Blaise Compaoré divise la diaspora burkinabè

La communauté ouest-africaine apparaît écartelée sur les ondes de la BBC Afrique, au sujet du message de l’ex-président du Burkina Faso. Lequel demande pardon au peuple et à la famille de Thomas Sankara.

Le pardon de l’ex-président Blaise Compaoré ne fait pas l’unanimité dans son pays d’origine et au-delà. La communauté ouest-africaine est déchirée au sujet de l’approche retenue. C’est en effet par le truchement d’une délégation venue de Côte d’Ivoire le 26 juillet dernier et conduite par Aly Coulibaly, conseiller spécial du président ivoirien que la lettre a été remise à l’actuel chef de l’Etat Paul Henri Sandaogo Damiba. «Je demande pardon au peuple burkinabé pour tous les actes que j’ai pu commettre pendant mon magistère, plus particulièrement à la famille de mon frère et ami Thomas Isidore Noel Sankara. J’assume et déplore, du fond du cœur, toutes les souffrances et drames vécus par toutes les familles durant mes mandats à la tête du pays et leur demande de m’accorder leur pardon», a écrit l’ex-président en exil en Côte-d’Ivoire depuis 2014.

Après la lecture de ce communiqué, la communauté ouest-africaine s’est exprimé sur la chaine BBC Afrique. Pour le Sénégalais Arouna Baldé, «cette déclaration est une insulte à la mémoire de Thomas Sankara. Si l’on regarde l’approche. On ne peut comprendre pourquoi lui-même n’a pas prononcé ce discours. Puisqu’avant cela, il a été condamné par la justice burkinabé. Il devrait avoir le courage comme il est revenu au pays, de répondre devant la justice. Et c’est à partir de là qu’on pourra dire qu’il est prêt à faire son mea culpa. Pour moi, c’est l’acte qui pose problème. Il n’y a pas de sincérité dans cette demande, Blaise Compaoré devrait se prononcer».

Selon Daniel Yobaré de Côte d’Ivoire, «le bon sens voudrait que la réconciliation se fasse dans la vérité assortie d’une justice réparatrice». Pourtant, «dans son propos, l’ex-président a mis les charrues avant les bœufs parce qu’il doit faire face à la justice et doit se soumettre à celle-ci puisque nul n’est au-dessus de la loi. Pour moi, il devrait se rendre à la justice. Il est venu la fois dernière, et il est reparti paisiblement. Donc, dans ce processus de réconciliation, Blaise Compaoré, doit assumer. Nous l’appelons à se soumettre à la loi», souligne ce dernier.

À pic
Selon une frange d’intervenants à l’instar de Dali Gbagbo également de Côte-d’Ivoire, le pardon de Blaise Compaoré tombe à pic. «Ce pardon vient à point nommé au vu de la situation sécuritaire actuelle du Burkina Faso. Parce qu’une telle déclaration prouve qu’il est repentant. Ne pas faire de déclaration, serait de la moquerie. Cette déclaration, je la soutiens. Il n’est pas tard pour bien faire». Et de poursuivre: «cet acte va contribuer à réconcilier avec lui-même le Burkina Faso qui fait face à une pression sécuritaire importante. Parce que qui parle de réconciliation parle des hommes. Si l’ex-président a le courage de s’exprimer à travers un communiqué, cela veut dire qu’il est consentant pour que la réconciliation ait lieu et quand une personne est pour la paix, il faut l’encourager».

Toujours d’après l’Ivoirien, «la justice devrait être clémente pour son cas, parce que qui dit justice, dit les hommes, ce sont des hommes. Ils doivent comprendre que cela s’est passé il y a très longtemps, et actuellement où le pays est en proie à l’insécurité, ils devraient penser à trouver une solution palliative. C’est-à-dire la réconciliation, amener les gens à pouvoir se parler, amener les djihadistes à réfléchir». Une position partagée par Yao Konan pour qui «le peuple burkinabé ne doit pas rejeter ce pardon qui vient certainement de son cœur. Le pardon est divin, c’est difficile de voir un ancien chef d’Etat venir demander pardon».

Olivier Mbéssité

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