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Revalorisation du Smig: le gouvernement joue la carte de la prudence

Assis sur un coussin de «précaution», il se donne trois semaines pour reprendre les discussions avec les organisations patronales et les syndicats

Un Smig (Salaire minimum interprofessionnel garanti) majoré de quelques sous, il va falloir encore attendre. Pour l’instant, il s’élève à 36 270 FCFA. C’est ce qu’on retient de la réunion tenue au ministère du Travail et de la Sécurité sociale (MINTSS) le 16 juin dernier à Yaoundé. Gouvernement, organisations patronales et syndicats n’ont pas trouvé de point d’accord au cours de ce conclave dédié à la revalorisation du Smig.

Flop au bec
Venu avec plusieurs propositions, Abraham Baboule, président de la Confédération Syndicale des Travailleurs du Cameroun (CSTC), a pourtant misé sur le contexte actuel de la vie chère pour faire valider une substantielle augmentation. Sur cette lancée, plusieurs centrales syndicales ont formulé des propositions pour un nouveau Smig de 82 000 francs pour certaines, 100 000 francs pour d’autres, et 104 737 francs CFA pour la plateforme des huit centrales syndicales qui constituent la CAWOF (Cameroon Workers Forum). L’union des syndicats producteurs agricoles (l’USPAC) milite pour un Smig de 40 625 FCFA. La CSP (Centrale syndicale du secteur public) de Jean Marc Bikoko propose 100 000 FCFA.

Du côté du patronat, les offres pour le nouveau Smig sont aussi multiples: elles vont de 40 000 à 100.000 francs CFA. Selon des syndicalistes, une augmentation du Smig serait un signal fort pour une revalorisation générale des salaires qui sont restés trop bas au Cameroun depuis la double baisse d’il y a bientôt trente ans.

Prudence
«C’est justement ce qu’on évite», murmure un cadre du MINTSS ayant pris part aux discussions. Selon lui, le gouvernement est déjà essoré par une trésorerie au rouge. «Ce seul point ne permet pas de procéder à des augmentations qui pourraient accélérer un effet d’entraînement dans le secteur public par exemple», dit-il. À bien comprendre, c’est parce que le contexte actuel combine des incertitudes budgétaires et l’éventualité de dangers graves sur les finances publiques que l’État a choisi de «temporiser» les ardeurs de ses interlocuteurs. «D’où l’option de la prudence sur le principe de précaution», argumente notre source.

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L’on se rappelle pourtant que, face à la presse en marge de la célébration de la 136e Journée internationale du travail, le 1er mai dernier, le ministre Grégoire Owona avait déclaré que des négociations étaient en cours entre le gouvernement et le patronat, en vue d’une nouvelle augmentation. Sauf que le 16 juin dernier, les propositions des syndicalistes et autres ont semblé avoir pris de court les pouvoirs publics. Pour contourner la situation, Grégoire Owona a évité une revalorisation «à chaud» du Smig. Le MINTSS s’est juste emparé de plusieurs thématiques. Lesquelles lui ont permis d’afficher sa volonté de «casser les tabous» et célébrer la bonne foi du gouvernement. Rendez-vous dans 3 semaines.

Jean René Meva’a Amougou

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