Ambiance pré et post-électorale : Le pari de la confiance

Dans la tête de certains gouverneurs de région, l’articulation de ces termes se définit au croisement de deux axes: réussite des élections municipales et législatives du 9 février et paix durable.

Quelques gouverneurs de régions lors de leur dernière conférence semestrielle

À l’esplanade de l’Hôtel de Ville de Yaoundé le 14 janvier dernier, quelques journalistes ont vite fait de le remarquer: certains gouverneurs avaient le regard moins lourd. À elle seule, l’image a résumé ce que ces «chefs de terre» auraient pu dire à la presse au sujet de la sécurité dans leurs régions respectives. Au diapason du communiqué final de leur première conférence semestrielle, il était aisé de lire beaucoup de confiance dans leurs paroles.

Dans la bouche de Awa Fonka Augustine, ce qu’on entend surtout, c’est l’assurance faite aux populations par rapport aux élections du 9 février prochain. Dans le phrasé du gouverneur de la région de l’Ouest, le passé et le présent se racontent en même temps. «L’an dernier, nous avons été attaqués plusieurs fois par les séparatistes de la région du Nord-Ouest. Ils ont mené des actions à Bangourin, Zavion, Fongo-Tongo. Par rapport aux élections, nous comptons sur la capacité opérationnelle des forces de l’ordre. Des comités de vigilance ont été réactivés. Les populations ont été sensibilisées pour être à la hauteur et travailler avec les autorités administratives et les forces de maintien de l’ordre. Il n’y a rien à craindre; le vote aura bel et bien lieu sur toute l’étendue de notre région», explique l’administrateur civil.

Chez Jean Abate Edi’i, il y a comme une nouvelle manifestation du pouvoir des mots, relativement aux municipales et législatives 2020. Face aux journalistes, le gouverneur de la région du Nord semble redéfinir en même temps qu’il s’approprie les enjeux de ce grand moment politique. «La situation sécuritaire est sous contrôle. La région du Nord vit un calme relatif, tout en étant consciente des enjeux sur le plan national. C’est pour cette raison que nous continuons à prendre un certain nombre de mesures afin d’anticiper sur des menaces. Nous sommes venus prendre les hautes instructions de la hiérarchie au sujet de ces élections qui nécessitent notre engagement permanent afin qu’elles se déroulent dans le calme».

Ce que dit Samuel Ivaha Diboua complète et prolonge ce sentiment de confiance. «Nous pouvons dire qu’à notre niveau, les préparatifs des élections du 9 février prochain ne souffrent pratiquement d’aucune inquiétude particulière. La sécurité est menée de manière conjointe entre les forces de sécurité et les populations. Les populations sont conscientes de ce que le bon fonctionnement du Cameroun repose sur l’économie du Littoral et elles tiennent à ce que leurs entreprises soient protégées», avance le gouverneur de la région du Littoral.

Pour Kildadi Taguieke Boukar, gouverneur de la région de l’Adamaoua, les préparatifs du double scrutin s’inscrivent dans un projet beaucoup plus vaste et radical: «Dénoncer tout suspect». Selon le «chef de terre», l’échéance du 9 février 2020 justifie la mutualisation des efforts pour traquer les fauteurs de troubles. Ses explications trahissent d’ailleurs beaucoup de confiance et cristallisent toute démarche contraire aux lois républicaines, car, dit-il, «les autorités administratives ont pris à bras le corps le phénomène d’insécurité».

Dans la région de l’Est où il officie, Grégoire Mvongo, le gouverneur, parle d’«un pari», celui de la sécurité; dans un contexte où la gestion des milliers de réfugiés et des groupes armés sur la bande frontalière dilue tout effort ou presque. «C’est le gros défi. Nous avons reçu des consignes particulières avant, pendant et après les élections», confie-t-il sans autre détail.

Ongoung Zong Bella

Campagne électorale

RDPC et UDP, la majorité présidentielle en agenda caché dans le Nord-ouest

La roue de la campagne pour le scrutin couplé est lancée dans la région.

L’UDP contre le RDPC aux élections locales

Maison commune, chambre à part. C’est à ce combat acharné que se livrent le RDPC et l’UDP pour s’arracher le plus grand nombre d’électeurs en leur faveur respective depuis samedi 25 janvier, date de lancement de la campagne électorale pour le double scrutin. Ces deux alliés de la présidentielle de 2018 (majorité présidentielle) font désormais chemin à part dans le cadre du scrutin couplé prévu pour le 9 février 2020. Chacun d’eux voudrait au terme de ce scrutin s’adjuger le maximum des 20 sièges à pouvoir à la chambre basse du parlement et 34 communes en compétition dans la région du Nord-ouest.
Ces deux partis politiques en lice ont choisi deux hôtels de la ville de Bamenda pour donner le ton à leur campagne de charme des électeurs dans cette région.

