Ciment en Afrique centrale: Coulisses d’une rencontre au Mincommerce

Le trop plein de nouveaux opérateurs commence à inquiéter les anciens

 Discussions en béton au ministère camerounais du Commerce (Mincommerce) le 20 juin 2022 à Yaoundé.  Nos sources révèlent que Luc Magloire Mbarga Atangana et les responsables de Cimencam, Cimaf et Dangote ont évoqué la structure des prix du ciment dans la sous-région. «Parce que le secteur du ciment en zone Cemac est porté par Cimencam, Cimaf, Dangote Cement depuis longtemps, il était question de faire le suivi et planifier une harmonisation du marché»,  survole l’un de nos interlocuteurs. En tout cas, le propos suggère la correspondance signée le 10 mai 2022 par le Mincommerce. L’une des grandes lignes de ladite missive demandait aux sociétés de production de ciment «d’examiner avec diligence dans quelle mesure (…) la production et la demande ne pourraient pas être compensées, à titre provisoire, par des importations d’appoint».

D’autres indiscrétions signalent des grommellements des cimentiers portés à l’attention du Mincommerce et relatifs à l’invasion du marché par d’autres opérateurs. «Longtemps le fait d’une poignée d’opérateurs, le secteur a connu sur la dernière décennie, l’arrivée de nouveaux investisseurs, en réponse à une demande croissante liée aux grands projets structurants engagés (au Cameroun et au Gabon notamment), ainsi qu’à la montée en puissance des constructions de logements privés, face à une croissance urbaine importante, et favorisée par les interdictions d’importations mises en place notamment au Cameroun», indique une note du service économique pour l’Afrique centrale du ministère français de l’Économie, publiée le 9 juin 2021. À en croire ce document, de manière spécifique, Cimencam (groupe Lafarge) qui a longtemps été l’unique opérateur dans le secteur au Cameroun a ainsi été rejoint à partir de 2014, par Cimaf (Maroc), Dangote Cement (Nigéria), Medcem (Turquie), puis par Mira Company (Cameroun).

«Dans le même timing, le groupe Cimaf s’est également installé au Congo et au Gabon, où il a racheté 75 % des parts de Ciments du Gabon, au groupe allemand, HeideLe Cameroun représente la moitié de cette capacité, soit environ 5 millions de tonnes par an, pour une demande annuelle estimée à 3 millions de tonnes. Une partie de la production est donc exportée vers les autres pays de la sous-région, notamment et principalement vers la RCA qui ne dispose d’aucune cimenterie. Au Tchad, où le Cameroun exportait auparavant, le ciment camerounais a progressivement disparu du marché depuis l’arrivée de Cimaf. Au Congo, d’importantes capacités de production sont installées, Dangote en tête, à côté de Cimaf, l’indien Diamond Ciment, et les chinois SONOCC et FORSPAK», appuie le service économique pour l’Afrique centrale du ministère français de l’Économie.

Jean-René Meva’a Amougou

 

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