Jean-Blaise Gwet: L’envol ou le rêve de voler haut

Parmi les concurrents de Paul Biya, l’homme d’affaires, bien que novice en politique, croit dur comme fer que son heure de gloire a sonné.

Au commencement, il y a l’histoire qui peut servir de référence. Elle s’écrit au passé, au présent et au futur. Dès lors, la question se pose: qui était, qui est, qui serait hier, aujourd’hui et demain, celui qui veut déloger Paul Biya d’Etoudi ? Pour répondre, il existe une anecdote. Au moment où Jean Blaise Gwet naît à Mbalmayo (Nyong-et-So’o) le 10 octobre 1957, des cris de joie retentissent dans le quartier de sa mère. «C’est inédit chez les Babimbi», avance Anne Ngo Njéé.

«Mystère». Le mot est validé par l’intéressé. Sauf que, sur le champ, on va mettre du temps à le comprendre. Surtout si l’on considère qu’il est tout neuf, le candidat. Jean-Blaise Gwet coupe court : «quand un homme politique arrive à ce niveau, il a déjà une grande biographie». D’ailleurs, une image de lui dans la presse, et voilà l’homme prêt à enguirlander la terre entière. Et lorsque cela est dopé par un texto envoyé par un ami, les mots ne s’emballent plus. «Regardez, voilà un Camerounais… Un vrai !», engage Jean-Blaise Gwet, tenant à ne pas embarquer son interlocuteur dans un tourbillon biographique. Déroulée par lui-même, une esquisse de l’essentiel permet de surnager dans le grand bain d’une vie fort remplie. De temps à autre, le débit contraste entre emphase et pudeur, entre magnificence et insignifiance.

Toutefois, on prend des notes pour ramasser dans nos filets 61 années, cochant, l’une après l’autre, les cases d’un CV afférent et des différences affûtés tant en France qu’au Cameroun. Trop de portes à ouvrir donc pour faire le tour et parler de ce candidat déclaré à la présidentielle d’octobre prochain au Cameroun. En guise de conclusion, Sébastien Mbock, l’un de ses amis fait sienne une plaisanterie colportée avec délice à la veille du scrutin: les hommes d’affaires camerounais s’intéressent peu à peu au pouvoir. Et au sujet du diplômé de l’Institut Supérieur de commerce et d’administration de Paris, il parle même d’«un attrape-tout, enchaînant -ou cumulant !- une multitude d’activités, un homme d’affaires touche-à-tout qui a de bonnes chances de parvenir au pouvoir».

«C’est un homme né pour le pouvoir», enchaîne William Sosso Ekambi, un militant du Mouvement patriotique pour le changement au Cameroun (MPCC), le parti sous la bannière duquel Jean-Blaise Gwet va challenger Paul Biya dans quelques semaines. La lieutenance idéologique de cette formation politique a d’ores et déjà brodé un acronyme de campagne: JBG. Comme un certain JFK. Les initiales résument la grosse part du rêve que véhicule l’entrepreneur politique: «briguer la magistrature suprême à l’aide d’une vision claire et cohérente». L’idée tient sur quelques traits de caractères exposés par Sébastien Mbock: «l’écoute, la réflexion à la place de l’intuition, prise en considération des faits».

Faim politique

De l’ancien mécène de la Course de l’Espoir, l’on dit qu’il fait preuve d’une maturité et d’une habileté politique incroyables. «Regardons comme il a dosé ses soutiens. Quand on regarde comment il agit politiquement, il a l’air d’avoir plus 61 ans», rebondit Sébastien Mbock. Son entourage vante surtout un élan naturel vers la solidarité doublé d’un sens inédit de la formule à la portée de tous. Là, le candidat se reconnait : «La politique a un rapport étroit avec la langue. Fût-il de la haute société ou des bas-fonds, il lui faut inventer des mots et des formules capables de rendre intonations inouïes, agacements ou exaltations qu’on exprime sans feu… Évidemment, l’homme politique n’a jamais été en reste lorsqu’il s’agit d’être un citoyen, il est donc bien naturel que sa langue soit dotée des fleurs particulières.

L’homme politique est donc beaucoup plus sensible au monde social que dans la société de cour, il doit en effet surveiller ses concurrents, les marquer et s’en démarquer afin de contrôler son électorat. Et pour cela offrir des produits politiques ajustés aux attentes des électeurs bien entendu des discours», dit-il. La chronique révèle que c’est là sa principale différence avec les autres candidats, même si certains considèrent qu’il y a des similitudes dans leur caractère. Ainsi, on remarque surtout qu’il a une «façade très affable, aimable, qui cache une vraie détermination», détaille Anne Ngo Njéé.

