Migrants africains : l’indignation à l’eau de rose !

L’Afrique et ses propres contradictions, loin de crédibiliser, finissent par amuser. L’hypocrisie du politiquement correct ou du tout va bien en Afrique. C’est bien le choix de certains.

Les migrants africains ne sont-ils pas des esclaves en Afrique? Les migrants africains sont-ils des esclaves en Europe ? Les conditions d’immigration en Europe des Africains sont-elles accommodantes et moins esclavagistes que celles du commerce triangulaire ? Voilà les sujets d’une Afrique qui se parle à elle-même et ne recherche pas le consensus par le silence.

Polémique stérile

Le 14 septembre dernier, lors d’une réunion des ministres européens de l’Intérieur, Matteo Salvini, ministre italien, réagit aux propos du ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn : «en Italie, nous ressentons l’exigence d’aider nos enfants à faire d’autres enfants. Et pas à avoir de nouveaux esclaves pour remplacer les enfants que nous ne faisons plus».
Voilà 10 ans qu’il est admis que la population européenne est vieillissante. Les géostratèges de la démographie ont asserté depuis les écrits du collectif de Bohdan Jalowiecki qu’il fallait «repeupler le vieux continent» pour éviter qu’il n’importe la force de production ou qu’il ne délocalise son industrie en Chine et en Afrique. L’Europe a besoin d’immigrés pour produire. Le Japon et la Chine ont l’espionnage des étudiants. L’Afrique a son immigration ! À bon entendeur…

L’envers du décor

Sur le continent, la Mauritanie est connue pour la pratique séculaire de l’esclavage. «Cet esclavage persiste sous forme de pratiques, c’est-à-dire des gens qui sont au service d’autres et qui sont obligés, depuis leur naissance, ils sont esclaves par ascendance, de travailler pour leur maître. Ce sont les maîtres qui disposent d’eux comme ils veulent. Toutes les tâches domestiques sont confiées à ces esclaves. Ils font la cuisine, ils font le ravitaillement en eau si l’eau est très loin, ils font la collecte du bois de chauffe pour la maison, ils surveillent les troupeaux, ils traient les animaux qui doivent être traits la nuit. Et c’est eux qui réveillent même parfois leur maître pour boire leur lait. Et en fin de compte, ce sont les derniers qui dorment et ce sont les premiers qui se réveillent.

En fin de compte, l’esclave c’est l’élément, l’instrument physique de son maître. Les esclaves sont totalement soumis à leur maître. C’est pour cela que pour pouvoir s’occuper de l’esclavage, il faut être très prudent parce que l’esclave n’est pas facilement convaincu qu’il doit quitter son maître. Il est esclave parce que c’est son destin. Il ne va pas se rebeller contre son destin. Il croit que son paradis dépend de sa soumission. Et ça depuis des années, on l’a matraqué avec ça, depuis des siècles», explique Boubacar Ould Messaoud, président de SOS-Esclaves.

La Libye a défrayé la chronique grâce au reportage de BBC. Mais une fois passée l’indignation, qu’est-ce qui a suivi ? «Les jolies paroles, les beaux messages de condamnation venant des Nations unies, de l’Europe, de l’Union africaine et le geste qui apaise : envoyer des avions pour « sauver» les migrants puis leur offrir 100 euros pour leur permettre de redémarrer une vie. La mise en scène de l’indignation, après la théâtralisation de la horde d’affamés déferlant sur l’Europe, serait risible si la situation n’était si tragique», s’insurge la romancière camerounaise Hemley Boum.

Zacharie Roger Mbarga

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *