Association des Maliens de la Briqueterie : La solidarité sans délai

Fondée sur le pays d’origine, elle est surtout un espace dynamique de communication et d’orientation des nouveaux arrivants dans la capitale camerounaise.

Quelques membres de l’Asmab

En provenance de Bamako, Dialo Syla revendique seulement deux jours au Cameroun. De son Mali natal au quartier Briqueterie (Yaoundé II), le parcours de ce jeune âgé de 23 ans (selon lui-même) a connu son lot de misères, de violences et d’abrutissements. «C’est un garçon abîmé, anéanti par le voyage, pays après pays», confie Koufa Douentza, le chef de la communauté malienne dans le 2e arrondissement de la capitale camerounaise. À l’observation, celui dont parle le dignitaire présente plusieurs signes de souffrance: tel le pelage d’un hérisson, les cheveux ont poussé en désordre; les ongles se sont transformés en griffes, la peau s’est froissée tel un visage ravagé sous l’effet du temps, le tout ajouté à une consommation effrénée de tabac. «Un cas à soumettre à l’association», envisage Koufa Douentza.

En ces mots, l’on voit pointer l’Association des Maliens de la Briqueterie (Asmab). En elle, Dialo Syla trouve un rempart sur lequel s’accrocher. «La devise ici c’est: Mali avant-Mali après-Mali ensuite» renseigne Moussa Mounkoro, le chargé de la communication de l’Asmab. À décrypter le libellé de ces paroles, il s’agit du corpus complet d’une solidarité qui s’affirme lorsqu’un «compatriote est nouveau venu à Yaoundé». À bien comprendre, l’aide est exprimée, d’une part en termes de soutien socio-psychologique; d’autre part, il s’agit de solidarité financière. «On va d’abord l’écouter et puis nous saurons ce qu’il y a lieu de faire», prévoit Moussa Mounkoro. Dans le fond, sa démarche s’inscrit dans un programme beaucoup plus vaste: inscription du nouvel arrivant sur les fichiers de la communauté; présentation aux autorités diplomatiques et consulaires et recherche d’un emploi.

Cas d’école
Dans cette série se concentrent tous les membres de l’Asmab. À en croire Koufa Douentza, ces derniers se donnent à fond et contribuent à l’intégration des «nouveaux» au sein de la société camerounaise. Hormis cet aspect, il y a un surcroît extraordinaire de présence sensible lors de certaines infortunes. «Pour l’Asmab que je connais très bien, quand un Malien a un problème au niveau de la police ou de la gendarmerie, c’est le président ou son conseiller qui va résoudre ce problème. En général, cela se gère au niveau de la police ou de la gendarmerie avant d’aller plus loin.

Les Maliens ont un très bon comportement, ce qui fait que les choses ne sont pas aussi graves que ça. On a très rarement des dossiers qui vont au tribunal. Aussi, quand il y a un décès et que le consulat n’a pas les moyens, ce sont les membres de l’amicale qui cotisent pour le prendre en charge et pour procéder à des inhumations», déballe le chef de la communauté malienne de la Briqueterie.

Ce 29 janvier 2020, Moussa Mounkor se félicite des résultats obtenus depuis mai 2006, année de reconnaissance de l’Asmab par les autorités camerounaises. «Nous avons fait beaucoup de choses, car nous jouons un rôle pluriel. Nous intervenons aux plans administratif (pièces de l’état civil), juridique (en cas d’arrestation d’un Malien), politique (organisation des élections au Mali)», dit-il fièrement.

Jean-René Meva’a Amougou

Koufa Douentza 

«Que les Maliens de Yaoundé s’organisent»

Le chef de la communauté malienne de la Briqueterie, et président de l’Asmab expose sa vision pour une cohésion entre ses compatriotes basés dans la capitale camerounaise.

 

Monsieur le président, pouvez-vous nous présenter l’association aux destinées de laquelle vous présidez depuis 2006?
L’Asmab est une association regroupant tous les Maliens de la Briqueterie. J’en suis le président élu depuis sa création en 2006. L’objectif est l’entraide (la solidarité et l’aide mutuelle entre les Maliens du quartier). Chaque semaine, les membres pratiquent l’épargne collective à travers des systèmes de cotisations et par des collectes de fonds exceptionnelles afin d’aider les membres en situation de besoin. Comme dans la plupart des associations, nous avons une initiative typique. Il s’agit du soutien financier en cas de décès d’un membre, pour le rapatriement du corps et le soutien à sa famille, tant ici à la Briqueterie qu’au Mali.

L’on vous a vu inquiet des Maliens exerçant dans le secteur informel. Sur quoi fondez-vous cet état d’esprit?
Les personnes intervenant dans le secteur informel, qui occupe une part importante des Maliens actifs à la Briqueterie et qui accueille beaucoup de nos compatriotes, ne sont pas au fait des dispositions à prendre pour pouvoir bénéficier de l’Asmab. En plus, la désorganisation de la colonie est une des causes du manque de coordination de certaines activités. Notre association ne peut pas, sur fonds propres, organiser des salons ou des foires.

Il faut que les Maliens de tous les quartiers de Yaoundé s’organisent en une confédération. Cela pourrait grandement faciliter l’organisation de ces événements. Imaginez, on pourrait faire venir des artistes du Mali comme cela se fait dans les autres pays. Même l’organisation de sessions d’information est extrêmement compliquée. Lors des dernières élections, il nous a fallu sillonner tout le pays alors que l’existence d’une confédération réunissant toutes les entités (ethniques, religieuses, etc.) nous aurait facilité la tâche.

Au-delà, il y a plusieurs associations qui ne se connaissent pas. Ce que nous voulons, c’est que toutes les associations se regroupent pour créer un central qui va nous permettre de générer beaucoup de ressources. Malheureusement, actuellement, nous avons 44 associations et 10 se trouvent à Yaoundé. Si toutes les associations se réunissaient, nous arriverions à avoir une masse d’argent très importante. C’est pour cette raison que nous sommes engagés à réorganiser les associations afin de regrouper le maximum de Maliens, ce qui va nous permettre de faire des choses plus importantes.

Propos recueillis par JRMA

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