Mercato : Les jeux et vœux de militants sur la scène

Mue par des situations cocasses, la presse locale ne rate plus l’occasion d’en faire écho ces derniers temps. Explications.

06 septembre 2018, Equinoxe TV, une chaîne de télévision émettant de Douala (région du Littoral) annonce qu’une faction de l’Union des populations du Cameroun (UPC) à l’Ouest s’est ralliée au Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto. Le même jour, sur le site de l’hebdomadaire Jeune Afrique, un titre barre la Une: «Christian Penda Ekoka tourne le dos à Paul Biya»

«Sam Séverin Ango, l’ancien soutien d’Akéré Muna vient de le quitter pour devenir porte-parole et responsable de la communication de Frankline Ndifor Afanwi, l’un des neuf candidats à la présidentielle du 7 octobre prochain», apprend-on sur le site d’informations Cameroonweb ce 20 août 2018. «Les 2 951 démissionnaires, majoritairement du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) ont été accueillis samedi dernier à l’esplanade de la maison du parti RDPC de Maroua pour leur retour dans cette formation politique au cours d’une cérémonie présidée par le Très honorable Cavaye Yeguié Djibril, chef de la délégation permanente régionale du Comité central de l’Extrême-nord», relate Cameroon Tribune du 16 juillet 2018.
Quelle conjonction astrale a-t-il fallu pour qu’au Cameroun, à cette période de veille électorale, les pensionnaires de certaines écuries politiques claquent la porte de celles-ci? 2018, année de la tenue de la présidentielle au Cameroun marque le retour de cette question, que la victoire de Paul Biya en 2011 avait fait perdre de vue. Empruntant au vocabulaire pastoral, les experts parlent de «transhumance politique».

Dès lors, selon les spécialistes, est propre à la période pré-électorale. «Ce à quoi nous assistons est fait de reniements, de revirements, de ralliements d’anciens opposants qui rejoignent soit la mouvance gouvernementale ou d’autres partis dits d’opposition, avec l’espoir de bénéficier de quelques avantages après le vote», explique  François Tchappi, sociologue politique.
Plus nuancé, le sociopoliste Eric Mathias Owona Nguini souligne que «les partis politiques ne sont pas des casernes militaires. La transhumance est d’ailleurs pratiquée pendant toute l’année sauf qu’à la veille des élections, on zoome sur la question. Certes, avant les élections, les gens sont à la recherche des postes en raison des ambitions des uns et des autres. Mais, l’opération d’adhésion et de retrait est continue dans le temps».

 

Bouffe

Prise comme telle, les spécialistes de la cuisine électorale mettent en avant «le langage à l’envers» des nomades. A les en croire, l’adhésion au parti ne se fait pas autour d’un projet. «C’est l’accès au pouvoir qui est une fin en soi, quand ce n’est pas l’exclusive motivation ethnique ou personnelle qui a raison sur tout. L’adhésion à un parti politique se fait davantage sur des critères d’appartenance ou de relations personnelles, ethniques et matérielles. La transhumance politique se nourrit, en partie, de ces dérives et perversions», dégage Eric Mathias Owona Nguini.
Dans cet énoncé, un brin de vérité jaillit face à ce que dit Sam Séverin Ango. Invité de l’émission «7 minutes pour convaincre» du 26 août 2018, sur la télévision en ligne Afrik-Informle journaliste déclare: «Il m’a demandé de prendre les 50% de ce montant donc 500 000 francs. Le minimum pour assurer mes charges fixes en termes de loyer et paiement de factures. Donc vous comprenez que je n’étais pas spécialement boulimique à ce niveau-là. Donc au bas mot, à minima, je pars avec 1 500 000 francs de salaire impayé. Je pars avec au minimum trois mois d’arriérés de salaire».

 

Jean-René Meva’a Amougou

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