Des militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) sous conduite de l’ex-premier ministre Philémon Yang, président de la commission régionale de coordination du parti au flambeau dans le Nord-ouest ont choisi le cadre de l’hôtel Ayaba de Bamenda pour procéder au lancement de la campagne pour les élections législatives et municipales. Si Philémon Yang se réjouit (selon lui) que la paix retourne progressivement dans la région, l’ancien locataire de l’immeuble étoile a demandé aux militants de porter les messages du RDPC dans les sept départements et trente-quatre municipalités de la région. Il s’agit pour les militants, dit-il, de présenter aux potentiels électeurs, les acquis et différentes réalisations du parti au pouvoir mais aussi et surtout de leur expliquer le bien-fondé du nouveau texte sur la décentralisation. «Ces élections sont importantes pour nous parce qu’elles vont baliser l’implémentation du statut spécial qui est important pour le Nord-ouest et le Sud-ouest», a laissé entendre Philémon Yang à la presse. Il a saisi cette opportunité pour dissiper tout doute quant à l’implémentation du statut spécial. Pour lui l’élection municipale sera déterminante pour le scrutin régional à venir. C’est pourquoi il a prescrit une opération de charme auprès des électeurs afin que le RDPC triomphe le 9 février prochain dans toute la région.

L’UDP et la justice pour tous
Pour sa part la United Democratic Party (UDP) a placé sa campagne sous le signe de la justice pour tous. Son leader El Hadj Lawan Bako en présentant les candidats de son parti au public au cours d’un meeting à Mondial Hotel a condamné la marginalisation des anglophones. Ce phénomène qui a poussé les fils et filles du Nord-ouest et du Sud-ouest à la révolte contre l’establishment au pouvoir. C’est à juste titre qu’El Hadj Lawan Bako a demandé aux électeurs de porter leur choix sur les listes de l’UDP qui se chargera d’œuvrer pour une société juste et équitable. «Si nous sommes élus, nous ferons notre possible pour que la justice pour tous soit implémenté au Cameroun», a déclaré EL Hadj Lawan Bako. «Sans justice pour tous, il n’y aura pas de paix», présente-t-il comme premier levier sur lequel son parti entend actionner à l’hémicycle, au cas où les électeurs leur feront confiance. Et d’ajouter : «le peuple sait qu’il fait partie de ce combat et il continuera de travailler à nos côtés pour qu’on y parvienne».

Bien que cette campagne soit lancée à Bamenda, il plane toujours dans la région un climat d’insécurité. C’est pour cette raison qu’un secret entoure le calendrier du déploiement des différentes formations politiques dans le Nord-ouest. Certainement, il faudra lire la boussole chaque jour pour se déployer afin de ne pas croiser sur leur chemin les séparatistes de la république virtuelle d’ambazonie, hostiles à la tenue de ce scrutin dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest.

 

Zéphirin Fotso Kamga

Nord-Ouest

Elecam rassure les parties prenantes

 

Le président du Conseil électoral, Enow Abrams Egbe est descendu à Bamenda la semaine dernière. Objectif, toucher du doigt le niveau des préparatifs et rassurer les différents intervenants, singulièrement les responsables des partis politiques en course pour le double scrutin du 9 février 2020 prochain. Le patron de l’organe en charge des élections a tenu une réunion dans la salle de conférence du Minepat à Bamenda. Y étaient présents des autorités administratives, dont le gouverneur Adolphe Lele Lafrique Deben Tchoffo, les forces de l’ordre, les responsables des partis politiques en lice. Il était question de faire le point. L’inquiétude des représentants des formations politiques a essentiellement porté sur l’insécurité en pleine croissance au fur et à mesure que le jour du scrutin approche.

À ce sujet, le président du Conseil électoral a prescrit un cordon de sécurité autour des QG des partis politiques en course. Il a également rassuré qu’un corridor sera formé pour permettre aux électeurs de concrétiser leur droit de vote le 9 février dans les différents bureaux de vote. Aussi a-t-il annoncé que toutes les dispositions ont été prises pour l’acheminement à temps du matériel électoral dans les trente-quatre antennes communales d’Elecam de la région du Nord-Ouest. Il en est de même du matériel de la campagne qui a démarré samedi 25 janvier dernier sur l’ensemble du territoire national. Cette campagne prend fin la veille des élections, soit le 8 février à minuit. L’on espère que ces dispositions vont permettre de relever le taux de participation dans cette région. On se souvient que ce taux était d’environ 5 % lors de la présidentielle d’octobre 2018. C’est un peu plus de six cent mille électeurs qui sont attendus aux urnes dans le Nord-Ouest, le 9 février prochain.

 

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