Résonner et raisonner

«Les sons méritent que l’on joue parfois avec eux même quand l’heure est grave». C’est à cet exercice commandé par Charles Ateba Eyene de regrettée mémoire, que l’actualité nous convie cette semaine. «Douala : assassinat au couteau, d’un élève de 17 ans au lycée bilingue de Deido». Lu dans un journal de la place, ce titre, en lui-même s’avère assez insupportable qu’il convient, en toute conscience, d’en prendre la mesure. En jouant avec les sons, bien sûr.

A la vérité, on se le dit tous les jours : la violence dans nos lycées et collèges a pris une certaine allure. L’abondante littérature portant sur la démesure des jeunes ne parle pas uniquement de simple bavure. Ah oui, la capture de toutes les actualités relatives aux déchirures, blessures et tueries entre camarades de classe dévoile toute une culture de la violence. Pour un oui, ou pour un non, injures, parjures s’envolent. Au finish, c’est la forfaiture. Psychologues et sociologues parlent de «contre-culture», imposée par des adolescents en aventure dans les établissements scolaires.

Et, on en convient,. cela augure d’une césure avec la carrure morale d’une société normale. Il semble que, désormais, celle-ci carbure la conjoncture. Il semble surtout qu’embarquée dans la voiture de l’imposture, cette société –la nôtre- aime plutôt les joueurs de tambour, qui préfèrent les idées qui résonnent à celles qui raisonnent. Au fur et à mesure, cette société-là se gave de fioritures et d’arguments impurs. Dans leurs conjectures, d’aucuns tranchent que la jeunesse des lycées et collèges s’est mise en bordure du bon sens. Chaque jour, elle défigure la morale. Chaque jour, elle tire vers elle toute la couverture tissée par les droits de l’homme, parfois ceux de l’enfant.

Dans cet élan, il n’y a qu’à voir la posture des filles et garçons qui se réclament du futur. Sans être matures, ils ont pris soin d’inclure alcool, sexe, drogues au sommet de leur facture. Voilà créé, un environnement de luxure dans lequel on ne jure que par ces choses-là. L’envergure est telle que, la fourniture desdites choses est sans cesse assurée par un marché dur. Dur au sens où, il s’interdit de voir des jeunes dans la droiture. Ce marché-là fait d’ailleurs tout pour glaner de nombreuses nouvelles candidatures.

Conséquences : délinquance, déliquescence, délitescence, démence, dissidence, vengeance et tous leurs corollaires. Ce qui s’est passé au lycée bilingue de Deido le 29 mars dernier a certes eu de l’audience. Mais dans l’effervescence et la plurivalence des faits, on a vite oublié qu’il y a des carences à divers niveaux. Les premières trahissent la tolérance. Au nom de la coordinence des droits de l’homme, les enfants peuvent fréquenter les boîtes de nuit… Par exemple ! Les secondes se trouvent dans les flux informationnels. Ainsi, pour une divergence, un jeune peut brûler ses parents à l’essence et dire après qu’il a vu ça sur une fréquence de télévision d’ailleurs. On l’a vu à Mbouda. Les dernières manquent d’exigences et de but à atteindre. Partant de leur inexpérience à la vie, la société finit par imposer aux enfants sa purulence comme valeur. Et la contingence de la mort d’un jeune lycéen, a résonné partout. A nous de raisonner maintenant.

Jean-René Meva’a Amougou

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