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À l’ère du «Global Europe» et du «Global Gateway»… L’Afrique centrale qui parle et qui se tait

Sans vraiment épouser le rythme languide d’un chant funèbre, les prises de paroles des représentants des pays de la sous-région ont résonné dans un monde où le dialogue n’est plus possible.

 

Tout d’abord, il y a peut-être lieu de se réjouir. C’est ce qu’a laissé profilé le premier discours de l’atelier de haut-niveau de présentation de la stratégie européenne d’investissement baptisée «Global Gateway» et son instrument financier «Global Europe». Lu par le Pr Daniel Ona Ondo, ledit discours a semblé indiquer que la nouvelle donne de la coopération entre La Commision de la Cemac et l’UE n’implique pas que des connotations négatives, loin de là. Et l’on a même vu un président de la Commission de la Cemac reconnaître qu’on est à un tournant: celui où les anciens schémas de la coopération avec l’UE sont battus en brèche.

C’est également la ligne de force du propos de Mme Francisca Tatchouop Belobe. Selon la Vice-Présidente de la Commission de la CEEAC, le nouveau cadre de coopération montre bien que tout l’environnement dans lequel s’inscrit la problématique de la coopération internationale bouge, et à grande allure, dans toutes ses dimensions et tous ses aspects: politique et géopolitique, économique, social, financier, humain, institutionnel et technique.

Murmures
Toutefois, parmi les ambassadeurs et quelques représentants des pays d’Afrique centrale, l’on a préféré le silence, malgré l’insistance du maître de céans Alamine Ousmane Mey. Et pourtant, au cours d’un entretien informel avec des journalistes, un officiel de la délégation tchadienne indique que «nous espérons vraiment qu’avec ses nouveaux schémas, l’UE va opérer une transition vers le partenariat, la coopération au développement et une cohérence politique accrue», afin d’éliminer de son vocabulaire les mots «aide», «donateurs» et «receveurs» et de les remplacer par «coopération au développement».

De son côté, un membre de la délégation venue de RDC (République Démocratique du Congo) souffle aux hommes de médias que «l’Afrique centrale est en droit de nourrir quelques inquiétudes». Selon l’interlocuteur congolais, ce débat sur la coopération entre les pays africains en général et ceux d’Afrique centrale en particulier se manifeste dans un environnement «extraordinairement compliqué». «Les situations politiques, économiques et sociales tant dans plusieurs pays de la sous-région sont loin d’être satisfaisantes. Les notions de solidarité et de partenariat entre pays sont souvent mises en question, et les préoccupations légitimes des populations faisant face à de multiples défis et difficultés dans leur environnement très immédiat», craint-il, en évoquant ce qu’il appelle «une orientation plus restrictive promue par le Global Europe et le Global Gateway».

À écouter les murmures centrafricains, toute une série de questions et d’interrogations se posent, tant dans la définition des objectifs de la coopération des pays d’Afrique centrale avec l’UE, que dans la clarification des moyens mis en œuvre.

Jean-René Meva’a Amougou

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