Après deux échecs respectivement en 2006 et en 2012 en finale du tournoi, l’équipe nationale de Côte d’Ivoire a réussi à se hisser sur le toit de l’Afrique pour la deuxième fois. Un couronnement de la dernière chance pour une génération dorée.
L’épopée de la sélection ivoirienne, vainqueur de la Can 2015, est sans doute l’une de celles qui ont marqué l’histoire de ce tournoi. C’est l’aboutissement des efforts d’une génération dite «dorée». Régulièrement présentés favoris par des observateurs avertis depuis la Can 2006, les Éléphants n’avaient jamais réussi à remporter le trophée. Bien que menée par Didier Drogba, joueur de classe mondiale durant ces années, la Côte d’Ivoire échoue lamentablement en 2006 face à l’Égypte. Et en 2012, les Éléphants sont battus une fois de plus par la Zambie.
Bata, terre promise pour la Côte d’Ivoire
Il leur aura fallu attendre jusqu’en 2015, pour lever le coup du sort. Pourtant, les Ivoiriens ne faisaient pas partie des favoris lors de cette 30e édition de la Coupe d’Afrique des nations de Football. Trois ans après avoir co-organisé cette compétition, la Guinée Équatoriale, à la suite du désistement du Maroc par mesure de précaution face à l’ampleur de l’épidémie du virus d’Ebola, obtient l’organisation de la compétition.
Didier Drogba est alors absent. Yaya Touré, l’emblématique quadruple ballon d’or africain, prend les rênes du contingent et conduit son pays la Côte d’Ivoire pendant l’aventure. Nous sommes à Bata le 8 février 2015, au bout d’une finale âprement disputée face aux Black stars du Ghana. Partagée à l’épreuve fatidique des tirs au but, la Côte d’Ivoire remporte finalement la Can.
État d’esprit
Selon des observateurs, l’arrivée six mois plutôt du nouveau sélectionneur d’alors, Hervé Renard aura été un véritable atout pour cette équipe. Celui qui est présenté comme le digne successeur du «sorcier blanc» (Claude Le Roy), avait créé la surprise trois ans auparavant. L’entraîneur avait en effet conduit les Chipolopolos de Zambie jusqu’à leur victoire en 2012, face à la Côte d’Ivoire.
Lorsqu’on lui confie la sélection ivoirienne, Hervé Renard, secondé par Patrice Beaumelle, hérite d’une équipe traumatisée par l’élimination prématurée à la Coupe du monde 2014. Il redonne confiance aux joueurs qui avaient perdu la foi et insuffle un nouvel état d’esprit à la sélection. De nouveau engagés, les joueurs se plient en quatre pour la victoire. C’est le cas du capitaine Yaya Touré, cantonné à un poste de milieu défensif, poste qu’il n’affectionne guère. «Rarement on a vu l’attaquant Gervinho revenir défendre comme lors de cette rencontre en quart de finale contre l’Algérie», faisait observer Frank Simon consultant sur Radio foot internationale (RFI).
L’attaque des Éléphants composés de Seydou Doumbia, Max Gradel, Gervinho ou Wilfried Bony va réussir à faire la différence à des moments clés. En défense, des jeunes tels Éric Bailly ou Wilfried Kanon vont garder la confiance du coach dans une nouvelle reconfiguration tactique, le «3-4-3». Dans les buts, le gardien Sylvain Gbohouo, héros ivoirien du tournoi, est devenu plus qu’une doublure du titulaire habituel, Copa Barry, blessé mais qui s’illustre en finale en stoppant deux tirs au but ghanéen.
Le show Copa Barry
Le gardien ivoirien Barry, disputait là son premier match de la Can, en remplacement du titulaire Sylvain Gbohouo, blessé. Il déclarait quelques semaines plus tard n’avoir appris sa titularisation que trois heures avant le début de la finale. C’est alors durant la décisive séance de tirs au but qu’il va offrir son show.
Pris de crampes ou très bon comédien, le sociétaire du club Lokeren en Belgique se fait soigner à deux reprises, avant d’intimider les tireurs face à lui. Une stratégie payante dans cette irrespirable séance. Enfin, ce nouveau sacre arrive 23 ans après le premier, en 1992 au Sénégal, contre le Ghana et aux tirs au but.
Joseph Ndzie Effa