Gestion de la frontière commune Cameroun-RCA: en quête d’un dispositif permanent

La Commission mixte des frontières à mettre en place, devrait avoir pour socle l’aboutissement du processus de délimitation et de démarcation souhaité par l’UA et la CEEAC. Son cahier des charges devrait intégrer entre autres la lutte coordonnée contre l’insécurité transfrontalière.

Après une hibernation longue de 12 années, la coopération Cameroun-République Centrafricaine (RCA) en matière de frontière reprend du service. C’est à la faveur de la tenue du 12 au 16 juin 2022 à Yaoundé, de la deuxième session de la Commission mixte permanente de sécurité transfrontalière et de la cinquième session de la Commission ad hoc des frontières entre les deux pays.

La cérémonie d’ouverture des travaux était co-présidée lundi dernier par le ministre camerounais de l’Administration territoriale et son homologue centrafricain de l’Administration du territoire, de la Décentralisation et du Développement local. L’occasion pour Paul Atanga Nji et Bruno Yapandé d’exprimer le souhait de «mettre en place un dispositif permanent et de coordonner nos efforts, en vue de lutter efficacement contre les phénomènes qui constituent une menace grave pour la sécurité de nos deux États respectifs».

Il apparaît en effet nécessaire aux autorités des deux pays d’améliorer la gouvernance de la frontière commune. C’est la raison pour laquelle du côté du Cameroun, on espère «une réforme du cadre juridique et institutionnel de la coopération entre les deux États». «Une réflexion devra être menée en vue de négocier un instrument juridique bilatéral, mettant en place une commission mixte des frontières entre nos deux pays», a insisté Paul Atanga Nji dans son discours d’ouverture des travaux des experts. Le gouvernement centrafricain s’est également dit au travers de Bruno Yapandé, disposé à «saisir cette opportunité pour rechercher et proposer des solutions concrètes et consensuelles liées à nos frontières communes».

Objectifs

La Commission mixte permanente de sécurité transfrontalière et la Commission ad hoc des frontières constituent déjà deux cadres juridiques importants. Elles visent entre autres à «intensifier la coopération entre nos deux pays en matière de sécurité transfrontalière, de démarcation et de réaffirmation de la frontière commune dans l’intérêt bien compris de nos populations». À en croire Paul Atanga Nji, les travaux de Yaoundé ont dès lors aussi vocation à permettre aux experts des deux pays de «proposer des feuilles de route réalistes qui répondront aux attentes des plus hautes autorités».

Lesdits experts ont ainsi la lourde tâche depuis lundi dernier, d’élaborer à l’intention des «deux chefs d’État, des propositions de mesures susceptibles de combattre avec détermination l’insécurité transfrontalière; des mesures dont la mise en œuvre pourrait permettre d’éradiquer ce fléau ou à tout le moins le réduire à sa plus simple expression», ont encore fait valoir les deux autorités.

Au rang des menaces alors identifiées, le Minat fait figurer «la criminalité transfrontalière caractérisée par la multiplication des actes de grand banditisme, l’infiltration des bandes armées, le trafic d’armes, les incidents à répétition liés aux incompréhensions, le braconnage des espèces fauniques, l’exploitation illicite des ressources naturelles, etc.».

D’après Bruno Yapandé, cet état de choses résulte surtout de ce que «les frontières mal définies sont souvent sujettes à des situations conflictuelles et constituent un risque pour la paix et la sécurité, et une entrave à l’intégration régionale, à l’essor économique et au développement de nos États». Le ministre centrafricain attend dès lors aussi des travaux en cours qu’ils permettent, «d’évaluer le niveau de mise en œuvre des recommandations issues de la réunion de Bertoua de février 2010, et de revoir le chronogramme des activités qui avaient été arrêtées».

UA-CEEAC

Les deux sessions de Yaoundé se tiennent aussi au moment où «l’Union africaine (UA) et la CEEAC demandent de considérer les programmes frontières comme des modalités de prévention des conflits». C’est la raison pour laquelle pour le Minat, «il faudrait que les présentes assises permettent d’adopter un programme d’activités du Comité ad hoc des frontières qui tienne compte des trois axes du Programme frontières de la CEEAC dont le Cameroun constitue un pays pilote».

Il s’agit précisément selon Paul Atanga Nji, «de la délimitation et la démarcation des frontières, de la promotion et la coopération transfrontalière et du renforcement des capacités des acteurs intervenant dans les activités aux frontières». D’où l’espoir partagé par les différentes autorités présentes de pouvoir continuer à bénéficier du soutien et de l’appui multiforme de la Coopération allemande à travers notamment la GIZ.

De son côté, le ministre centrafricain a également indiqué la grande disposition de son pays à œuvrer à la concrétisation de la vision de ces deux institutions continentale et régionale. «Le gouvernement centrafricain, très respectueux des valeurs édictées par la résolution N0 5441 du 21 juillet 1954, ne ménagera aucun effort afin d’atteindre les objectifs consignés dans la déclaration sur le programme frontières et les modalités de sa mise en œuvre adoptées par la deuxième conférence des ministres africains chargés des questions des frontières réunis à Addis-Abeba, le 25 mars 2020», a notamment fait savoir Bruno Yapandé.

Théodore Ayissi Ayissi

 

 

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