Discours de haine : Le CNC tente d’exorciser les médias

Face aux acteurs du secteur, l’organe en charge de la régulation, aidé par des experts, s’emploie à conjurer les éléments de déconstruction du vivre-ensemble au Cameroun.

Il n’y avait pas mieux que le génocide rwandais en 1994, la crise post-électorale en Côte d’Ivoire en 2010 et le contexte électoral actuel au Cameroun pour servir de passerelles au Conseil national de la communication (CNC) dans ses efforts de sensibilisation des hommes des médias locaux aux dangers des appels à la haine. Le 11 septembre 2018 à Yaoundé, Peter Essoka et son équipe disposaient là de deux aiguillons à une réflexion articulée autour d’un certain discours médiatique à la mode au Cameroun et les représentations qui s’y rattachent.

Question d’identité
Dans le détail, les experts ont édifié les participants sur la problématique des différentes dimensions de l’identité, en l’occurrence de l’identité nationale, politique, ethnique et culturelle telles qu’elles apparaissent dans le traitement et la représentation par les médias locaux. L’idée globale véhiculée par les différents exposants a surtout mis en exergue le risque de conflit ouvert. Selon eux, il est accru lorsque les journalistes remettent en question les compromis et s’appuient sur certains clans, factions ou ethnies. «Les référents identitaires, communautaires, tribaux, ethniques ou claniques favorisent, dès lors, des logiques de fractionnement : tantôt celle du contrôle du territoire par un pouvoir central, tantôt celle de la conservation du pouvoir», a validé le Pr Enoh Tanjong.

Partant du postulat selon lequel les situations de haine et les phénomènes de violence confrontent différentes figures dans les représentations médiatiques, le Pr Boyom Assala, le directeur de l’Ecole supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (ESSTIC) de Yaoundé, a focalisé son analyse sur le discours médiatique de la haine, tel que véhiculé par divers supports audiovisuels, écrits ou cybernétiques camerounais. En tant qu’objet langagier, il a développé autour une analyse «sémio-discursive» autour de celui-ci. «L’on assiste par conséquent à la prolifération d’un discours ou d’un lexique à fonction identificatoire qui débouche sur l’exacerbation des différences au plan national», a-t-il conclu. D’où l’appel, en urgence, d’un respect des fondamentaux de la profession de journaliste.

André Balla (Stagiaire)

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