A l’aube de la 4e édition de la conférence panafricaine sur la gestion de projets, l’ingénieur financier camerounais porte un regard rétrospectif sur les acquis des éditions précédentes et fixe les objectifs du rendez-vous d’octobre. Première fête.
Du 26 au 28 octobre prochain, se tiendra la 4e édition de la conférence panafricaine sur la gestion des projets. Pourquoi mettre l’accent sur le management des projets ?
Les projets occupent donc une place centrale dans l’approche stratégique et opérationnelle des organisations publiques et privées en Afrique comme ailleurs. Il est aujourd’hui mondialement reconnu que ce sont : la sélection, la préparation, l’exécution et la mise en service avec succès des projets agricoles, industriels, infrastructurels et de réformes organisationnelles qui permettent aux pays, organisations nationales, régionales et continentales africaines d’augmenter largement leurs performances et d’atteindre leurs objectifs stratégiques de progrès économique, social et environnemental.
C’est ainsi qu’au niveau continental et conformément aux statistiques de l’Union Africaine corroborées par la Banque Africaine de Développement (BAD) et le Fonds Monétaire International (FMI), 23,9% du PIB (Produit Intérieur Brut) de l ‘Afrique soit 581 milliards de $US (2 430,6 milliards de $US x 23,9% en 2019), sont dépensés annuellement dans les projets d’investissement ou de formation de capital fixe. Dans ce contexte, l’exigence d’acquisition et de maîtrise des technologies efficaces de gestion de projet s’impose à toute organisation africaine comme une condition déterminante pour une performance élevée et soutenable.
Cependant, à l’analyse de la situation actuelle, il ressort que cette condition est loin d’être remplie par un grand nombre de pays et d’organisations africaines aussi bien nationales, régionales que continentales. L’on constate un déficit en quantité et en qualité d’experts et de professionnels qualifiés en gestion de projets et programmes. Il est donc urgent et indispensable de bâtir une vaste coalition pour s’attaquer à la résolution de ce retard ou écart technologique qui se matérialise par de multiples insuffisances que l’on observe dans la conduite des projets et programmes en Afrique.
Les participants attendus à cet évènement de trois jours doivent-ils répondre à un profil particulier ou « Monsieur tout le monde » peuvent y trouver une place ?
Les acteurs attendus sont tous les publics et privés souhaitant la réussite des projets dans leurs organisations. Il est notamment les décideurs publics, les managers des grandes, moyennes et petites entreprises, les entrepreneurs porteurs de projets, les professionnels de management de projet, de programmes et de portefeuilles, les responsables de la planification, des études et des projets, les ingénieurs , les conseillers techniques, les porteurs de projet, les fonds d’investissement, les investisseurs divers, les banquiers, les financiers, les normalisateurs, les universitaires, les managers des bureaux de projets, les chercheurs, les étudiants.
Quel est le but visé par la Conférence panafricaine de gestion de projet dans ce contexte national imposé par l’implémentation de projets de développement ?
Pour contribuer et méthodiquement au rattrapage technologique de l’Afrique dans le domaine du management des projets et programmes, la Pan-African Project Management Conference a été présentée mise au point. Elle a pour mission de contribuer à compléter progressivement mais à un rythme accéléré le gap ou le retard technologique de l’Afrique en management de projet en vue de parvenir à la disponibilité d’une masse critique croissante d’experts et de professionnels qualifiés en management de projet et programme en Afrique.
Parlant précisément de la conduite des projets de développement au Cameroun, quelles sont précisément les tares auxquelles la firme Prescripor s’attaque ?
Par cette conférence, nous nous attaquons, en partenariat stratégique avec le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire du Cameroun, aux multiples insuffisances ou tares que l’on observe dans la conduite des projets et programmes au Cameroun. Ces tares se reflètent par des taux très élevés d’échecs de projets (projets éléphants blancs).
Il s’agit notamment : des études et procédures interminables de sélection et d’initiation des projets ; une absence de codification et de valorisation de la fonction de chef de projet ou de directeur de projet et de directeur de programme ; une conception peu satisfaisante du contenu des projets et une organisation inappropriée aux exigences des projets ; une planification peu crédible et non réaliste des projets avec en l’occurrence des échéanciers complaisants et des budgets souvent sous-évalués ; une recherche, une mobilisation et un arrangement de financements de projets basés sur des procédures peu efficaces et se traduisant par des délais extrêmement longs et des résultats aléatoires ;
Un nombre élevé de projets partiellement exécutés ou abandonnés du fait d’une surveillance et d’une maîtrise inappropriées ne permettant pas de prendre des mesures correctrices en temps opportun ; des processus et procédures inappropriés d’approvisionnements liés aux activités des projets le plus souvent sans couverture pertinente des risques ; des procédures inadaptées de décaissement des financements du fait de la non-prise en compte adéquates des exigences de non-objection des banquiers ; une faible capacité d’absorption des États et des administrations se traduit par un faible taux de consommation des crédits disponibles et des financements extérieurs obtenus ; en conséquence, d’énormes pertes en ressources techniques, financières et humaines estimées à des dizaines de millions de dollars US par an.
Quid de la situation dans la sous-région Cemac à laquelle le Cameroun est membre ?
Les tares ou insuffisances en gestion des projets et programmes constatées au Cameroun et qui se révèlent par des taux très élevés d’échecs de projets (projets éléphants blancs) est la même dans non seulement en sous-région Cemac et CEEAC mais également dans les autres communautés économiques de l’Union Africaine. Ce problème est général en Afrique. C’est pour cette raison que la Conférence est panafricaine.
Petite rétrospective des éditions précédentes. Quel est à ce stade l’impact des acquis enregistrés sur le champ rocailleux de la gestion des projets publics au Cameroun ?
Au terme des trois premières éditions, nous constatons une certaine avancée positive au Cameroun en matière aussi bien normative que réglementaire. Il est à noter avec satisfaction que l’Agence des Normes et de la Qualité qui a opté pour arrimer les pratiques camerounaises de gestion de projets aux normes internationales a eu à adopter et publier sept normes ISO comme normes camerounaises.
Il s’agit en particulier des normes suivantes : la norme ISO 21500 : 2012 Lignes directrices sur le Management de projets ; la norme ISO 21504 : 2015 Management de projets, programmes et portefeuilles – Recommandations sur le management de portefeuilles ; la norme ISO 21505 : 2017 Management de projets, programmes et portefeuilles – Recommandations sur la gouvernance ; la norme ISO 21503 : 2017 Management de projets, programmes et portefeuilles – Recommandations sur le management de programmes ; la norme ISO 21508 : 2018 Management de la valeur acquise en management de projet et de programme ; la ISO 21511 : 2018 Organigramme des tâches en management de projet et de programme et le rapport technique ISO/TR 21506 : 2018 Gestion de projet, programme et portefeuille – Vocabulaire.
Au plan réglementaire, le management des projets d’investissement publics a connu l’entrée en vigueur de deux instruments visant l’amélioration : le décret n° 2018/4992/PM du 21 juin 2018 fixant les règles régissant le processus de maturation des projets d’investissement public et le décret n° 2021/7341/PM du 13 octobre 2021 fixant les règles régissant la création, l’organisation et le fonctionnement des programmes et projets de développement.
Proposés par Louise Nsana