Crise anglophone : Le terrain des sécessionnistes se rétrécit

Au-delà d’être traqués au Cameroun, les « Ambazoniens » sont désormais la cible des forces de défense du voisin nigérian.

 

Dans l’État du Cross River, à l’extrême sud-est du Nigéria, frontalier à la région du Sud-Ouest du Cameroun, le gouvernement fédéral nigérian a lancé, le 23 octobre 2018, une opération militaire d’envergure, baptisée «Le Sourire du Crocodile III». Celle-ci, apprend-on, s’étale sur un mois et a un objectif double: lutter contre le trafic des armes qui alimente les groupes sécessionnistes camerounais et d’endiguer le recrutement de mercenaires nigérians combattant aux côtés des séparatistes camerounais.

Se prononçant sur cette manœuvre militaire sur le site internet de Radio France Internationale le 25 octobre dernier, Christian Ita, le porte-parole du gouvernorat de l’État du Cross River renseigne qu’en plus de l’envoi de troupes (près de 800 para commandos et agents des services de l’immigration et des renseignements), l’opération va permettre de construire des bases militaires et d’observation le long de 27 routes terrestres à la frontière entre le Cameroun et le Nigéria. «Nous assistons à une prolifération du trafic d’armes sur ces routes, en raison de la guerre qui a cours dans le Sud-Ouest [ et le Nord-Ouest, Ndlr ] du Cameroun. Il y a également une augmentation des cas de kidnapping. Les rapports indiquent également que les insurgés viennent recruter des combattants au Nigéria, majoritairement des jeunes gens qui servent de mercenaires pour la lutte sécessionniste camerounaise», a expliqué le gradé nigérian au média français.

Position
Côté camerounais, l’on s’en félicite en même temps qu’on est assujetti au «droit de réserve vis-à-vis d’une manœuvre militaire engagée par un pays voisin». Pour meubler l’espace d’analyse, le haut-commandement brandit l’accord de coopération concernant la non-prolifération des armes légères et de petit calibre, signé le 6 février dernier à Abuja entre le Cameroun et le Nigéria. «En lançant cette opération, l’armée nigériane confirme qu’elle a acquis une capacité de projection supérieure et légale, relativement aux menaces communes à nos deux pays», souffle un officier de l’armée camerounaise.

En ces termes, l’on devine que l’arrestation au Nera Hôtel d’Abuja le 5 janvier 2018, de Sisuku Ayuk Tabe (leader des sécessionnistes camerounais) et ses acolytes relevait de l’«informel». Toutefois, le Nigéria avait assuré les autorités de Yaoundé de son soutien dans la préservation de la souveraineté et de l’intégrité du territoire camerounais, en évitant de faire du Nigéria une base arrière «ambazonienne».

Jean-René Meva’a Amougou

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