Troisième mandat de Macky Sall : Les Sénégalais de Yaoundé divisés

Les dernières élections législatives dans leur pays mettent selon eux en perspective, la modification constitutionnelle.

Dans la capitale camerounaise, les Sénégalais rencontrés sont profondément divisés au sujet des législatives. Le véritable enjeu selon eux est la probable modification de la constitution. Macky Sall, l’actuel président, est soupçonné de vouloir briguer un troisième mandat. «Le Sénégal a une constitution qui doit être respecté», affirme Ba, restaurateur à Yaoundé. Pour ses partisans, il faut que le président poursuive les réformes et la modernisation du pays. Les enjeux sont donc trop élevés pour les deux partis et ceux-ci forment des alliances que l’on retrouve aussi à Yaoundé.

Pour
À la briqueterie, on peut qualifier ce quartier populaire du 2e arrondissement de la capitale camerounaise de fief de Macky Sall. C’est une forte communauté sénégalaise que l’on retrouve ici. Ils sont boutiquiers, restaurateurs et tailleurs. Et une fois que vous les interpellez sur cette question, le choix est vite fait. «Macky Sall, c’est le bon président, il doit rester», comme l’indique Diarra, propriétaire d’un atelier de couture dans ce secteur. Papa Dia, visiblement sexagénaire ne veut pas beaucoup parler.

Mais c’est son jeune collègue qui fait comprendre, «qu’il est un fervent partisan de Benno Bokk yakaar», la coalition soutenant Macky Sall. Il confie en plus qu’il était l’un des directeurs de campagne du parti au pouvoir au quartier briqueterie.

Diouf, cuisinier, est scotché sur son téléphone, probablement en train d’échanger avec ses frères sur l’avenir du pays. Pour lui le président est l’homme de la situation parce que la question de la Casamance trouve déjà des solutions. Il ne s’attelle plus à sa tâche, à savoir servir les clients. Père Soh, boutiquier à Coron non loin de Mvog-Mbi partage la même vision que ceux de la brique dans la sobriété.

Contre
Selon Diop, le responsable de la sécurité à Diarra Touba à Nkolndongo, quartier populaire de Yaoundé et partisan de l’ancien président Abdoulaye Wade. Macky Sall paie le prix d’une gestion chaotique adossé à la famille. «C’est un monsieur qui gère le pays avec sa famille et ses amis. Pas de travail pour la jeunesse. Pire encore, la vie est devenu trop chère au pays», affirme-t-il.

Ce dernier ajoute aussi que l’actuel locataire du palais de la République a peur de voir son petit frère en prison. Alors qu’il l’a fait avec Karim Wade. «C’est un ingrat qui a trahi Me Wade, l’homme qui lui a donné le pouvoir. Voilà pourquoi, il veut rester au pouvoir». Il fustige la victoire du président Macky Sall au Cameroun, qu’il trouve tribale. Parce que dit-il, «la majorité des Sénégalais de Yaoundé et même d’Afrique centrale sont peuls».

Il est rejoint par un groupe de jeunes de nationalité sénégalaise rencontrés ce jeudi 4 août dans leur restaurant sénégalais à Nkolndongo. «Je suis Yewwi askan wi et on va gagner cette élection», crie Youssouf. Ils attendent l’annonce des résultats en regardant la chaîne nationale du pays «RTS».

Même Sandrine camerounaise et petite ami de l’un d’eux fait des commentaires avec les hommes. Elle affirme aussi être opposée à Macky Sall. Elle le trouve «trop dur avec les Maliens». Elle arbore même le t-shirt d’Ousmane Sonko un des opposants les plus virulents au régime en place.