Vraisemblablement présenté à Bongo Square avant le début du défilé, l’engin a explosé tout près de la tribune officielle.
Sur la terre venteuse du quartier Bongo Square à Buea ce 20 mai 2023, tout semble aller pour le mieux. Alors que les festivités de la 51e édition de la Fête de l’Unité se glissent en écho dans la bonne ambiance, patatras ! Une détonation se fait entendre à quelques mètres seulement de la tribune où sont installés tous les corps constitués de la capitale régionale du Sud-Ouest. Et soudain, la fête de l’Unité, synonyme de volupté et de sécurité, s’interrompt pour laisser place, un temps, à la stupeur, la sidération, la confusion. Selon quelques sources sécuritaires approchées par des médias locaux, une bombe artisanale vient d’exploser. «Il s’agissait d’une bonbonne de gaz enfouie dans une glacière et déposée non loin de la tribune principale de la place du défilé. La déflagration à percuté de plein fouet une partie de la tribune sans faire de victime», rassure un haut-gradé des forces de défense. D’après ce dernier, les faits se déroulent dans l’après-midi aux encablures de 16 heures. « Nous avons entendu un grand bruit. Une petite commerçante qui était là toute la matinée et tout au long du défilé est venu de garer ses affaires et de partir», raconte un jeune civil au micro de BBC Afrique ce 21 mai 2023.
Selon quelques spécialistes, cette actualité révèle l’activisme des séparatistes voués à troubler l’ordre public et à menacer la paix sociale. On se souvient de la tragédie du 25 février dernier lors de la 28e édition de la Course de l’espoir à Buéa. Au moins trois explosions survenues le même jour avaient provoqué une paranoïa généralisée dans l’opinion publique. Pendant ce temps, les Forces de défense de l’Ambazonie (FDA), la branche armée du Conseil de gouvernement de l’Ambazonie (AGovC) et l’un des principaux groupes armés séparatistes actifs en régions anglophones du Cameroun, revendiquaient ces attentats. Sur les réseaux sociaux, elle précisait que leur « cible principale était les forces d’élite camerounaises qui assuraient la sécurité des athlètes ».
De là, l’on devine les raisons du blocus imposées aux populations par le même groupe. Dans une vidéo postée le 15 mai dernier sur les réseaux sociaux, les séparatistes avaient annoncé que les principaux axes routiers en zone anglophone seront fermés dans l’immédiat, afin d’empêcher la célébration du 20 mai. « Les boutiques maintiendront leur rideau fermé toute la journée. Les agences de voyages restent fermées. Les écoles et les marchés fermés aussi. Les taxis ne doivent pas travailler non plus, tous seront restés garés toute la journée à partir du 15 mai», avaient-ils indiqué sans préciser la date d’expiration de cette opération de villes mortes.
Jean-René Meva’a Amougou