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Yaounde : Au bon souvenir de Soundiata Keita

Les ressortissants maliens au Cameroun attendent de la loi fondamentale en cours d’élaboration qu’elle soit authentique et repose sur la charte de Kouroukan-Fouga.

Assimi Goïta bénéficie du soutien sous condition
de ses compatriotes au Cameroun

Le 10 juin dernier, le président de la transition au Mali, Assimi Goita, a annoncé la création d’une Commission chargée d’élaborer une nouvelle constitution. Elle sera à pied œuvre pendant une durée de deux mois. Cette commission est composée de 25 membres dont un président, deux rapporteurs, et 22 experts qui vont travailler sous son autorité. Cette actualité ne laisse pas indifférente la communauté malienne basée au Cameroun. Elle s’est réunie le mois dernier à Douala au consulat du Mali. Sa motivation était de porter ses desideratas sur la nouvelle constitution à l’attention des dirigeants au pouvoir.

La nouvelle loi fondamentale en élaboration arrive en effet au bon moment pour les ressortissants maliens au Cameroun et charrie de nombreux espoirs. «Il fallait une nouvelle constitution parce que les pays africains ont tendance à copier les constitutions européennes. On souhaite que celle en cours de rédaction soit originale, authentique et propre au peuple malien», déclare Mamadou Touré. Selon le responsable malien, «nous souhaitions que la nouvelle constitution épouse les réalités socio-culturelles du pays et qu’elle s’inspire de la Charte de Kouroukan-Fouga laissée par l’empereur Soundiata Keita en 1236». La nouvelle constitution devra ainsi mettre son peuple au centre de ses préoccupations pour le retour définitif à la paix dans ce pays. «Elle devra protéger les forces maliennes, les autorités, et les civils», fait savoir Touré Mamadou. Et dans les rapports avec l’extérieur, «nous souhaitons que ce soit des relations de parité gagnant-gagnant», souhaite-t-il encore.

À l’en croire, ceci interpelle notamment la France. «Elle traite et exploite ses colonies et affiche une attitude condescendante. Nous voulons que la France nous donne vraiment le respect, il faut qu’elle oublie l’affaire des colonies françaises, nous sommes une nation, un Etat souverain, puisque c’est l’origine de la brouille avec le Mali, ce manque de respect. On a obtenu notre indépendance, donc, nous sommes capables de gérer nos affaires par nous-mêmes, sans immixtion ou d’ingérence extérieure», précise le responsable malien.

Suggestions
À l’issue de la rencontre tenue au consulat du Mali à Douala, «nous avons suggéré quelques doléances pour la nouvelle constitution dans tous les domaines. Politique, économique et culturel. Il faut souligner que nous remercions les autorités en place pour l’importance accordée aux ressortissants maliens se trouvant ailleurs. De ce fait nous avons porté nos voix pour que la nouvelle constitution trouve l’assentiment de tous les maliens», s’est réjoui Mamadou Touré.

Pour ce faire et sur le plan politique, «nous avons émis le vœu de restreindre les partis politiques source de divisions et tensions entre Maliens. Il faut des institutions fortes qui contrôlent l’action des politiques, si possible qui recadrent les hommes politiques. On a abordé le problème de la limitation des mandats, la nouvelle constitution devra faire comme l’ancienne, c’est-à-dire un mandat renouvelable une fois. Et il faut l’homme à la place qu’il faut. On ne veut pas de favoritisme, et que les élections se fassent dans la transparence», est-il présenté. Là sont quelques propositions faites aux dirigeants maliens. «Nous soutenons l’initiative des autorités maliennes qui assurent la transition et les accompagnons pour le travail fait», précise les ressortissants maliens rencontrés à Yaoundé.

Olivier Mbessité

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