Bamenda by night : timide reprise des activités

La peur continue d’animer la majorité de la population malgré la levée du couvre-feu.

 

« Vous allez essayer d’abord avant de venir me dire. Quant à moi, je ne peux pas pour l’instant quitter ma maison après 18h, pour aller en boîte de nuit. Je dois attendre encore deux mois pour voir comment sera l’atmosphère avant de visiter ces lieux ludiques« .  Ces propos sont de Venatus Wirngo, habitué des boîtes de nuit de la cité capitale du Nord-ouest. Il répondait ainsi à l’un de ses amis. Emmanuel Nsosika l’informait vendredi14 juin 2019 de la levée du couvre-feu dans la région et l’invitait à sortir le Week-end dernier prendre le pouls de cette décision dans l’une des places ludiques du chef-lieu de la région du Nord-Ouest.

Le refus de Venatus Wirngo traduit la méfiance des citoyens de la ville de Bamenda. « Peut- être c’est un fake news, cette mesure relayée sur les réseaux sociaux portant levée du couvre-feu« , lance Emerencia Sirri Ngwa.  Et Martin Dobgima Akosi d’ajouter :  » en tout cas on ne perd rien à observer même pendant une semaine pour voir si c’est effectif« , indique-t-il. Pour lui,  » ça peut être un piège. On peut en restant dehors après 21h se faire happer par les forces de défense et de sécurité « . Cette prudence a été de mise le week-end dernier. La plupart des habitants de Bamenda ont regagné sont rentrés chez eux, comme d’habitude depuis seize mois, avant 21h.

Toutefois, certains noctambules ont pris le risque.  » Pour une première, depuis un bon bout, j’ai entendu les bruits de motocyclettes circuler dans mon quartier à Ngomgham autour d’une heure au petit matin, dans la nuit de samedi à dimanche » laisse entendre Damien Mvo. Ce qui pour lui traduit que la mesure est effective.

En effet, vendredi dernier 14 juin 2019, le gouverneur du Nord-ouest, Adolphe Lele Lafrique Deben Tchoffo, a pris un arrêté No 011/RO/E/GNWR/GS/PAOD portant levée de la restriction des mouvements des personnes et des biens dans la région.

Dans son Article 1er, ledit arrêté précise : « les mesures sécuritaires portant restrictions des mouvements de personnes et biens dans la région du Nord-ouest sont à compter de la date de signature du présent arrêté levées« . Le patron du Nord-ouest charge les autorités administratives et les responsables des unités de forces de défense et de sécurité à implémenter ladite décision.

On retiendra tout de même que le couvre-feu institué dans le Nord-ouest depuis seize mois avait contraint les cabarets, snacks-bars et autres boîtes de nuit de Bamenda à mettre la clé sous le paillasson. Les employés de ces structures s’étaient retrouvés au chômage. Les musiciens en herbe étaient obligés de quitter la région ; les mélomanes aussi. Les belles de nuit, faute de clientèle, avaient pris la route des autres capitales régionales: Bafoussam, Douala, Yaoundé… C’était le prix à payer au regard du climat d’insécurité lié à la crise dite anglophone. Laquelle a fait de nombreuses victimes dans la région du Nord-ouest.

Zéphirin Fotso Kamga

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