils l’avouent difficilement», selon le constat de Valéry Foka. De l’avis de ce stratège événementiel, proche du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), «la période de campagne électorale et la sortie de leurs livres au vitriol, tout cela n’est pas anodin». Dans cette mouvance, Pulchérie Bassega estime que «comme ailleurs, ceux qui souscrivent à l’idée que la révolution constitue l’horizon historique de la lutte à mener contre un candidat sortant se créent aussi un espace littéraire». Dans cette palette, l’on retrouve «Urgence d’un Nouveau Pacte Républicain et Social». L’ouvrage récemment commis par l’ancien ministre de la Santé publique Urbain Olanguena Awono et préfacé par Mgr Samuel Kléda, l’archevêque de Douala, passe à la moulinette les années Biya. Titus Edzoa, un autre ex-membre du gouvernement, s’accommode aussi à cela dans «Cameroun, combat pour mon pays», paru cette année aux éditions Duboiris.

Jean René Meva’a Amougou

 

Voici pourquoi la coprésidence du Cuppire ad-hoc de l’Aprabmu Cameroun, s’adresse aux neuf candidats à l’élection présidentielle en cours, par la lettre d’invitation du cinq de ce mois 

(Soit la coprésidence du comité ad-hoc d’urgence patriotique de préservation des Institutions Républicaines de l’Etat du Cameroun, qui émane de l’Association Professionnelle de Ramification d’Actions de Bilinguisme et de Multiculturalisme d’Unification).

Il est question pour nous, patriotes actifs, de solliciter l’interférence pour notre base-arrière pluridisciplinaire, afin d’assurer la préservation des Institutions républicaines, en ces périodes pré-post élection présidentielle et CAN 2019.
D’après nos appréhensions patriotiques, les désespoirs et méfiances massifs, exacerbés par le statu quo et l’alternance sans alternative, sont à l’origine des tensions sociales explosives pré-post électorales ; et avec surtout, l’exploitation opportuniste.
Convaincus que prévenir , vaut mieux que guérir, la crainte de tensions sociales explosives, ne saurait laisser tout patriote indiffèrent. Et la façon rassurante de préservation consiste à faire restaurer immédiatement l’espoir à la majorité de la frange active des populations. D’où cette nécessité impérieuse de constituer la présente base-arrière, d’actions directes-rapides.
Pour parvenir à la restauration d’espoir immédiat à ladite majorité, il va falloir en aval, programmer la mise sur pied des concepts-plans ASS, d’établissement de l’autosatisfaction tous azimuts par pouvoirs d’achat ; et en amont, ceux de résorption des autres problématiques autodestructrices, telle que celle de la grande et moyenne corruption, par réajustement.

La principale cause de la criarde insatisfaction du Cameroun et de ses environs étant systémique, l’application des mesures correctives de résorption des effets-causes sociaux, s’avèrent indispensables et prioritaires. Et surtout, celles d’établissement de l’autosatisfaction gageant la croissance économique soutenue-continue et les emplois décents, nécessitant préalablement la reconnaissance et l’adoption du système logique naturel d’inter dépendance saine.

Cela signifie en d’autres termes, que les systèmes de souveraineté et de libéralisation simpliste, sont devenus inefficaces et périlleux. Parce que à cette ère de l’irréversible mondialisation/globalisation, les technologies de communications et d’information déterritorialisent ou créent l’extraterritorialité.

Il va sans dire, que c’était cette profonde appréhension qui avait poussé les gouvernants de certaines puissances européennes, à abandonner leurs monnaies de souveraineté. Notre base-arrière soutient mordicus, que ces très fiables monnaies communes FCFA-Euro en amarrage de surcroît, ne déçoivent massivement qu’à cause de non- ramification et du manque de lotissements des inters espaces de création des richesses communes.

pour faire automatiser et pérenniser l’esprit patriotique de préservation desdites Institutions, les gouvernants de l’Etat du Cameroun et de ses environs, sont priés de faire instaurer les systèmes d’éducation intégrale et intégrée, consistant notamment à institutionnaliser l’interférence éducationnelle inclusive, afin de fusionner et adapter intégrer les systèmes d’éducation/conscientisation-façonnage et d’instruction/enseignement, tout en faisant de l’enseignant et de l’enseignante, l’éducateur et l’éducatrice bis, en traitant comme tel ; mettre l’accent sur l’inter dépendance saine du genre, avec l’intégration professionnelle de la femme.

