Conférence mondiale sur le cacao: Le coup de gueule de Luc Magloire Mbarga Atangana

Le ministre du Commerce (Mincommerce) s’est particulièrement montré virulent devant les acteurs du commerce international de la fève le 23 avril dernier à Berlin.

Luc Magloire Mbarga Atangana (au centre).

Si ce n’est un plaidoyer sans fioritures, çà s’en approche. Du haut de la tribune de la 4ème conférence mondiale sur le cacao, Luc Magloire Mbarga Atangana, a produit une partition dure devant le gratin du cacao mondial réuni à Berlin (Allemagne) le 23 avril 2018.

Ce jour-là, le membre du gouvernement camerounais a explicitement dit d’où il vient ; il n’a pas hésité également à valoriser ceux pour qui il parlait, à savoir les petits producteurs. Par ses gestes et paroles, le Mincommerce a d’emblée corroboré un sentiment d’inachevé et une impression de déjà-vu et entendu.

«Il y a exactement un an, plus précisément le 24 avril 2017, les pays exportateurs de cacao, à l’initiative de l’ICCO (l’Organisation internationale du Cacao), s’étaient retrouvés à Abidjan, en Côte-d’Ivoire, pour esquisser des pistes de solution en vue de faire face à la dépréciation brutale du prix du cacao sur le marché international. Cette concertation sera suivie par une autre rencontre du même genre, à Bruxelles, du 17 au 20 juillet 2017, regroupant, cette fois, les pays exportateurs, les pays importateurs et l’industrie chocolatière, sans grand résultat, je dois dire», a-t-il lancé.

Constats

L’option choisie par le Mincommerce se comprend si l’on considère ce que le «marché du cacao» est devenu tout à la fois: un monstre de complexité, avec des réglementations de plus en plus tatillonnes mais aussi un instrument qui empêche les pays producteurs de défendre leurs intérêts. «Nos producteurs n’en peuvent plus. Ils meurent à petit feu, acculés par des prix aussi bas, qui frisent l’esclavagisme.

Et dire que nous sommes au 21ème siècle ! Je me répète volontiers en insistant sur le fait que le niveau actuel des cours est tout simplement insupportable, des cours qui menacent la survie même de la frange la plus importante de nos populations», s’est-il emporté. Selon lui, c’est dans les tranchées du négoce que la situation trouve en partie ses racines.

Pour tout dire, le «porte-parole du Cameroun» a estimé que les acteurs de ce giron commercial du cacao doivent rejoindre les producteurs bord-champ. Ils doivent intervenir sur le terrain avec eux, en particulier dans le segment pré et post récolte, en vue de développer la production d’un cacao haut de gamme, gage d’une profitabilité partagée et, par conséquent, synonyme de durabilité.

Faisant part des actions de son pays, Luc Magloire Mbarga Atangana a indiqué qu’au plan interne, le Cameroun a pris le taureau par les cornes, en décidant d’un vaste programme d’amélioration de la qualité consistant, d’une part, à la réhabilitation de près de dix mille séchoirs à cacao, et, d’autre part, à la construction d’une vingtaine de centres d’excellence pour la fermentation et le séchage.

A ce niveau également, le Cameroun, qui compte parmi les cinq pays qui hébergent la forêt tropicale du Bassin du Congo, deuxième plus grand massif forestier du monde après l’Amazonie, a, tout autant, pris ses responsabilités en matière de vulgarisation des pratiques d’agroforesterie lesquelles favorisent la diversité des récoltes. «Vous le voyez, le Cameroun, mon pays, ne ménage aucun effort. Mais, nous ne sommes pas récompensés en retour», s’est désolé le Mincommerce.

 

Jean-René Meva’a Amougou

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