« La bourse demeure un dispositif financier dont nous avons besoin dans notre zone »

Le Camerounais est conseil expert financier près les Cours d’Appel, administrateur fondateur du Cabinet Bureau Gestion, administrateur de Banque et enseignant-associé d’Universités. Il décrypte pour nous les insuffisances structurelles, les possibles épilogues de la décision des chefs d’Etats de la Cemac et les impacts envisageables.

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Au vu du niveau de cotation dans les deux bourses (Douala et Libreville), y a-t-il un besoin réel de bourse dans la Cemac ?       

Bien sûr ! La Bourse demeure un dispositif financier dont nous avons besoin dans notre zone. Vous voulez une preuve ou une illustration ? Référez-vous à ce qui se passe dans la zone UEMOA, dont la structuration sur plusieurs plans (culturel, social, économique et financier) est tout à fait semblable à la nôtre. Maintenant, au vu de l’écart qui apparaît en comparaison des deux places financières, et cela est indéniable, la bonne question serait de chercher à en comprendre les causes…

En tant que principaux clients du marché financier, les entreprises trainent le pas. Quelles difficultés rencontrent-elles ? Sont-elles prêtes ? 

Pour parler simple et court. La faible adhésion manifestée par la communauté des affaires tient essentiellement à : la faible culture financière des entreprises garantes de la vitalité du marché financier; les conditions d’accès qui restent encore quelque peu «élitistes», eu égard au nombre d’entreprises qui pourraient répondre à ces exigences; le traitement fiscal qui nécessite encore des améliorations sur certains points, en comparaison avec ce qui se pratique dans des marchés semblables; l’asymétrie du marché des capitaux, qui place souvent le marché financier dans une posture de concurrence face aux autres pans (s’agissant notamment des banques).

À votre avis, quels scénarii techniques sont envisageables pour rapprocher les deux bourses ?

Il s’agit essentiellement de procéder à l’harmonisation des «pratiques ou processus», s’agissant particulièrement des stratégies et politiques, des règles et procédures. Il ne devrait pas avoir de difficultés particulières au niveau infrastructurel, étant entendu que l’architecture de la Bvmac dispose déjà d’Antennes nationales fonctionnant sur une base commune (organisation, personnel, système d’information, …) Reste à examiner les conditions de rapprochement de la Dsx à ladite infrastructure.

La concentration de l’infrastructure financière pourrait générer un certain nombre de bénéfices. Quels impacts peuvent en être escomptés ?

D’emblée, On peut penser que la fusion des deux places de la Cemac offre une meilleure visibilité, et par la suite une certaine crédibilité à la Bourse régionale. En un mot, pour emprunter à l’esthétique, la Bourse devrait apparaître plus attrayante, et j’irai même jusqu’à dire pour parler simple, si vous me le permettez, plus «sexy». Cette appréciation est faite du point de vue de l’Emetteur qui est, comme je l’ai dit auparavant, l’acteur majeur du marché financier en tant que fournisseur de produits susceptibles d’intérêt (au double plan psychologique et financier) pour l’investisseur -acquéreur. Pour finir, il est important de dire que dans le contexte actuel d’internationalisation financière, le challenge pour le marché financier régional, en tant qu’infrastructure essentiellement extravertie, est d’adresser la concurrence qui s’exerce tant au plan national que continental (Nigeria, Afrique du Sud, Ghana, Maroc, Tunisie, Éthiopie …).

Propos recueilli par ZRM

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