Inflation au Cameroun : Comprendre la différence des chiffres

Les experts sont partagés et reconnaissent qu’un taux d’inflation se mesure selon différents critères.

« Le taux d’inflation au Cameroun devrait atteindre 4,6% au cours de l’année 2022 », apprend-on de la 2e revue du programme économique et financier triennal avec le Cameroun, publié le 29 juin 2022. Selon l’institution financière de Bretton Woods, cette situation est à lire à l’aune de « la forte augmentation des prix internationaux des produits de base – en particulier du pétrole, des engrais et des denrées alimentaires – accentuée par la guerre en Ukraine et du resserrement des conditions sur les marchés financiers internationaux ».

Pour sa part, Fitch Solutions (agence de notation américaine) situe le taux d’inflation à 3,3% au Cameroun en 2022.

Avis

« Si le rythme actuel de progression des prix est maintenu, le taux d’inflation pourrait franchir la barre de 3% en 2022, en l’absence des mesures additionnelles fortes à la fois globales et ciblées de soutien aux entreprises pour une offre des produits à prix modérés et aux ménages en vue de sauvegarder leur pouvoir d’achat déjà érodé par une importante inflation cumulée de plus de 9,2% entre 2017 et 2021 », a indiqué l’INS (Institut national de la statistique) dans une enquête de conjoncture publiée en mi-mai 2022.

« Lorsqu’on aborde la question de l’inflation, on parle d’abord de chiffres. On le voit aussi, ceux concernant le Cameroun restent entourés d’incertitude. L’argument économique invoqué par les experts est qu’il s’agit de chiffres qui sont les plus sujets à des perturbations au niveau de l’offre et qui ne traduisent donc pas l’évolution de la demande globale », analyse Thaddée Mendouga, enseignant à l’université catholique d’Afrique centrale.

« En ce qui concerne le Cameroun, l’indicateur d’inflation tendancielle est généralement en retard sur le taux d’inflation globale, mais, pour d’autres, c’est l’inverse », postule Romain Roland Fotsing. L’économiste camerounais souligne que « ce qui est frappant dans la différence de chiffre  c’est que le rythme de l’inflation est donné en glissement annuel, ce qui tend à amplifier le phénomène, même si cela offre une perspective. En fait, tout dépend des instruments de mesure utilisés par les agences de notations et autres institutions financières.

Par exemple, l’indice des prix à la consommation (IPC) mesure l’évolution moyenne dans le temps des prix des biens et services qu’un ménage type consomme, comme les denrées alimentaires, les boissons, le tabac, l’habillement, le logement, les combustibles, les appareils ménagers, les transports, la santé et les télécommunications. Les estimations nationales de l’inflation des prix à la consommation sont calculées comme une moyenne géométrique pondérée des indices de prix nationaux, les pondérations étant le produit intérieur brut estimé du Cameroun en 2022 ».

« En phase inflationniste, les phénomènes d’opinion sont très importants. Les réactions émotionnelles que peuvent avoir les consommateurs et les entreprises peuvent contribuer à alimenter involontairement le phénomène (part « psychologique » de l’inflation), commente Hubert Essindi, spécialiste camerounais de l’inflation. Il ajoute : «Ainsi, lorsqu’on parle d’une inflation qui  bondit en 2022, on a tendance à comprendre que les prix à la consommation de 2022 se sont envolés par rapport à ceux de 2021. Or, il s’agit des chiffres de l’inflation en glissement annuel, comparant la hausse des prix d’une année par rapport à l’année précédente ».

 

Ongoung Zong Bella

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