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Près de 1250 milliards de francs CFA détournés par la douane camerounaise

A travers chiffres et images puisés  par la Conac (Commission nationale anti-corruption), un  effrayant visage de cette administration lors de la cérémonie de présentation du rapport sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun en 2016. 

A travers chiffres et images puisés par la Conac (Commission nationale anti-corruption), un effrayant visage de cette administration lors de la cérémonie de présentation du rapport sur l'état du fléau au Cameroun en 2016.

On savait que ce 22 décembre 2017  se levait comme une journée de fin de saison pour la Conac. Ce que l’on ne savait pas c’est que Dieudonné Massi Gams (photo) allait déballer un rapport générateur de coups de boule et de tohu-bohu  à la Salle Tripartite du palais des Congrès de Yaoundé. L’on était également loin d’envisager qu’à cette occasion, dans cette enceinte allait se tramer une sombre histoire de la douane camerounaise.  Au cours d’un discours à cran de détails, la corruption  chez les gabelous allait faire  l’objet d’une exposition, une odyssée en chiffres et en images.

« Entre 2010 et 2015, précise  le président de la Conac, la douane a fait perdre au Trésor public camerounais la bagatelle de 1 246 milliards  340 millions 813 mille 670 francs Cfa, soit environ 75% du budget d’investissement public (Bip) de notre pays en 2016, évalué à 1 500  milliards de francs CFA…Vingt-et-un (21) agents de la douane auditionnés au cours de l’enquête par la Conac, ont confessé être propriétaires de plusieurs immeubles bâtis aussi bien à Douala qu’ailleurs, ainsi que de nombreux comptes bancaires à solde créditeur, dont les montants s’élèvent à plus de 134 millions de francs Cfa...Le plus illustre d’entre ces fonctionnaires très riches, étant cet adjudant des douanes en service à Maroua, dans la région de l’Extrême-Nord. L’intéressé est propriétaire de 13 villas en dur, bâties sur terrains titrés ; d’un immeuble de 5 niveaux également construit sur terrain titré ; ainsi que de 10 terrains immatriculés. A ce vaste domaine immobilier, poursuit le pasteur, s’ajoute dans son registre de propriétés, 5 camions de 30 tonnes de charge utile ; 5 cars Toyota Coaster de 28 places ; 2 cars de 18 places ; et un parc automobile plein de véhicules personnels haut de gamme». Last but not the least, Dieudonné Massi Gams évoque l’existence à Ndongbong (Douala III) d’un luxueux « quartier douanier ».

Ces résultats présentés font suite à une série de recherches de terrain et d’enquêtes documentaires (procédures douanières, dédouanement et gestion informatique). La conclusion fait état d’un ensemble systémique de « dysfonctionnements », qui sert de terreau aux pratiques corruptives.  Selon le président de la Conac, léchange généralisé de services et « la personne avant l’institution » constituent le socle du fléau. « Le capital relationnel des individus dans le secteur des douanes, dit-il, est particulièrement vaste même si cela est vrai dans bien d’autres sphères.  Sauf que là-bas, cela constitue une préoccupation incessante de la vie quotidienne, à travers les multiples obligations qu’impliquent l’entretien et la reproduction des réseaux relationnels de toutes natures. Une des caractéristiques de ces réseaux relationnels est la règle de l’ échange de services, valable non seulement entre parents ou amis, mais aussi entre «connaissances», au sens large, qui inclue quiconque est  recommandé par un parent ou ami, voire par un ami d’ami. Une véritable morale sociale supporte cette obligation de rendre service, ce qui aboutit à un système généralisé de services et de contre-services dans lequel chacun est pris. On voit là à quel point la corruption régnant dans les services publics est insérée dans des circuits plus larges de faveurs et de contre-faveurs qui quadrillent toute la vie de notre douane.

Jean-René Meva’a Amougou 

 

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