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Développement : Le mini plan Marshall chinois pour l’Afrique

Un investissement de 60 milliards de dollars. Une dette épongée. Davantage de connectivité commerciale à travers la Route de la soie. Ce sont-là les engagements pris par l’Empire du Milieu au bénéfice du continent lors du 3e Forum Chine-Afrique.

La photo officielle du dernier sommet Chine-Afrique

60 milliards de dollars (plus de 33 888 milliards de francs CFA à la valeur du dollar au 07 septembre). Telle est la promesse d’investissement faite par la Chine à l’Afrique lors du 3e Forum Chine-Afrique (Focac) qui s’est achevé le 4 septembre dernier à Pékin. Soit autant qu’il y a trois ans, lors du sommet de Johannesburg (Afrique du Sud). Différence majeure: cette fois, il n’est plus seulement question de distribuer des prêts concessionnels, mais de faire des affaires. Quelques 15 milliards de dollars (soit trois fois plus qu’en 2015) sont des prêts sans intérêts, 20 milliards sont des lignes de crédit, 10 milliards iront à un fonds de financement des projets de développement et 5 milliards devront soutenir les exportations africaines vers la l’Empire du Milieu.

Coopération

La Chine a retenu 8 axes de coopération pour les 3 prochaines années. Il s’agit du domaine alimentaire (assistance et formation agricole, aide alimentaire humanitaire d’urgence d’un milliard de yuans aux pays africains sinistrés). La connectivité des infrastructures (un plan de coopération d’infrastructures sino-africain, investissement-construction-opération dans les infrastructures africaines). La facilitation du commerce (augmentation des importations en Afrique surtout les ressources naturelles). Le développement écologique (construction d’un centre sur les changements climatiques). Le renforcement des capacités humaines (formation professionnelle de 1 000 africains, 50 000 bourses gouvernementales, parrainage de 50 000 opportunités de séminaire, échanges professionnels avec 2 000). Les soins de santé (appui de 50 programmes d’aide médicale). Les échanges culturels (construction d’un Institut des études africaines). La paix et la sécurité (création d’un fonds de paix et de sécurité Chine-Afrique pour une assistance militaire gratuite à l’Union africaine).

Route de la soie

Répandue comme le projet belt and road (ceinture et route), la nouvelle route de la soie est l’interconnexion commerciale entre la Chine et le reste du monde et la sécurisation des corridors chinois d’approvisionnements. Elle consiste en la construction des infrastructures transnationales de liaison à savoir des ports, aéroports, chemins de fer, des routes et autoroutes, des projets d’énergies et de télécommunication. Comprenant un plan d’investissement de près de 1 000 milliards de dollars, la route commerciale devrait couvrir à terme près de 60 % de la population mondiale et jusqu’à 40 % du PIB mondial.
En Afrique, le projet reste axé sur le littoral est du continent à savoir Egypte et Kenya. C’est aussi et surtout le cas de Djibouti. Mais le pays s’est lancé depuis 2017 à la construction du port géant de Doraleh. «Voilà pourquoi le carte ferroviaire africaine donne parfois l’impression de s’orienter vers l’ouest», juge Louis-Marie de Courville, rédacteur Portail africain de l’intelligence économique.

Lancée en 2013, l’initiative obor (one belt one road) a vu le géant asiatique investir plusieurs milliards de dollars dans des parcs industriels également. Des investissements largement salués par les pays africains, qui espèrent ainsi accélérer leur développement économique. La Chine envisage augmenter ses importations de ressources naturelles en provenance de l’Afrique. Le président nigérian Muhammadu Buhari a signé avec la Chine un accord sur les télécommunications, financé par un prêt de 328 millions de dollars de la banque chinoise d’import-export.

Dette

Et selon le Fonds monétaire international, les prêts chinois représentent énormément dans l’explosion de la dette africaine. Face à ces critiques, le président Rwandais Kagame répond: «ceux qui accusent ont comme objectif de décourager les relations commerciales sino-africaines. Une autre facette de la question, c’est que ceux qui critiquent la Chine sur la dette donnent trop peu». La Chine s’est toutefois engagée à effacer une partie de la dette. Le volume reste attendu.

Zacharie Roger Mbarga

Chine-Afrique

Le visage de la communauté de destin

La nouvelle antienne symbolise-t-elle la construction d’une alternative à l’occident ? La récente rencontre de Pékin a vu la participation de la quasi-totalité des pays africains.

 

Chefs d’Etat et de gouvernement africains, ministres et conseillers, tous ont fait le déplacement à Pékin, lundi 3 et mardi 4 septembre, pour le Forum Chine-Afrique (Focac). Cinquante-trois pays africains présents au total. Sans doute venus en Chine pour définir une nouvelle communauté de destin. Seul le Royaume d’Eswatini (ex-Swaziland) a manqué à l’appel chinois. Le pays maintient ses relations diplomatiques avec Taiwan et «se refuse de prêter allégeance à la toute puissante Chine», avait prévenu le gouvernement en juin dernier.

Crédo

La «communauté de destin», voilà le crédo des 3 prochaines années dans la relation entre la Chine et l’Afrique. Le thème de ce 3ème Focac s’intitulait «la Chine et l’Afrique : communauté de destin et partenariat mutuellement profitable». Dans les rues de Pékin, les slogans «Destin commun» et «Amitié entre les peuples» ont été soigneusement déployés.

Plusieurs chefs d’Etats africains l’ont exprimé. C’est le cas de Faustin-Archange Touadéra. «Le sommet de Beijing est très important pour l’Afrique et la Chine. Ces échanges vont être très importants pour le développement de l’Afrique en général dans tous les domaines et c’est une expérience qu’il faudrait connaître et partager».

Pour Thomas Motsoahae Thabane, Premier ministre du Lesotho, le sommet de cette année est «un exemple de plus de l’engagement de la Chine envers le bien-être et le développement de l’Afrique».

Le président Xi Jinping, lors de son allocution, a rassuré ses partenaires qu’il est «prêt à renforcer la coopération globale avec les pays africains pour construire une voie de développement de haute qualité adaptée aux conditions nationales, inclusive et bénéfique pour tous».

Orientation

Le fonds de placement d’investissements, géré par la Banque de développement de Chine, a atteint 10 milliards de dollars en Afrique. Pour l’heure, le fonds a décidé de placer plus de 4,6 milliards de dollars dans plus de 90 projets présentés par 36 pays africains. Dans les secteurs des infrastructures, des équipements de haute performance, de l’agriculture, de l’amélioration des moyens de subsistance de la population, de l’énergie, ainsi que de l’exploitation des ressources, selon le fonds.

Héribert-Label Elisée Adjovi, expert béninois en relations internationales affirme que « la communauté de destin Chine-Afrique, c’est une mondialisation à visage humain, et une alternative crédible sur la scène internationale en quête de repères ». Il estime que le partenariat Chine-Afrique facilite la concrétisation des nobles ambitions de développement de l’Afrique telles qu’elles figurent à l’Agenda 2063 de l’Union africaine, sans oublier le programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations-Unies. Cette prise en compte des volontés des priorités africaines matérialisent cette communauté de destin.

Zacharie Roger Mbarga

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