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Téléphonie mobile : Le gros œil de Paul Biya sur MTN, Orange et Nexttel

Le président camerounais veut voir clair sur les concessions des trois opérateurs privés du pays.

Paul Biya n’est pas convaincu…

Dans les prochains jours, MTN, Orange et Nexttel verront défiler du beau monde dans leurs installations techniques et administratives. Chacun des trois opérateurs privés de téléphonie mobile du Cameroun devra en effet se soumettre à un audit de sa concession, selon les «hautes directives» du chef de l’État camerounais. Dans une lettre signée le 10 décembre 2018, Ferdinand Ngoh Ngoh répercute les instructions présidentielles au ministre délégué à la présidence de la République en charge du Contrôle supérieur de l’État (Consupe).

ans sa correspondance à Rose Mbah Acha, le secrétaire général de la présidence de la République indique la composition de l’équipe qui devrait conduire cet audit. Il s’agit des représentants de plusieurs administrations (Finances, Défense, Postes et Télécommunications, Justice, Délégation générale à la Sureté nationale, secrétariat d’État à la Gendarmerie nationale et Agence de régulations des télécommunications). Selon nos informations, Paul Biya souhaiterait que cette équipe mixte lui rende sa copie au plus tard en fin février 2019.

Soupçons de corruption
Si la correspondance de Ferdinand Ngoh Ngoh reste muette sur les motivations de cet audit des concessions de MTN, Orange et Nextell, des sources proches du dossier s’attardent sur son déroulé. Il s’agit, prévoit-on, de vérifier le taux de couverture, afin d’apporter des détails sur les capacités réelles desdits opérateurs (accueil d’appels, possibilité d’en passer, accès au haut débit…). Paul Biya, dit-on, serait très remonté. La preuve, il n’a toujours pas signé les décrets d’approbation des contrats de concession de MTN et Orange, depuis leur signature en 2015, comme le prévoit la loi de décembre 2010, régissant les télécommunications électroniques au Cameroun.

La signature de ces contrats avait été accompagnée de dénonciation indiquant que l’État avait été floué dans la transaction. Des soupçons de corruption entourent aussi la procédure qui a conduit à l’attribution de la licence à Viettel Cameroun en 2012. MTN et Orange ont payé, chacun, 75 milliards de francs CFA pour le renouvellement de leurs licences, ce qui les autorise à déployer les technologies 3G et 4 G. Viettel, évoluant sous le nom commercial « Nexttel », a pour sa part, déboursé 20 milliards de francs CFA pour obtenir la licence 3 G.

Selon nos sources, l’ire présidentielle proviendrait aussi des grommellements des consommateurs par rapport à l’offre des opérateurs. Vis-à-vis de ces derniers, l’insatisfaction est grandissante. Elle se concentre d’abord sur les factures. Au manque de transparence des politiques tarifaires (forfait mal défini dans les notices d’informations) s’ajoutent des communications surtaxées liées aux appels à l’étranger ou aux arnaques de certains opérateurs de services. L’absence d’information sur le verrouillage de l’internet mobile ou d’alerte en cas de dépassement constitue un facteur aggravant. Selon la Ligue nationale des consommateurs, le secteur détient, entre janvier et septembre 2018, la palme des réclamations (44 %), devant la grande consommation (22 %).

Jean-René Meva’a Amougou

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