Et aussi, faire amener les Organismes spécialisés de L’ONU, à soutenir l’instauration des devoirs universels de l’individu dont les droits constituent automatiquement la contrepartie respective, et de la diplomatie de rapprochement des peuples et de la coopération inter professionnelle de bases, en lieu et place de celle qui anime les relations favorisant les systèmes d’auto destruction et de la corruption, dont notre base-arrière est aussi victime en ce moment, avec forte soupçon de disparition forcée d’un membre.

Outre son importance capitale dans la préservation des institutions républicaines, la reconnaissance et l’adoption dudit système d’inter dépendance saine, rassure l’établissement de l’autosatisfaction tous azimuts par pouvoirs d’achat, est aussi susceptible de faire temporiser et/ou résorber notamment l’esprit d’égoïsme et d’égocentrisme.

Et surtout, avec le système d’inter dépendance saine, scellant le multilatéralisme, les secteurs essentiels, les domaines de services stratégiques et le secteur capital et vital comme celui de l’agriculture, feront l’objet de structurations adéquates. Parce que le partage de revenus, en cas d’exploitation, soit institutionnalisé afin de faire assurer la part logique nationale-permanente, de trente pour cent ; contre moins de cinq pour cent, en ce moment.

Pour ledit secteur capital vital, doit être d’abord reconnu institutionnellement comme celui de la solidarité nationale ; et en suite, il devient semi-marchand, en faisant des vendeurs des produits de grande consommation et de premières nécessités, et de certains concitoyens et sympathisants dévoués, des opérateurs-modérateurs et d’agriculteurs véritables, soit des acteurs socioéconomiques professionnels et spécialisés, avec le soutien étatique et multilatéral multiforme.

Afin de parvenir à assurer la sécurité et l’autosatisfaction alimentaire tous azimuts, constituant le soubassement du reste des attentes principales, le secteur agricole est à mesure de jouer aussi le rôle de canal des augmentations étatiques spontanées de revenus sans discrimination, à la frange active des populations.

Et éventuellement, pour atteindre les objectifs de développement conjoint-intégré, multisectoriel-durable, d’ordre économique, social-et environnemental tous azimuts, la culture de l’inter dépendance saine, doit faire l’objet d’incarnation, de la cellule familiale jusqu’à la diplomatie, en passant par toutes les administrations publiques, la société civile organisée, les corps socioprofessionnels.

Pour la coprésidence garante,
Antoinette Tangono
Mebiame Aboubakar KOERE

Serge Espoir Matomba 

Un self-made président ! 

Le jeune entrepreneur veut transformer ses succès en affaires en succès politiques. 

La silhouette fluette de jeune cadre dynamique, en bras de chemise dans les meetings ou sur les plateaux de télévision. Serge Espoir Matomba est le prototype du jeune leader politique «new generation». Mais ne le comparez surtout pas à Obama, Trudeau ou Macron. «Matomba ne s’inspire de personne. Il fait du Matomba», reprécise fièrement un membre de son équipe de campagne.

Mais ne l’assimilez pas non plus au «Trump camerounais», car le jeune prodige des affaires ne s’identifie qu’à une seule personne: lui-même. Fier et sûr de lui, Serge Espoir Matomba l’est. Lui qui a en 1997, alors qu’il n’a que 17 ans, met sur pied sa première entreprise, au nom de «l’esprit d’entreprenariat qu’on développe très tôt». A l’en croire, «Mes parents ont été d’un très grands apport là-dessus». «Espoir Lda» est sa première entreprise. «Une entreprise d’étude et de viabilisation des projets» au Portugal, où il est installé. Quelques années plus tard, il monte une autre société, «Tom super qui facilite l’intermédiation des offres des hydrocarbures entre plusieurs entités morales et les Etats».

