Bakassi au Cameroun : Cliquetis sournois dans la péninsule

Des forces camerounaises en état d’alerte suite aux menaces permanemment proférées par des miliciens du Biafra.

Que s’est-il passé à Bakassi il y a quelques jours? Contacté par nos soins ce 20 août 2021, Lawrence Nwafua répond: «des affrontements ont brièvement éclaté entre les forces camerounaises et des miliciens de la Ligue des Nations du Biafra (BNL, NDLR) dans la nuit du 16 au 17 août 2021». Décrivant la situation actuelle, le préfet du Ndian (région du Sud-Ouest) dit que «le calme est revenu partout dans la péninsule; le Bataillon d’intervention rapide (BIR, NDLR) resserre les boulons de la sécurité avec des équipes musclées et maintient la paix comme toujours». Le drapeau camerounais a-t-il été arraché? Lawrence Nwafua affirme: «cette information est fausse !»

Dans le haut-commandement de l’armée camerounaise, l’on établit ce constat clinique: «de plus en plus souvent, nos forces sont visées dans les communiqués attribués à BNL. Il y a bien un bruit de fond qui persiste et tend à s’amplifier», reconnait un haut-gradé. Allusion est faite aux déclarations bruyantes de Princewill Chimezie Richard (chef national de BNL). Ce dernier, au cours d’une sortie sur les réseaux sociaux le 17 juillet 2021, avait en effet annoncé une opération de sabotage contre le Cameroun dans la péninsule de Bakassi.

Par la suite, Ebuta Akor Takon (chef national adjoint de BNL) et de Linus Essien (chef d’état-major général) et Henry Edet (le chef des opérations) s’étaient chargés de mettre la «menace à exécution, avec à la clé la fermeture totale du Golfe de Guinée», selon le journal «Daily Post». Au passage, rapporte le média nigérian, «BNL avait insisté sur le fait que pour intensifier les efforts visant à saboter la sécurité maritime du Cameroun dans la région, ils ont promis de rendre difficile pour le président Paul Biya l’administration de la partie cédée du territoire de l’ancien Nigeria oriental».

Récidive
Ce n’est pas la première fois que, côté nigérian, des voix s’élèvent dans le but de renverser le sens des accords de Greentree. L’on se souvient que le 18 août 2020, Fani Kayode (le président du parti politique dénommé Peoples Democratic Party, PDP) dénonçait «l’exécution incomplète» de l’accord signé le 12 juin 2006 sous l’égide des Nations unies, entre le Cameroun et la République fédérale du Nigeria, au sujet de la péninsule de Bakassi. L’homme politique se disait alors convaincu de l’urgence d’envisager un autre horizon au problème de Bakassi. D’où le sens de son appel lancé en direction de Muhammadu Buhari le 18 août 2020. Dans son exposé des motifs, l’homme politique invitait le président de la République fédérale du Nigeria à «reprendre cette affaire à bras-le-corps».

Ce d’autant plus que, selon la presse nigériane, un chantier de construction d’un port en eau profonde devrait voir le jour au large de Bakassi. Un investissement de 800 millions de dollars dont l’analyse de rentabilisation a été officiellement approuvée par le Conseil fédéral du Nigeria depuis octobre 2019, apprend-on. Pour le moment, Yaoundé ne se fait aucun doute relativement à sa souveraineté sur Bakassi. Au terme d’une longue bataille judiciaire et diplomatique, celle-ci a été reconnue par la Cour internationale de justice (CIJ) depuis le 10 octobre 2002. En application de cet arrêt de cette juridiction internationale et de l’accord de Greentree du 12 juin 2006, la République fédérale du Nigeria a acté le transfert d’autorité «sur la totalité de la presqu’ile de Bakassi» au Cameroun.

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