Aux côtés de 9 pays des Caraïbes et de 6 autres du Pacifique, 20 pays du continent africain n’ont pas signé l’Accord de Samoa le 15 novembre dernier à Apia. Explications.
«Je me réjouis de la signature de l’accord de Samoa, qui marque l’aboutissement réussi de notre long cheminement. Cet accord fournira un cadre modernisé, qui nous permettra de revitaliser nos relations avec le plus grand groupe de pays partenaires afin d’offrir une plateforme de dialogue et de coordination pour relever ensemble les défis de notre époque». Alors que Jutta Urpilainen (Commissaire aux partenariats internationaux au sein de l’Union européenne (UE) s’employait à le présenter comme un symbole important de ses relations diplomatiques avec les 79 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), l’Accord de Samoa a eu un effet plutôt inattendu.
Abstention
Selon une source diplomatique, «35 pays (9 des Caraïbes, 6 autres du Pacifique et 20 pays africains) ont refusé de le signer». Notre source renseigne que «l’abstention africaine a été motivée par l’insuffisance du texte en termes de contenu et d’autres réserves sur les clauses relatives à la non-discrimination qui, selon les chefs de délégations, encouragent l’homosexualité». À en croire une autre source, non sans vivacité et tensions, ces aspects ont quitté le champ du partenariat économique pour occuper le terrain moral. «Les controverses auxquelles ont donné lieu les échanges se sont focalisées sur la nature de l’accord, sur la constitutionnalité de ses dispositions, sur les modalités de son application», apprend-on.
Difficultés économiques
Pour les pays africains, si l’objectif de l’Accord de Samoa est précisément de réviser le dispositif institutionnel de l’Accord de Cotonou, signé entre l’UE et les pays ACP en 2000, le texte (dont l’entrée en vigueur est prévue pour janvier 2024) a également une visée tactique consistant à «accentuer les difficultés économiques du continent». Par ailleurs, signale-t-on encore, bon nombres de pays africains se sont montrés en désaccord avec les positions de l’UE concernant la guerre menée par la Russie en Ukraine, ainsi que la guerre dans la bande de Gaza.
Censé courir sur 20 ans, l’Accord de Samoa couvre six domaines prioritaires: les droits de l’Homme, la démocratie et la gouvernance; paix et sécurité; développement humain et social; durabilité environnementale et changement climatique; croissance économique durable et inclusive; et développement, migration et mobilité. «Nous espérons que les pays ACP qui n’ont pas encore signé l’accord aujourd’hui le feront d’ici la fin de l’année», a déclaré Lisa Goerlitz, directrice du bureau de Bruxelles de la DSW, une ONG allemande spécialisée dans la santé sexuelle et reproductive des populations.
Ongoung Zong Bella