C’est à la faveur de la création de cette entreprise, et par le truchement de l’ancien président Kumba Yala (Guinée Bissau), qu’il est présenté à Hugo Chavez, le charismatique président vénézuélien, de regretté mémoire. Hugo Chavez charge Matomba de vendre le pétrole de son pays aux pays européens. «Aujourd’hui je peux compter une dizaine d’entreprises que je possède», vante Serges Espoir Matomba. La plupart de ces entreprises se trouvent hors du Cameroun. Seules trois sont basées à Douala. Des filiales camerounaises de «Tom Super». A Yaoundé, au quartier Olezoa, l’homme d’affaires possède une agence qui propose des services dans les domaines de la vente des billets d’avion, du tourisme et la réservation hôtelière.

Séduction

Né le 30 septembre 1979 à Douala, d’un père agent de police et d’une mère au foyer, les parents de Serge Espoir Matomba ne se mêlent pourtant pas de politique. Selon sa biographie officielle, sa mère Naomie Mondj préfère lui parler de la culture Banen dont il est héritier. Emmanuel Didier Baboulek, son père, lui vante ses racines Yingui, dont il est originaire dans le département du Nkam (région du Littoral).

Installé au Portugal dès 1997, Serge Espoir Matomba a l’âme, les racines et les rêves à plus de 2000 km de là. En 2008, il décide de rentrer au Cameroun. «Lorsqu’on est à l’étranger, on a une grosse difficulté à communiquer avec les siens restés au pays parce que la plupart des communications tournent autour de l’argent. Envoyer de l’argent pour ceci ou pour cela. J’ai eu l’habitude de faire des transferts d’argent vers le Cameroun», développe-t-il. Il poursuit: «Je suis même venu au pays pour apporter mon soutien à certains, sous forme de financements. Après un ou deux ans. Vous vous rendez compte que la personne que vous avez soutenue il y a quelque temps à coups de millions régresse plutôt. Je me suis posé la question: qu’est-ce qui ne marche pas? Vous vous rendez compte après qu’il y a un problème d’environnement», relate-t-il pour justifier son engagement en politique.

Seulement, en politique, c’est moins la capacité à entreprendre que les aptitudes de séduction qui font recette. Et depuis que l’homme s’est engagé à briguer la magistrature suprême le 7 octobre 2018, l’entrepreneur distant et un tantinet condescendant s’est mué en véritable séducteur politique. Il faut séduire un électorat qui ne le connait que très peu, sinon pas. «Les gens ne le connaissent pas, c’est pour cela que certains le trouvent hautain et distant. Le voyez-vous distant?» tente de défendre René Bonono Bakota, secrétaire national aux relations presse du parti Peuple Uni pour la Rénovation sociale (Purs).

Conseiller politique

En 2010, l’homme d’affaires à succès crée le Peuple uni pour la rénovation sociale (Purs). Il en devient le Premier secrétaire. «Le parti est jeune. Ses leaders aussi». Et le Purs entend prôner «la citoyenneté, le dialogue avec la jeunesse, mais surtout […] fait des propositions pour une meilleure perspective d’avenir et une alternance politique, gage d’un meilleur Cameroun», peut-on lire dans les textes fondateurs de cette formation politique. Mais cette migration vers la politique ne va pas sans incompréhensions. «Le projet est mal perçu par son entourage. Ses parents lui demandent pourquoi un jeune chef d’entreprise prodigieux prend le risque de se jeter dans l’arène politique», renseigne sa biographie officielle.

Serges Espoir Matomba semble toutefois avoir une idée précise de ce qu’il veut. Il rejette les accusations de novice en politique. En 2000, rappelle-t-il, «j’ai compté parmi les conseillers de l’ancien président de Guinée Bissau, Kumba Yala, renversé en 2003 par un coup d’Etat». «Lorsque je parle de politique les gens ont tendance à croire que je me lance par improvisation. J’ai touché du doigt les réalités de la politique. Je sais de quoi je parle. Je sais ce que c’est que l’impact d’une décision politique dans la vie d’un citoyen», se défend-t-il. En 2017, Le Premier secrétaire du Purs décide de se lancer dans la course à Etoudi. Il refuse de s’effacer au profit de Cabral Libii, alors en quête d’un parti politique disposant d’élus locaux pour l’investir. Les négociations entre les deux jeunes leaders politiques échouent et Matomba décide de faire cavalier seul.

