Des populations en furie et tentant de prendre d’assaut une base militaire française. Ces images rappellent certainement l’actualité en cours de développement au Niger. Mais les faits se déroulent bien au Tchad voisin.
Nous Sommes le 5 septembre 2023 lorsque Mahamat Dakou Hamid en quête de soin se rend à la base militaire de Barkhane. Le militaire tchadien y trouve finalement la mort après avoir été abattu par un infirmier en poste au Centre de santé de ce camp de l’armée française. La nouvelle et les conditions considérées comme «racistes» de sa mort parviennent aux oreilles des populations de Faya-Largeau, région du Borkou, dans le Nord du pays. Celles-ci exigent immédiatement le départ de Barkhane. Elles déferlent sur la base française, pour tenter d’y déloger les occupants. Un déferlement qui oblige les forces de défense et de sécurité tchadiennes à intervenir, avec à la clé plusieurs blessés du côté des populations et l’instauration d’un couvre-feu.
Une enquête est depuis lors ouverte. Et en attendant ses conclusions sur les circonstances de la mort du Tchadien, au moins deux thèses s’opposent déjà. Celle du gouverneur de la région du Borkou et celle d’un élu local. «Un militaire tchadien, qui n’était pas dans un état normal, s’est rendu pour un pansement dans la base militaire de l’armée française, a pris un scalpel et a blessé un infirmier militaire français. L’infirmier a fait usage de son arme à feu et l’a tué». Le gouverneur et non moins général Ali Maïde Kebir poursuit: «(…) après avoir appris la mort du soldat tchadien, la population de Faya a manifesté toute la journée devant l’entrée de la Base, a tenté d’y pénétrer, mais sans succès et la foule s’est dispersée à la tombée de la nuit». Une thèse reprise par plusieurs médias en Hexagone.
Quant à l’élu local aux avant-postes des manifestations populaires anti-français, les choses se seraient passées autrement. «Il y a eu une incompréhension avec un médecin de l’armée française et celui-ci l’a abattu à bout portant». Et le conseiller national de soutenir la démarche des populations de Faya. «Ces gens occupent nos terres et ils veulent nous tuer impunément?», se demande Ahmat Bedei Toulomi dans un tweet rapidement devenu viral. De quoi en tout cas donner des insomnies aux autorités françaises déjà obligées de gérer le démantèlement de leurs bases militaires en Afrique de l’ouest.
ThéodoreAyissi Ayissi