Elle reconnait qu’il y a plusieurs herses sur le chemin de JBG. Il n’a jamais été élu, et puis, il a face à lui ceux que l’opinion publique appelle «mastodontes politiques». Quand on discute avec d’autres proches, ce sont certes de vrais sujets de préoccupation. Mais, Anne Ngo Njéé estime que son «fils» «montre une détermination assez étonnante, avec les moyens de sa politique. Car lorsque cet homme fait face à un système à bout de souffle, où la peur est sous-jacente et l’anxiété des foules répandue, il ne craint rien». D’ailleurs, sur ce registre, le porte-étendard du MPCC dit que «le système actuel a réussi à créer la division et les faux opposants. La plupart des candidats ne font en réalité que gesticuler». Pour cet homme d’affaires, qui a sponsorisé entre 2000 et 2003 le mini marathon de la ville de Yaoundé, organisé à l’occasion du 20ème anniversaire de RDPC (le parti au pouvoir), Akere Muna ne fera pas 1%. Même chose pour Maurice Kamto. Ils sont pourtant parmi les candidats de l’opposition les plus en vue, du moins sur la scène médiatique.

Socle de campagne

«Avec JBG, le Cameroun s’ouvre au changement». La ritournelle scandée par les militants du MPCC souligne que leur joker est à même de mettre en place les conditions de vie qui permettent paix, cohésion sociale et épanouissement. Cela passe par une monnaie africaine, une autorisation de la double-nationalité, une implication de la diaspora, une assurance-vie pour les militaires et policiers, une couverture maladie pour chaque citoyen, mais aussi par une élection présidentielle à deux tours et une limitation des mandats du chef d’État.

Impossible n’est pas Camerounais. Le tout explique ce que ses partisans appellent une «candidature rafraichissante». De quoi s’agit-il ? D’une méthode de financement révolutionnaire appelée crowdfundind -ou «financement participatif»-, qui bouleverse non seulement la manière de financer des projets, mais aussi les liens entre les citoyens, quel que soit l’endroit du monde où ils se trouvent. Grâce à ce système – très simple dans sa mise en œuvre, chacun peut aider d’autres personnes, des amis ou de parfaits inconnus, à concrétiser une idée, à réaliser un rêve, quel qu’il soit.

Sur le plan institutionnel, les engagements du candidat seront également décisifs. Dans une interview à la chaîne Africa 24 à la fin du mois dernier, JBG a fait part de son souhait d’organiser un référendum sur la forme de l’Etat au Cameroun. Afin de tourner définitivement la page de la «monarchie républicaine», et de partager le pouvoir présidentiel avec les Camerounais. A l’en croire, le pays profond exprime l’aspiration grandissante à la participation citoyenne. L’établissement du référendum d’initiative populaire, ou de l’amendement citoyen, constituerait en ce sens un premier pas, avec des conditions associées à l’usage de ces dispositifs les rendant applicables.

Jean-René Meva’a Amougou

 

Le candidat et l’intégration : Balayer d’abord sa cour

Pour JBG, voilà un thème dont le sort et la concrétisation relèvent de l’urgence. «Il faut faire vite», pense-t-il. Pour cela, une étape est cardinale: le départ de Paul Biya. Partant de la crise anglophone pour embrayer sur l’Afrique centrale, le candidat du MPCC est direct: «Une chose est sûre: si rien n’est fait, d’autres poches de tension risquent de s’ouvrir et nous irons droit à une guerre civile qui pourrait contaminer toute la sous-région. Il faut envoyer un gage de paix et libérer les prisonniers anglophones».

Sous les mots se profile l’idée qu’en tant que locomotive de la sous-région, le Cameroun doit construire durablement sa propre paix. Selon JBG, le pays doit revoir ses institutions, afin de présenter et mettre en valeur un profil audacieux et une personnalité créative qui contribuent à la fois à inventer de nouveaux systèmes d’action et dessiner un idéal communautaire cohérent.

A l’écouter, il se trouve que la transformation de l’orientation politique au Cameroun, qu’elle soit ou non rentable aujourd’hui, constitue une des premières pépites de l’économie collaborative. «Avec moi, elle le sera demain et constituera alors une manne financière de premier choix pour ceux qui auront su nous faire confiance», ponctue l’homme politique.

JRMA

Bio-Express

• Nom : Jean Blaise Gwet
• Age : 61 ans (né le 10 Octobre 1957 à Mbalmayo)
• Expérience professionnelle: chef comptable de Cobe S.A 8, PDG de Congelcam – Cameroun, PDG Jet Inc – Cameroun, PDG de LG pour l’Afrique centrale, président de la Lucky Gwet, PDG de Eurhoma France, chargé des relations avec l’Afrique de la Confédération générale des PME & PMI (CGPME 93) de France, membre de la Commission international CGPME national, membre du conseil d’administration du CEDAX, directeur du département international à CGPME 93 et directeur du développement commercial international du cabinet Moeglin
• Niveau académique : 3e cycle en diplomatie et stratégie, diplômé en gestion et comptabilité (Institut supérieur de commerce et d’administration de Paris, Ecole supérieure des carrières mixtes et de tourisme de Vichy)
• Distinctions : Médaille du Premier sportif Camerounais (1998), Officier de l’Ordre de la Valeur (2002), Commandeur de la Légion d’Honneur (2004)
• Situation matrimoniale : marié père de 8 enfants

 

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