Self made man

Et lorsqu’il décide de franchir le rubicond, l’homme ne regarde désormais plus la dépense, pour marquer une fois pour toute son entrée en politique. Les rues de la ville de Douala portent encore les souvenirs de ses longues caravanes formées par endroits de rutilantes. Dès 2010, il lance une campagne dénommée «Un jeune, un vote», et une autre sur le thème de la sensibilisation contre le choléra. En 2011, il fait des propositions à Elecam pour favoriser le bon déroulement de l’élection présidentielle d’octobre. A l’occasion, il affirme avoir offert 300 véhicules à l’organisme en charge de l’organisation des scrutins au Cameroun.

L’un de ses faits d’arme les plus marquants est la grève de la faim en juillet 2014, pour protester contre l’augmentation des prix des hydrocarbures et la signature des Accords de partenariat économique (Ape) avec l’Union européenne. «Je pourrais recommencer aujourd’hui», rassure celui qui convoite pour la première fois le fauteuil présidentiel.

Devenu conseiller municipal de la marie de Douala 4ème au terme du scrutin législatif et municipal de septembre 2013, Serge Espoir Matomba se garde de toute ambition personnelle. «Je suis un entrepreneur politique […]. Je ne crée pas des entreprises pour devenir riche», clame-t-il. Pour le Cameroun, le jeune homme d’affaires veut «inverser les priorités [et] récréer un autre type de Camerounais». Car, constate-t-il, les «Camerounais ne sont pas assez lucides». L’exercice semble périlleux pour ce «self made man», qui veut éviter d’être à la fois populiste et élitiste.

Mais la campagne électorale est avant tout une affaire de charme et de promesses. Et Serges Espoir Matomba fait des promesses. Son programme économique et social est une valse de chiffres : création de 5 millions d’emplois en 5 ans ; création d’un million d’entreprises en 5 ans ; accompagnement des entreprises à hauteur de 100 milliards Fcfa par an ; organisation des états généraux des finances pour dégager 4000 milliards Fcfa ; 1200 milliards Fcfa prélevés pour le système éducatif ; 100 milliards Fcfa de dotation annuelle pour l’enseignement supérieur, etc.

Eloigné depuis cinq ans de la gestion de ses entreprises, il croit en «sa responsabilité sur le Cameroun» et entend bien devenir, après le scrutin du 7 octobre 2018, le troisième président de l’histoire du Cameroun.

Ifeli Amara 

Le candidat et l’intégration 

Repositionner le Cameroun dans le monde 

Sur le plan diplomatique, Le Premier secrétaire du Purs entend mener une « diplomatie offensive et dynamique visant la contribution au développement économique (la production à travers l’industrialisation), la projection à l’extérieur de l’identité et les valeurs portées par le Cameroun ».

Au niveau de la sous-région Afrique centrale, Serges Espoir Matomba fait un procès sans complaisance de la Cemac. Il reconnait cependant que l’institution sous – régionale a quelques « points positifs » et dispose d’une « technostructure qui fonctionne ». A l’en croire, la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale « souffre de plusieurs maux qui plombent son opérationnalisation ». Notamment, la libre circulation des personnes et des biens transformée par les Etats ; la « liberté de séjour » ; les égos surdimensionnés des chefs d’Etat; l’absence de capitalisation et de l’action du statut de leader du Cameroun ; l’absence de gouvernance de qualité dans le fonctionnement des structures de la Cemac…

Le Purs projette par conséquent la « diplomatie offensive qui permettra au Cameroun de jouer son rôle de leader et de locomotive de la sous-région ». Le gouvernement du Purs ambitionne par ailleurs de sortir du Fcfa au bout de « deux ans ». Serge Espoir Matomba trouve la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) encore moins viable que la Cemac. Il compte actionner ses leviers de développement pour profiter d’un marché plus étendu.

AO

Bio-Express

Nom: Serge Espoir Matomba

Age : 39 ans
Expérience professionnelle: Homme d’affaires, Pdg des entreprises «Tom super» spécialisées dans l’intermédiation pétrolière. Promoteur de nombreuses autres entreprises dans divers services.
Parcours politique: 2010, Fondateur et Premier secrétaire du parti politique «Purs». Conseiller municipal à la marie de Douala 4ème.
Niveau académique : maitrise en sciences économiques
Situation matrimoniale: Marié et père de plusieurs enfants.
Traits particuliers: Parle six langues, dont le portugais.

 

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