ACTUALITÉINTÉGRATION NATIONALE

Bains de minuit autour du CBF

Des silhouettes visibles et invisibles se démènent dans le marigot, espérant voir le Cameroon Business Forum changer de format.

Le ministre du Travail et le patron du Gicam: grandes manoeuvres sur le CBF

Le 16 décembre prochain, le Gicam (Groupement inter-patronal du Cameroun) tiendra son assemblée générale ordinaire et élective. En prélude à cette échéance cruciale pour les seigneurs des affaires, Célestin Tawamba, candidat non encore officiellement déclaré à sa propre succession, défend un projet. Le 9 novembre 2020, «le patron des patrons» a d’ailleurs porté le manifeste à Yaoundé auprès de Grégoire Owona et Achille Bassilekin III. À chacun des deux membres du gouvernement, l’agro-industriel a offert un exemplaire du Livre blanc du Gicam. Dans l’une de ses lignes fortes, le document (également offert au Premier ministre, Chief Joseph Dion Ngute le 19 octobre 2020) ne demande pas moins qu’un coup d’arrêt du Cameroon Business Forum (CBF). 

Selon le Gicam, il faut rompre avec le passé écrit par ce gadget créé en 2006 et rendu opérationnel en 2009. «Nous pensons que tout ce qui est en préparation, l’évènement lui-même, le suivi-évaluation, doit changer», insistait Francis Sanzouango sur les antennes d’Equinoxe TV. Comme proposition, le patronat camerounais plaide pour la mise en place du Cameroon Business Council (CBC). Le directeur de cabinet du président du Gicam y voit «un mécanisme qui est plus universel, qui traite de tous les problèmes de l’environnement des affaires et de la compétitivité des entreprises», avec «des différences ou des nouveautés au niveau du mode opératoire».

«Allié»
Bien plus, pour le Gicam, le changement souhaité devrait entrainer un sérieux lifting et une redistribution des postes: baisse du nombre de participants à la discussion; attribution de la vice-présidence des assises au Gicam et la préparation collégiale de l’évènement. Telle que formulée, l’affaire renvoie implicitement aux propos d’Emmanuel de Tailly contenus dans le quotidien privé Mutations, édition du 12 juin 2020. «Nous avons une grande ambition pour notre économie et son secteur privé.

C’est pourquoi nous multiplions les plaidoyers en faveur de ce dialogue public-privé puissant, fédérateur et sincère. Les exemples de ce type de partenariat en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Rwanda, au Ghana, démontrent à souhait que “seul, on va peut-être plus vite, mais ensemble, on va définitivement plus loin”. Il faut que cette crise soit l’occasion de prendre des décisions courageuses sur la fiscalité, la dette intérieure, l’environnement des affaires», avait émis le patron de la Société anonyme des brasseries du Cameroun (SABC).

IFC?
Au sein de l’opinion publique, l’on soupçonne une démarche pilotée depuis l’IFC (Société financière internationale). En attendant que cette information gagne en plausibilité, l’on peut d’avance retenir que «IFC n’a de cesse de demander au Premier ministre de sensibiliser le locataire du Palais d’Etoudi sur l’urgence d’accélérer les réformes bloquées à son niveau. Une décennie après sa création, la Caisse des dépôts et consignations n’est toujours pas opérationnelle, faute de responsables nommés».

C’est en tout cas ce que croit le magazine Jeune Afrique du 30 septembre 2018. En juillet 2018, Sérgio Pimenta, le vice-président pour le Moyen-Orient et l’Afrique de cette filiale du groupe de la Banque mondiale, était au siège du Gicam. Là-bas, précise une source proche du patronat, il a pris acte de l’échec du CBF avec comme preuve le fiasco de la phase I du DSCE (Document de stratégie pour la croissance et l’emploi). Dans cette ambiance présumée de soupçons et de pressions, Yaoundé reste encore de marbre.

Jean-René Meva’a Amougou

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *