Pr Daniel Ona Ondo: «Nous allons organiser les états généraux de la Commission de la Cémac»

Le Président de la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale explique les tenants et les aboutissants de cette forte annonce au sortir de la réunion de cabinet du mardi 14 juin 2022.

Journal Intégration:  Président, quel était l’objet de la réunion de cabinet du mardi 14 juin au siège provisoire de la Commission à Malabo ?

Pr Daniel Ona Ondo: La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) est très mal perçue à l’extérieur. J’ajouterai qu’elle n’est pas perçue du tout. Nous avons tenu ce mardi 14 juin 2022 une réunion de cabinet qui n’est pas une réunion de décision. Elle permet de préparer, entre autres, l’audience suivie d’une séance de travail avec M. le Conseiller au Cabinet Royal d’Arabie Saoudite et sa (forte) délégation. En effet, nous recevons ce mercredi 15 juin 2022 un invité de marque en provenance d’Arabie Saoudite. Il était bon qu’on accorde les violons, notamment sur l’état des préparatifs de cette réunion. Nous avons travaillé à répondre aux questions : comment les recevoir et que viennent-ils exactement faire ?

Par ailleurs, nous allons avoir la réunion du Collège de commissaires  (organe délibérant qui prend des décisions) la semaine prochaine. A ce sujet, nous avons fait le point des dossiers en cours, en l’occurrence sur la libre circulation des personnes et des biens. Aujourd’hui, nous avons fait un pas. Le Gabon a signé l’accord déjà mis en place un passeport biométrique Cemac. Maintenant, il faut créer des postes frontières, il faut arrêter des contrôles inopinés sur les  corridors…  C’est un travail de longue haleine ; Paris ne s’est pas construit en un jour, l’Afrique centrale ne se fera pas en un jour.

Nous venons d’organiser à Libreville la réunion des ministres des eaux et forêts. Cette réunion a acté la décision que nous avons prises de faire en sorte qu’au 1er janvier 2023, l’on ne  puisse plus exporter les grumes à l’état brut. Je dois dire que le Gabon est pionnier dans cette procédure. La Communauté a un exemple à suivre en matière d’industrialisation de la filière bois.

Voilà grosso modo l’ensemble de dossiers à proposer au Collège des commissaires. A l’occasion, il leur sera proposé de faire les états généraux de notre Commission.

 Pourquoi les états généraux de la Commission?

Je suis à la fin de mon mandat, avec  l’expérience et les  problèmes que j’ai eus,  il faut que je laisse des dossiers bien ficelés à mon remplaçant.  Mon successeur trouvera les problèmes bien identifiés. Il pourra par conséquent se projeter dans l’avenir avec une bonne connaissance des jeux et enjeux de chaque dossier.

 Vous aviez parlé voici quelques semaines du syndrome de fin de mandat. Est-ce que votre équipe est déterminée à laisser une Commission en ordre de travail ?

Je ne peux pas sonder des cœurs. J’ai des gens autour de moi qui travaillent. Tout le monde ne travaille pas, je ne ferai pas la politique d’autruche.  Même avec la nouvelle équipe, les tricheurs et les malins ne travailleront pas. Malheureusement, c’est une maladie de la Cemac.

Pour le syndrome de fin de mandat, je ne le sens pas en tant que tel. Je suis toujours au travail, jusqu’à la fin de mon  mandat qui se termine en début novembre prochain. Je peux vous garantir que jusqu’à la fin de ce mandat, je serai toujours à l’ouvrage. Je voudrai laisser  la maison en état en marche. J’ai eu la malchance, quand j’ai pris le mandat, de ne  pas avoir de passation de service. Et ça a été préjudiciable.  J’ai mis du temps à prendre la maison en main, maintenant on ne me roule plus, parce que je sais à quoi m’en  tenir.  Je ne voudrai pas que mon successeur subisse les mêmes difficultés. Il faut éviter que l’intérêt privé nuise à l’intérêt général. Je travaille pour l’intérêt de la Communauté.

 Est-ce que vous confirmez que le 1er janvier 2023, c’est le fin des exportations des   grumes ?

C’est la conférence des ministres qui décide. Nous faisons un travail préparatoire. Nous allons tout faire pour présenter les dossiers à cette réunion. Si les ministres peuvent déjà acter cette décision, c’est parce qu’il y a des  textes déjà approuvés. En principe, ça doit être acté  dans les budgets qui sont en préparation dans les Etats. Il y a un surcoût important pour les Etats, avec moins de  recettes fiscales. Donc, il faudrait trouver des méthodes et des mesures compensatrices du manque-à- gagner.

 Vous confirmez aujourd’hui que les déplacements en zone Cemac ne requièrent plus de visa pour les citoyens de la Communauté?

On n’a plus besoin de visa dans la zone Cemac ; mais les gens ne le savent pas. Il y a des difficultés qui sont celles d’application des hommes.

En  ce qui concerne la libre circulation, qu’est-ce que vous faites pour lever les blocages ?

Il n’y a pas de blocages en tant que tel. Ce sont des comportements négatifs le long des corridors qui font problème. J’ai fait  la semaine dernière la route Douala-Yaoundé, Yaoundé-Oyem et Oyem-Libreville. Pour tous ces voyages en voiture, il y a trop de barrages. Il faudrait qu’on lève les tarifs et  ses barrages qui sont bloquants pour le commerce. C’est une honte pour la sous-région que le commerce interafricain soit de 4% dans la zone Cemac. L’intégration est la voie royale pour mettre un terme à cela. Pour ça, il faut que les commerçants puissent circuler librement, dans le respect de la réglementation en vigueur, car nous sommes dans des pays organisés. Faudrait que la police puisse contrôler les gens qui circulent.

Propos recueillis par Thierry Ndong Owona

Envoyé spécial Malabo

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *