Bamenda et environs : Règlements de comptes et arnaques à la pelle

Dans la capitale régionale du Nord-Ouest et ses banlieues, milices et forces de défense se payent arbitrairement la tête des coupables et des innocents.

Andrew Tanyi Ngwa revient de loin. De son propre aveu, ce natif de Bamenda est passé devant le tribunal des séparatistes la semaine dernière. Selon le récit de l’infortuné, une «convocation» lui a été servie par un «juge ambazonien», sous la diligence de sa propre épouse. Contre le gré de cette dernière, Andrew Tanyi Ngwa aurait piloté une transaction immobilière. Pour calmer la douleur de la conjointe, le «tribunal ambazonien» a appliqué sa loi: en plus d’exiger le remboursement du pactole reçu dans la transaction, Andrew Tanyi Ngwa a subi d’autres traitements inhumains.

Ces derniers temps, des faits divers mettant en scène ambazoniens et forces de sécurité racontent des drames d’un bout à l’autre de la ville de Bamenda et sa périphérie. Dans la zone, la montée des incivilités et le désarroi des populations en disent long sur les règlements de comptes et autres arnaques. En juillet 2018, lieu-dit Veterinary Junction (Bamenda), une fille-mère est violée par un élément des forces de défense. L’image de la jeune fille larmoyante avait fait le tour des réseaux sociaux. Le ministre délégué à la présidence de la République en charge de la Défense s’était saisi de l’affaire. L’élément incriminé avait été traduit devant le tribunal militaire.

En 2017 alors que la crise sociopolitique dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest prend peu à peu de l’ampleur sur le plan sécuritaire, Tim Finnian, directeur de publication du journal Life Time, paraissant à Bamenda, était mis aux arrêts et déféré à la prison de Kondengui à Yaoundé. «Une interpellation manipulée par un gendarme en service à la légion de gendarmerie du Nord-Ouest», dit-il ce 20 juin 2020.

Pierre S, vendeur ambulant des journaux, avait lui aussi fait l’objet d’une interpellation-incarcération dans le cadre de cette crise. À le croire, c’est un directeur de publication d’un certain journal qui avait commandité son arrestation. «Il m’avait vu en train de vendre les journaux. Il a appelé les éléments de maintien de l’ordre qui sont venus m’arrêter sous le prétexte que je vendais le journal Cameroon Report. Ce journal, m’a-t-on reproché, faisait l’apologie des séparatistes. Après plusieurs jours en cellules, ma famille a dû cravacher dure pour débourser 500 000 francs pour ma libération».

Zéphyrin Fotso Kamga

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